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Présentation de l’espèce

Vol typique du héron - Photo Pierre MatzkeVol typique du héron - Photo Pierre MatzkeLe héron cendré fait partie des grands échassiers, dotés de longues pattes pour pouvoir atteindre la nourriture benthique ou enfouie dans la vase. Il appartient à la famille des ardéidés, qui se distinguent notamment des autres échassiers (tels que la cigogne, l’ibis, le flamant ou la grue) par le fait qu’ils rentrent leur cou quand ils volent.

Facilement identifiable, le héron cendré est très grand et majestueux quand il est dressé (près d’un mètre de haut), l’adulte a un beau plumage gris, un cou blanc et une poitrine tâchée de noir. En vol, les ailes sont très amples, le cou est replié et les longues pattes dépassent à l’arrière du corps.

On peut l’observer dans toutes les zones humides (marais, cours d'eau, étangs ...) qu’il s’agisse d'eau douce, saumâtre ou salée, dormante ou courante, du moment quelle est peu profonde. Il peut aussi fréquenter les forêts à proximité de l’eau, pour se percher dans les arbres. A la fin de l’été et en hiver, il est moins strictement lié au milieu aquatique : il fréquente alors volontiers les champs et les prés à la recherche de micromammifères.

Prédateur, le héron cendré se nourrit essentiellement de poissons, dont il capture avant tout les sujets déficients ou vivant près de la surface, jouant par là-même un rôle sélectif et régulateur, primordial pour les équilibres naturels. Mais comme il est très opportuniste, il se nourrit aussi de petits mammifères (rongeurs, musaraignes, taupes...), de batraciens, d'insectes, de crustacés, de mollusques, de vers et de reptiles


Statut juridique

L’espèce est intégralement protégée sur l’ensemble du territoire national par l'arrêté ministériel du 29 octobre 2009 (abrogation de l’arrêté ministériel modifié du 17 avril 1981). La protection de l’habitat est dorénavant prise en compte dans son article 3-II : « Sont interdites … la destruction, l’altération ou la dégradation des sites de reproduction et des aires de repos des animaux. Ces interdictions s’appliquent aux éléments physiques ou biologiques réputés nécessaires à la reproduction ou au repos de l’espèce considérée … ». Le nouvel arrêté du 29 octobre 2009 assure également la protection de son habitat.


Evolution des effectifs

En 2007, on recensait un peu plus de 1100 couples de hérons cendrés en Alsace. La bordure rhénane abrite la moitié des effectifs et le Sundgau, le quart. Les autres héronnières sont réparties dans le reste de la plaine entre Brumath et Colmar et en très petit nombre (moins de 1%) dans les Vosges du Nord. En hiver et lors des périodes de migration, que ce soit au printemps ou en automne, le héron est plus largement réparti : on le trouve dans l’ensemble de la plaine et dans la plupart des vallées vosgiennes, isolé ou en petits groupes, le long des cours d’eau, autour des plans d’eau, dans les inondations, les prés et les champs. Ses effectifs sont très variables d’un hiver à l’autre, selon les rigueurs climatiques.


Facteurs de menace

Le héron cendré se nourrit aussi de rongeurs - Photo Fabrice RoubertLe héron cendré se nourrit aussi de rongeurs - Photo Fabrice RoubertLe héron cendré n’a pas de réel prédateur à part l’homme. Même les faucons pèlerins ou les pygargues ne le chassent qu’exceptionnellement. Les principales causes de mortalité sont les conditions météorologiques, et notamment le froid en hiver, qui peut réduire l’effectif des colonies de 50% au printemps suivant.

Tout comme pour les rapaces, la qualification de « nuisible » a été appliquée aux hérons et a motivé des destructions systématiques. Du fait que ces oiseaux capturent des poissons, on concluait sans discrimination que tous étaient des ennemis de la pêche et de la pisciculture, donc de l’homme, et que leur extermination s’imposait. Aussi, alors qu’il était un nicheur assez répandu dans la plaine du Rhin jusqu’au milieu du XIXe siècle, le héron a vu ses effectifs diminuer quasiment jusqu’à l’extinction en Alsace, ainsi que sur le reste du territoire national. Il faudra attendre une réelle prise de conscience publique de son utilité pour aboutir à sa protection intégrale en 1975 et voir sa population reprendre de l’essor.

Aujourd’hui, le héron ne peut plus faire l’objet de destruction directe, mais des menaces continuent de peser sur l’espèce. D’une part, il reste en effet incriminé par de nombreux pêcheurs comme étant un concurrent ou par les propriétaires des piscicultures où le héron peut facilement trouver nourriture. Heureusement, il existe des moyens pour l’en empêcher, le plus souvent applicables et peu onéreux. D’autre part, la destruction de certaines parties de son habitat, notamment l'abattage des arbres et les dérangements humains, peuvent compromettre sa nidification.

 


Etudes et protection

La LPO Alsace assure le recensement et le suivi des héronnières sur l’ensemble de la région depuis plusieurs dizaines d’années et un inventaire décennal est réalisé dans le cadre du comptage national organisé par la LPO France. La connaissance de l’évolution et de la dynamique de l’espèce ainsi que sa répartition géographique sont en effet essentielles, notamment pour pouvoir débattre avec le monde de la pêche.

Dans le meilleur des cas, la LPO intervient ainsi régulièrement pour conseiller des propriétaires d’étangs ou de mares pour minimiser l’impact de la capture de poissons par le héron. Des systèmes d’effarouchement sont alors proposés.

Dans le pire des cas, le héron cendré faisant encore l’objet de destructions intentionnelles malgré son statut d’espèce protégée, le LPO Alsace intervient pour faire condamner les auteurs de ces actes illicites, en portant plainte et se constituant partie civile.

Héronnière au zoo de Mulhouse - Photo Marc SolariHéronnière au zoo de Mulhouse - Photo Marc Solari
Par ailleurs, grâce à la connaissance de la localisation des héronnières, la LPO peut informer les gestionnaires forestiers et plus particulièrement l’Office National des Forêts de la présence des nids afin d’éviter l’abattage des arbres en réalisation des travaux forestiers aux alentours des sites de nidification.

 

De façon plus formelle, la LPO Alsace est partenaire dans certaines opérations spécifiques de protection d’espèces d’oiseaux prédatrices de poissons ; avec le GORNA*, elle est ainsi intervenue auprès de la  pisciculture Kirscher à Sparsbach, où elle a monté un dossier de prise en charge d’installations non dangereuses pour les hérons, les grands cormorans et les balbuzards pêcheurs. Elle a également signé une convention avec le zoo de Mulhouse, où s’est établie une vaste héronnière, afin d’en suivre les effectifs et de sensibiliser le grand public sur l’espèce.

 

*Groupement Ornithologique du Refuge Nord Alsace