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C’est malheureusement sans surprise que le bilan 2019 du suivi du courlis cendré montre des effectifs encore en baisse. 14 couples ont été dénombrés cette année, avec seulement 5 nidifications avérées, et une probable.

Une opération de protection a été mise en place par la LPO afin de permettre à ces couples de réussir leur nidification. Elle a consisté en une recherche et un suivi fin des couples nicheurs, ainsi qu'une protection des nids : la mise en place d’un périmètre de sécurité électrifié avait pour but de limiter la prédation et la destruction par fauche des œufs.

Mise en place de filets de protection autour d'un nid - Photo Emilie HartwegMise en place de filets de protection autour d'un nid - Photo Emilie HartwegTrois nids ont nécessité la mise en place de filets de protection, posés, suivis et entretenus grâce notamment à des bénévoles de la LPO, ce qui leur a demandé un investissement important. L’objectif initial de ce dispositif a été rempli, du moins en ce qui concerne l'éclosion. En effet, sur 2 des 3 sites protégés, la première fauche de la parcelle a coïncidé avec la date d’éclosion des œufs. Ainsi, sans la présence du filet, la faucheuse les aurait détruits au moment même de la naissance des poussins.

Au total, 12 œufs issus de 3 couples sont arrivés à éclosion sur l'ensemble de la région. Auxquels il faut ajouter un 4e couple, dont le comportement semblait indiquer des jeunes, mais sans certitude.

Le dispositif a donc permis la naissance des poussins, mais montre ses limites dès que ceux-ci ont atteint l’âge de quelques jours. Ils suivent alors leurs parents sur la prairie pour s'alimenter, et sortent rapidement du périmètre sécurisé restreint, de sorte que ce dernier ne les protège plus d'une prédation ou d'une fauche éventuelle.

Un nid de courlis - Photo Emilie HartwegUn nid de courlis - Photo Emilie HartwegC’est ce qui a été observé sur un des sites, où les 4 poussins ont rapidement disparu dès leur sortie du périmètre de protection, probablement en raison d’une prédation. Par ailleurs, sur un autre site, 2 poussins d'une quinzaine de jours n’ont échappé au passage de la faucheuse que grâce à la coopération de l’agriculteur exploitant la parcelle. Celui-ci a réalisé une fauche lente, guidée par une salariée et un bénévole de la LPO. Il a donc été possible de laisser le temps aux poussins d’échapper de justesse à l’engin agricole. Ils ont malheureusement disparu par la suite.

Ces situations reflètent la complexité d’un tel protocole nécessitant des moyens humains et financiers conséquents (suivi, achat / installation / entretien des filets, surveillance, contacts permanents avec les agriculteurs, …). De plus, permettre l’éclosion des œufs ne garantit pas l’envol des jeunes, car ils restent soumis aux risques de destruction par la fauche ou la prédation et leur survie est aussi dépendante d'autres facteurs (météorologie, dérangement humain, qualité de la végétation…).

Le bilan de cette opération est donc au final très mitigé. La plupart des poussins qui ont vu le jour ne sont pas arrivés à l'envol. Seul un couple a peut-être pu mener sa reproduction à terme. Pour plus d'efficacité, il faudrait des moyens plus conséquents pour pouvoir mettre en place un périmètre de sécurité plus grand, et agir en parallèle sur la qualité des milieux.