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Présentation de l’espèce

Mâle - Photo Jean-Marc BronnerMâle - Photo Jean-Marc BronnerLe tarier pâtre est un passereau de petite taille, à peine plus grand qu’une mésange bleue. Le mâle se reconnaît facilement à sa tête entièrement noire avec une tache blanche sur les côtés du cou et à sa poitrine orangée. La femelle est uniformément brune sur le dessus.

En Alsace, il est majoritairement migrateur : les oiseaux quittent leurs territoires de nidification en automne et ils rejoignent la région méditerranéenne. Après la mauvaise saison, les premiers individus sont de retour vers la fin février, mais la plupart des tariers pâtres ne réapparaissent dans les zones de nidification qu’au courant du mois de mars. Lors d’hivers particulièrement doux, il est cependant possible de rencontrer cet oiseau en janvier en Alsace, plus particulièrement dans le Sud du département.

 

Le tarier pâtre est une espèce caractéristique des landes et des friches des espaces agricoles et industriels. Il niche aussi sur les talus de routes et de voies ferrées, dans les bocages, en bordure de marais et dans certains milieux sub-urbains. L’espèce se reproduit aussi bien en terrains secs (landes, talus) qu’en milieux humides (friches, marais). Les vastes ouvertures, naturelles ou artificielles, dans certains massifs forestiers lui procurent aussi des milieux favorables durant quelques années. L’espèce a ainsi profité des grandes zones de chablis consécutives à la tempête de décembre 1999.

Le tarier pâtre peut localement atteindre des densités élevées (exemple : 58 couples sur 124 ha de friches en fond de vallée dans les Vosges du Nord), mais bien souvent les couples sont plus disséminés.

Il construit son nid à même le sol, dans une excavation au milieu des hautes herbes. 2 à 3 pontes peuvent se succéder, surtout lorsqu’il y a eu un échec.

Il chasse à l’affût, perché de manière bien visible sur un arbuste, une herbe haute ou un piquet de clôture. Ses proies les plus régulières sont des coléoptères, des araignées, des sauterelles, des papillons et des chenilles.


Statut juridique et liste rouge

Le tarier pâtre est une espèce intégralement protégée. Elle est classée comme « A surveiller » sur la Liste Rouge des oiseaux nicheurs d’Alsace.

Effectifs et facteurs de menace

Le tarier pâtre est une espèce commune en France, avec une population estimée entre 300 000 et 500 000 couples. Mais il est en régression de 20 % à 50 % depuis 1970. En Alsace, il s’est raréfié dans la plaine au point de disparaître complètement de certaines communes. En revanche, l’espèce a colonisé la plupart des fonds des vallées vosgiennes consécutivement à la déprise agricole. Il est également présent jusque sur les Hautes-Chaumes dans les Vosges. En plaine, le tarier pâtre est menacé par l’intensification des pratiques agricoles et la destruction des milieux favorables. Dans les vallées vosgiennes, si les premières années de déprise agricole sont favorables à l’espèce, par la suite les milieux se ferment et ne lui conviennent plus. Enfin, la pratique des brûlis est catastrophique pour cet oiseau, comme pour bien d’autres d’ailleurs. 


Etudes et protection

Dans le cadre de l'opération “Oiseau de l’Année”, le choix de la LPO Alsace s’est porté en 2002 sur le tarier pâtre. C’est une espèce pour laquelle une forte suspicion de régression existait, mais qui demandait confirmation.

80 observateurs ont participé au recensement de 141 communes, soit un peu plus de 100 000 hectares. Cette surface représente approximativement 1/8e de la superficie totale de notre région. Cette bonne mobilisation a malheureusement abouti à un triste constat, puisque le tarier pâtre était absent de plus de 40 communes parmi celles prospectées.

L’enquête a livré, par extrapolation sur l’ensemble du territoire régional, une fourchette de 2000 à 3000 couples en Alsace. Même s’il est difficile de dégager une tendance pour les effectifs de ce petit turdidé à l’échelle régionale, un certain nombre d’observateurs ont signalé la régression de l’espèce à l’échelle de leur ban communal.

 

Femelle - Photo Jean-Marc BronnerFemelle - Photo Jean-Marc BronnerA nouveau - c’était déjà le cas pour l'hirondelle de fenêtre - Wittelsheim (68) tient le haut du tableau, avec Dambach (67). Ces deux communes accueillent chacune une trentaine de couples de pâtres. Et pour cause, les milieux qu’on y rencontre sont idéaux pour l’espèce : nombreuses friches, faible pluviométrie et ensoleillement important à Wittelsheim ; fonds de vallons enfrichés et pluviométrie inférieure au restant du massif vosgien à Dambach. Si le tarier pâtre peut être localement abondant, sa répartition en Alsace est extrêmement hétérogène. Les plus fortes densités ont été notées dans le Jura alsacien et dans les collines sous-vosgiennes. Les rieds, la plaine cultivée intensivement et le Kochersberg semblent être les milieux les moins fréquentés - voire délaissés - par l’espèce. Cette enquête permet de disposer pour la première fois d’une estimation fiable des populations nicheuses de tarier pâtre en Alsace. En la reconduisant dans quelques années, il sera possible de juger plus finement de l’évolution de ce passereau.

 

Les résultats complets de l’enquête sont disponible dans le volume 23, fascicule 3 de la revue CICONIA .