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Présentation de l’espèce

Appelé aussi merle d’eau, le cincle se distingue néanmoins du merle par sa forme trapue, sa queue courte souvent redressée ainsi que sa bavette blanche. Sa tête et son ventre sont brun foncé tandis que son dos, ses ailes, son croupion et sa queue sont d’un gris ardoise.

Les ruisseaux rapides et les rivières vosgiennes à eau claire sur fond rocheux ou sablonneux, offrant sur les rives des possibilités de cache et de nidification (par exemple entre les racines des arbres et dans les creux des rochers), constituent son habitat idéal. Il y demeure en principe toute l’année ; en hiver toutefois, certains individus se déplacent vers la plaine, le long des cours d’eau qui ne gèlent pas.Photo Jean-Marc BronnerPhoto Jean-Marc Bronner

Toute l’activité du cincle se déroule dans l’eau ou à proximité. Il y cherche sa nourriture et son nid se trouve toujours près de l’eau, souvent accroché sous la voûte des vieux ponts de pierre ou bien, appliqué à un rocher abrupt. Le cas le plus extraordinaire est celui d’un nid situé derrière une cascade. Le va-et-vient des cincles traversant le rideau liquide pour aller nourrir leur nichée est un spectacle fascinant.

 

Le cincle mérite bien son qualificatif de «plongeur» car il est le seul passereau capable de plonger et de se déplacer au fond de l’eau, à la recherche de sa nourriture constituée essentiellement de vers, de crustacés, d’insectes aquatiques et de larves. La durée de plongée varie de 5 à 10 secondes mais, curieusement, le cincle plongeur a toujours l’air sec. Les gouttelettes d’eau glissent sur son plumage sans jamais le mouiller. Le secret de cette imperméabilité se cache sur le croupion de l’oiseau où se trouve une glande graisseuse qui produit une sécrétion dont l’oiseau s’enduit régulièrement les plumes. De plus, son plumage est très serré et retient ainsi une fine pellicule d’air qu’on voit briller par moments autour de son corps.

C’est au cours de l’hiver que débutent les manifestations amoureuses des cincles. Les couples se forment et délimitent un territoire comprenant 0,5 à 1 km de rivière.

La construction du nid par les deux parents commence ensuite, à moins que ne soit repris un nid de l’an passé. Il a la forme d’une boule sphérique, volumineuse, fermée de tous les côtés, ne comportant qu’une entrée latérale. Les parois sont épaisses et garnies de mousses et de brindilles à l’extérieur, de feuilles sèches à l’intérieur.


Statut juridique et liste rouge.

Le cincle plongeur est strictement protégé au regard de la loi du 10/7/1976. Il est classé «A surveiller» dans la Liste Rouge des espèces nicheuses d’Alsace.

 

Population et facteurs de menace

Photo Nicolas BuhrelPhoto Nicolas Buhrel En Alsace, le cincle plongeur est présent sur tous les cours d’eau de montagne. Sa densité dépend de la qualité des eaux et du profil de la rivière. Les ruisseaux ne sont pas occupés en période de reproduction. La population totale n’est pas connue.

Dans les Vosges du Nord, un dénombrement effectué entre 1993 et 1994 a permis de localiser une trentaine de couples nicheurs, avec une densité maximale de 7 couples sur 12 km le long du Schwartzbach. Sur les versants du Champ du Feu (700 km2), un suivi effectué entre 2000 et 2004 a permis d'estimer une population nicheuse comprise entre 67 et 101 couples. En 2010, les derniers chiffres mettent en évidence la présence de 55 couples sur 70 sites suivis. Ceux-ci indiquent une régression régulière des effectifs depuis 2005. La pollution de l’eau, l’endiguement des rivières et le remplacement progressif des vieux ponts en pierre par des ponts en béton aux parois lisses, offrent de moins en moins de conditions de vie favorables aux cincles et la pose de nichoirs s'avère désormais indispensable pour endiguer cette baisse.

 

Etudes et protection

Dans les années 1994 à 1996, la LPO Alsace s’est inquiétée de la disparition d’un certain nombre de sites de nidification de cette espèce, essentiellement localisée aux eaux torrentielles et vives de la région. Pour pallier à cette crise du logement, due notamment à la réfection des vieux ponts de pierres, la LPO a mis en place, en partenariat avec le Conseil Général du Bas-Rhin et l’Agence de l’eau, une centaine de sites de reproduction artificiels sur l’ensemble des versants du Champ du feu (du Giessen jusqu’à la Bruche). D’autres sites ont été équipés de nichoirs dans le Haut-Rhin.

Depuis plusieurs années, un suivi de la reproduction et de la dispersion du cincle plongeur est réalisé à travers un programme de baguage par des bénévoles de la LPO, toujours dans le massif du Champ du feu, en collaboration avec le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris et avec le soutien financier du Conseil Général du Bas-Rhin et de l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse: un article publié en 2007 par Robert Fohr, responsable de ce programme, dans la revue Ciconia n° 31-Fascicule 1 précise la répartition et l'abondance du cincle plongeur dans ce secteur.