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Trop souvent, la triste réalité s’impose à nous : la situation se dégrade d’année en année, pour de nombreuses espèces dont nous faisons le suivi. Heureusement, il y a quelques oiseaux pour lesquels l’évolution ne va pas dans le même sens : c’est le cas de la chevêche d’Athéna !

Après une longue et inquiétante période de baisse des effectifs au siècle dernier, la tendance s’est inversée depuis une vingtaine d’années : les populations progressent maintenant régulièrement. Cette amélioration est à mettre au crédit d’une série d’hivers peu rigoureux, limitant les pertes qui peuvent être sévères en cas de neige prolongée, ainsi que des efforts déployés en faveur de l’espèce : plus de 1000 nichoirs ont été posés en Alsace par la LPO, le plus souvent par paires. Leur efficacité pour le succès de reproduction n’est plus à démontrer : à titre d'exemple, en 2019, il a pu être établi pour l’Arrière-Kochersberg que 83% des couples de chevêches en nichoirs ont réussi leur reproduction, contre seulement 44% hors nichoirs !

Contrôle au nid d'une chevêche - Photo Jean-Marc BronnerContrôle au nid d'une chevêche - Photo Jean-Marc BronnerMalgré quelques soubresauts, la saison de reproduction 2019 vient conforter encore un peu plus la progression des effectifs alsaciens.

Avec un début de printemps relativement doux et riche en campagnols, beaucoup de femelles ont commencé à pondre tôt, dès la première quinzaine d’avril. Les pontes étaient souvent numériquement importantes : leur taille moyenne était de 4,52 oeufs, contre 4,03 en 2018. Et, fait exceptionnel, on a relevé 9 pontes de 7 œufs, alors que jusqu’à présent, le maximum était de 6 œufs.

Malheureusement, ces débuts très prometteurs ont été quelque peu compromis par la suite par des conditions devenues moins favorables : les populations de micro-mammifères se sont effondrées ; de plus, ils étaient souvent difficiles à capturer, en raison d’une fauche des prairies plus tardive que d’habitude, l'herbe haute entravant dans ce cas l'accès aux proies.

 Avec pour conséquences une mortalité élevée chez les jeunes au nid : au fil des visites de nichoirs, l’effectif des oisillons baissait.

Un adulte devant son nichoir - Photo Dominique BersuderUn adulte devant son nichoir - Photo Dominique BersuderMalgré tout, le bilan final reste très positif pour l’Alsace (entre parenthèses, les données de 2018 pour comparaison) : sur 227 (198) couples qui ont tenté de se reproduire en nichoirs, 189 (161) ont mené leur reproduction à terme, avec au total 671 (470) jeunes à l’envol.

Il ne s’agit pas d’un recensement exhaustif : ces données ne concernent que les couples se reproduisant en nichoirs, et ne tiennent donc pas compte des couples nichant en cavités naturelles. Au total, la population alsacienne est estimée en 2019 à un peu plus de 500 couples.

Il ne reste plus qu’à espérer que beaucoup de ces jeunes oiseaux viennent occuper des territoires encore vacants… et pourquoi pas, les autres nichoirs mis à disposition par la LPO !