Historique
Avec 1325 km de long, le Rhin est le plus long fleuve d’Europe occidentale. Jusqu’au XIXe siècle, il était un fleuve tumultueux et sauvage, avec de nombreux bras divaguant sur plusieurs kilomètres de large, bordés d’une ripisylve luxuriante. Il abritait une biodiversité exceptionnelle. Pour protéger des plus grandes crues les villages voisins et les cultures, des travaux d’aménagement ont commencé à la fin du XVIIIe siècle et n’ont jamais cessé depuis : rectification du fleuve, régularisation, endiguement, canalisation, réalisation d’usines-barrages, assèchement des marais, etc.
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Situation actuelle
L’ensemble de ces aménagements, achevés à la fin du XXe siècle, ont entraîné de sérieux problèmes hydrologiques (érosion accrue du lit du fleuve à certains endroits, amplification des ondes de crue et accélération de leur vitesse de propagation,…). Ils ont également profondément bouleversé les biotopes rhénans (assèchement généralisé, disparition de la dynamique naturelle, destruction de milieux). Malgré des travaux bénéfiques à certaines espèces ou l’apparition de biotopes de substitution, les oiseaux ont été fortement touchés par ces transformations radicales : disparition pure et simple de certaines espèces, raréfaction d’autres,…
Face à la prise de conscience de ces différents problèmes, des programmes récents de reconquête de la fonctionnalité des zones alluviales du Rhin ont été mis en place ces dernières années.
Deux « polders » ont ainsi été créés à Fort-Louis et Erstein, dans le but de retenir d’importants volumes d’eau et d'atténuer ainsi les effets des crues les plus fortes sur les populations riveraines situées plus en aval. Ils concourent également à rétablir des inondations écologiques favorables à l’écosystème alluvial typique des bords du Rhin.
Les milieux rhénans ont bénéficié d'un programme Life Nature jusqu'en 2008.
Actuellement deux programmes "INTERREG" sont en cours, l'un dans le sud de la région et l'autre dans le nord. Ils ont également pour objet une meilleure fonctionnalité et une renaturation de la bande rhénane.
Alsace Nature et la LPO s’engagent
C’est au cours des années 1990 que les associations de protection de la nature alsaciennes, en particulier le Conservatoire des Sites Alsaciens et Alsace Nature, proposent un ambitieux programme de restauration du Rhin et de ses milieux alluviaux. Celui-ci n’est pas accepté tel quel par les décideurs. Mais après discussions et négociations, un nouveau programme est monté. Porté par la Région Alsace, en partenariat avec les associations de protection de la nature, les collectivités locales et l’Etat, il est lancé en 2002, sous l’intitulé "Rhin Vivant" (conservation et restauration des habitats naturels de la bande rhénane), dans le cadre du projet de l'Union Européenne LIFE Nature.
Le projet concerne près de 16 000 ha et bénéficie d’un financement de 6,2 M€ (dont 45% venant de l'Union Européenne). La maîtrise d’ouvrage est assurée par la Région Alsace et le projet regroupe un ensemble de partenaires : UE, DIREN, Conseils Généraux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, Service de la Navigation de Strasbourg, Office National des Forêts, Conservatoire des Sites Alsaciens, Association Régionale pour l’Initiation de l’Environnement et à la Nature en Alsace (ARIENA), l’Agence de l’eau Rhin-Meuse, Alsace Nature et les communes concernées.
La LPO intervient quant à elle pour son expertise avifaunistique et ses compétences dans le domaine de la sensibilisation du public. Voici les principales actions entreprises.
Travaux de remise en eau
La reconnexion des anciens bras du Rhin avec le fleuve est en cours ou déjà achevée sur certaines zones. Ces travaux de remise en eau ont pour but de réactiver les anciens bras, afin de leur redonner vie, ainsi qu’aux forêts qui les entourent. Il s’agit en outre de faciliter l’écoulement de l’eau en supprimant les bouchons vaseux et certains arbres tombés. Ces travaux, bien circonscrits, sont réalisés en accord avec les communes concernées et ne porteront pas préjudice aux populations riveraines.
Gestion pour conserver les pelouses à orchidées
Cette gestion comporte deux types de travaux :
- des opérations de restauration par débroussaillage, pour agrandir les surfaces des pelouses et éliminer les plantes introduites par l’homme,
- des opérations de maintien des pelouses existantes, par fauche et coupe sélective d’arbres.
Coupes d’arbres
Ces travaux consistent à éliminer certains arbres introduits par l’homme dans les forêts du Rhin, mais qui n’y poussent pas naturellement (par exemple, les robiniers, les peupliers hybrides et les pins).
Aménagements touristiques et pédagogiques
Des circuits de découverte et des panneaux d’information conduisent le visiteur à prendre conscience de l’intérêt et de la valeur des sites. Ils lui permettent de comprendre l’histoire du Rhin, les richesses naturelles et culturelles et les effets de la renaturation du fleuve. Les caractéristiques locales de chaque circuit sont mises en valeur.
Et encore de nombreuses actions !
Des études scientifiques et naturalistes (cartographie, étude historique, étude de répartition d’espèces d’arbres typiques des bords du Rhin, carte des obstacles à la libre circulation du saumon, du chabot, de la lamproie et du castor, etc.) sont entreprises pour permettre de mieux connaître les milieux menacés, afin de favoriser leur conservation et leur restauration. Un guide de présentation est proposé aux habitants, au personnel des entreprises implantées localement et aux habitués des bords du Rhin. Il fait découvrir à tous les particularités écologiques des bords du fleuve et les espèces qui y vivent . Les élèves et les enseignants des communes de la bande rhénane bénéficient d’animations pédagogiques dans les classes.
Un bel exemple de programme ambitieux au service de la protection de la nature !
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