Réputée quasiment disparue en Alsace en tant qu’espèce nicheuse, la bergeronnette printanière, petit passereau originellement typique des prairies en pâturage extensif, est redécouverte dans la région, dans des zones de cultures. Prévenu par un bénévole de la LPO, un agriculteur a accepté de contourner un nid pour préserver la nidification.

 

 

 

Jusqu'au début de XXe siècle, la bergeronnette printanière était un oiseau nicheur répandu dans les prairies humides de la plaine d’Alsace et à l'entrée des vallées vosgiennes. Les pâturages étaient particulièrement appréciés ; ils offraient en effet des zones rases propices à l’alimentation et la végétation délaissée par le bétail servait à dissimuler le nid. Mais une diminution des effectifs a été constatée dès les années 1920. L'abandon des activités pastorales dans les rieds, la transformation progressive des pâturages extensifs en prairies de fauche intensives et la conversion de nombreux herbages en champs de maïs ont ensuite pratiquement eu raison de l'espèce. Tout au plus 5 couples nichaient encore dans les années 1980, dans des friches ou des prairies particulièrement humides. Dans les années 1990, la situation s’était encore dégradée, puisque l’espèce avait quasiment disparu de la région en tant que nicheur.

 

Un nid au coeur d'un champ de pommes de terre - Photo Jean-Pierre HissUn nid au coeur d'un champ de pommes de terre - Photo Jean-Pierre HissLes oiseaux ont dû toutefois réussir à s’adapter progressivement à leur nouvel environnement, puisque le nombre de couples nicheurs repérés ne cesse de croître. L’enquête des oiseaux nicheurs lancée en 2006 a ainsi permis de compter 10 à 20 nids entre 2010 et 2013. Les principaux secteurs fréquentés se situent en Alsace Bossue, dans le Kochersberg, dans les cultures le long du ried de la Zorn ou à proximité du Bruch de l’Andlau (aucun couple n’a été trouvé dans le Haut-Rhin). L’espèce niche désormais dans les milieux cultivés : les champs de colza, de choux et de betteraves sucrières sont parfois utilisés, mais elle semble préférer les champs de blé, de fraises ou de pommes de terre.

 

C’est dans ce dernier milieu qu’un bénévole de la LPO, Jean-Pierre Hiss, a récemment découvert un nid de bergeronnette printanière. Il a de suite prévenu l’agriculteur, qui a été sensible à la rareté de l’espèce et a accepté de ne pas récolter les pommes de terre autour du nid jusqu’à l’émancipation des jeunes. Un échec de la nidification a malheureusement été constaté sur ce nid, mais la LPO se réjouit malgré tout de la bonne volonté de cet agriculteur. Ce type de collaboration est exemplaire et est une des clés du succès pour la protection des espèces typiques des champs cultivés, lesquelles nichent toutes au sol.

 

La LPO Alsace remercie chaleureusement Jean-Pierre Hiss pour son expertise et ses démarches auprès de l’agriculteur, ainsi que ce dernier pour sa compréhension.

 

En médaillon : bergeronnette printanière - Photo Eric Brunissen