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Il est d’usage, pour nombre d’amoureux de la nature, de donner un coup de pouce aux oiseaux durant la période hivernale, notamment en leur proposant de la nourriture. Or cette année, les mangeoires, pourtant largement garnies, semblent être boudées et beaucoup de personnes s’inquiètent de l’absence des passereaux dans leur jardin. Une impression ou une réalité ?

 

Les appels se succèdent à la LPO Alsace, témoignages d’une même préoccupation : pourquoi les mangeoires restent-elles vides cet hiver ? Un constat qui semble se généraliser à tout le pays, et même chez nos voisins… Au-delà de la simple observation, les analyses des données enregistrées sur les sites participatifs confirment une nette baisse des oiseaux dans les jardins. Comment expliquer ce phénomène ? Doit-on s'en inquiéter ? Plusieurs théories sont avancées par les scientifiques.

 

La première concerne la douceur des conditions météorologiques de ces dernières semaines et du changement climatique en général. Rappelons que les oiseaux que nous voyons en hiver en Alsace ne sont pas forcément les mêmes que ceux qui sont présents en été ; en effet, les mésanges, les rougegorges, les pinsons et autres petits passereaux migrent, même partiellement, quittant leur sites de reproduction pour des territoires plus cléments en hiver. Les populations estivales, notamment celles des contrées nordiques, se déplacent ainsi vers le sud après leur saison de reproduction, et les individus que l’on observe dans notre région en hiver viennent donc de zones plus septentrionales. Si l’hiver dans ces pays est doux, les oiseaux migrent moins loin et il se peut donc que les individus qui stationnent habituellement en Alsace soient restés plus au nord.

 

Les verdiers, désormais inscrits sur la liste rouge des espèces menacées - Photo Pierre Matzke Les verdiers, désormais inscrits sur la liste rouge des espèces menacées - Photo Pierre Matzke La deuxième explication concerne l’abondance inhabituelle de nourriture dans la nature, notamment en forêt, qui rend ces dernières très attractives pour l’avifaune. De nombreux témoignages attestent ainsi de la présence importante d’oiseaux dans les forêts vosgiennes suite à la bonne fructification des hêtres (faines) et à l’inversion des températures de ces dernières semaines (soleil et douceur en montagne et grisaille et froid en plaine).

 

La troisième raison est sans doute liée à la très mauvaise saison de reproduction des passereaux au printemps, avec beaucoup d’échecs dus à l’humidité excessive, entrainant une baisse nette du nombre d’individus.

 

Enfin, la dernière raison est tout simplement, et malheureusement, une baisse globale des effectifs des oiseaux communs en France. Si certaines espèces semblent ne pas être affectées par cette tendance générale, d’autres connaissent des chutes dramatiques. Ainsi, le verdier d’Europe, très amateur de graines de tournesol aux mangeoires, a vu ses populations chuter de 45% en 15 ans en France, le plaçant désormais parmi les espèces vulnérables sur la liste rouge nationale.

Comment réagir ?

Les oiseaux ne sont pas directement affectés par le froid (sauf si celui-ci est extrême), mais par le manque de nourriture ou d’accès à la nourriture (gel, couche épaisse de neige). Il n’est donc pas nécessaire d’agir lorsque les températures sont clémentes. Avec le durcissement des conditions météorologiques de ces derniers jours, le nourrissage apportera une aide précieuse aux passereaux, qui peuvent se regrouper soudainement et massivement aux mangeoires. Restons donc vigilants ! Rappelons que l’accès à l’eau liquide est aussi important, et que la mise à disposition d’une assiette remplie d’eau permettra aux oiseaux non seulement de s’hydrater mais aussi de nettoyer leur plumage, un élément clé de leur survie.

 

En savoir plus sur l’absence de passereaux aux mangeoires

En savoir plus sur le nourrissage des oiseaux en hiver