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A l’approche des beaux jours, nombreux sont les particuliers qui sortent dans leur jardin, plein d’entrain, pour « faire propre » après l’hiver : une pratique dramatique pour la biodiversité ! A la campagne, en Alsace, un arrêté préfectoral interdit même formellement de toucher aux haies dès le 15 mars.

Les haies représentent un véritable écosystème en soi : au-delà de leurs fonctions de brise-vue, de barrière végétale ou de limites de terrain, elles permettent à un vaste cortège d’animaux de s’abriter, d’hiberner, de se reproduire, de se nourrir. Des oiseaux bien sûr, mais aussi des petits mammifères, des insectes, des amphibiens…, qui du sol au plus hautes branches, ont besoin d’elles. Leurs sols couverts de feuilles mortes ou d’autres débris végétaux offrent ainsi un gîte à d’innombrables invertébrés mais aussi aux hérissons, qui s’y protègent du froid en hiver. Dès le mois de février, diverses espèces d’oiseaux repèrent les meilleures branches pour y établir leur nid, et défendent leur territoire. Un véritable havre de vie qui permet parallèlement de lutter contre les animaux ravageurs tels que pucerons ou mulots.

Au printemps et en été, ne coupez pas les haies - Photo LPO AlsaceAu printemps et en été, ne coupez pas les haies - Photo LPO AlsaceLes coups de débroussailleuses et de sécateurs printaniers font alors de véritables carnages : tailler des branches peut non seulement faire tomber les petits (et les vouer à une mort certaine), mais aussi détruire des nids, qui ont pourtant demandé un effort colossal aux parents, à une période de l’année encore sensible.

Aucune loi n’interdit aux particuliers d’agir dans son jardin. Mais il coule de source, à l’heure où il est de notoriété publique que la biodiversité, à toutes les échelles, s’effondre, qu’un effort doit être fourni pour la protéger : que chacun se sente concerné ! Si sortir dans son jardin pour profiter des beaux jours est évident, la LPO recommande, au lieu de ramasser, couper, élaguer ou tondre, d’agir en faveur de la biodiversité : construire et accrocher des nichoirs, mettre en place des murs en pierres sèches, installer des abreuvoirs en prévision des chaleurs estivales… Si tondre la pelouse s’impose, ne pas la couper trop court et laisser des zones de libre évolution, notamment à côté des haies ! Et surtout garder à l’esprit que le jardin peut être « préparé » à l’automne, avec beaucoup moins d’effets délétères sur la faune qu’au printemps.

Les dommages causés par la taille et l’élagage des haies sont tels sur les animaux qu’en dehors de la sphère privée, deux arrêtés préfectoraux (Bas-Rhin, Haut-Rhin) interdisent, à quiconque, tout travaux sur les haies entre le 15 mars et le 31 juillet, sous peine d’amende et d’emprisonnement. Une interdiction qui s’applique aux haies situées au bord des routes, dans les champs, les prés, et donc aussi aux agriculteurs.

 

Dans le département des Vosges, un arrêté préfectoral régit également les interventions sur les haies. En savoir plus.

Quels sont les oiseaux qui nichent dans les haies ?

Les espèces animales que l’on peut observer dans les haies sont nombreuses. Parmi les oiseaux nichant et se nourrissant dans la haie, on peut citer le chardonneret élégant, le rougegorge familier, le verdier d'Europe, le pinson des arbres, la fauvette à tête noire, le rossignol philomèle, le merle noir… 

Plus la haie est biologiquement intéressante, plus la biodiversité est importante : une haie idéale comporte ainsi uniquement des essences locales, variées, avec des étages de végétation variée et des périodes de floraison et de fructification variées.