Présentation de l’espèce
L’effraie des clochers (Tyto alba) est un rapace nocturne aisément identifiable de par la couleur blanche de ses parties inférieures qui lui a valu le surnom de Dame blanche. Certains individus, peu fréquents, sont plus sombres, avec une face inférieure rouge orangé : on parle alors de plumage en « phase rousse ». L’autre particularité de cette espèce est son chant étrange pouvant être décrit comme un chuintement métallique ne s’apparentant guère aux chants des autres rapaces nocturnes.
L’effraie des clochers est inféodée aux espaces ouverts (cultures, prairies, vergers, bocages) qui regorgent de micromammifères (campagnols, mulots, musaraignes, etc.) dont elle se nourrit. Elle recherche dans les clochers, les granges ou les pigeonniers des sites adéquats de reproduction. Rupestre à l’origine, cette chouette a lié depuis des siècles son existence aux activités agricoles et aux constructions humaines.
Le couple d’effraies élève une ou deux nichées par an composées de 4 à 8 jeunes (une moyenne de 6 jeunes a été déterminée sur une période de 30 ans selon une étude haut-rhinoise). D’après cette même étude, entre 3 et 4 jeunes par nichée parviennent à s’envoler.
Le territoire de chasse de l’effraie dépend de sa richesse en proies mais en général le couple se limite à un rayon d’action compris entre 1 et 3 kilomètres autour de son site de nidification.
Statut juridique et classification Odonat
En France, l’effraie des clochers est une espèce intégralement protégée en vertu de l’article 1er de l'arrêté ministériel du 29 octobre 2009 (abrogation de l’arrêté ministériel modifié du 17 avril 1981). La protection de l’habitat est dorénavant prise en compte dans son article 3-II : « Sont interdites … la destruction, l’altération ou la dégradation des sites de reproduction et des aires de repos des animaux. Ces interdictions s’appliquent aux éléments physiques ou biologiques réputés nécessaires à la reproduction ou au repos de l’espèce considérée … ». L’espèce est classée en statut "préoccupation mineure" (Odonat, 2014).
Etudes menées
EnquĂŞte effraie
L’effraie des clochers est suivie en Alsace par un réseau d’observateurs bénévoles de la LPO qui effectuent deux passages dans l’année sur les sites de reproduction potentiels (l’un en juin et l’autre en septembre) afin de relever les informations suivantes :
- présence ou absence de l’espèce ;
- nombre d’œufs et de jeunes ;
- nombre de jeunes à l’envol ;
- récolte de pelotes fraîches.
Ces informations sont ensuite synthétisées et analysées par la LPO et le GEPMA. Elles sont enregistrées dans une base de données géo-référencée.
Analyse du régime alimentaire
L’effraie rejette par le bec les éléments non digestes de ses proies (poils, os) compactés sous la forme de pelotes de réjection que l’on peut facilement récolter sur les sites qu’elle fréquente. L’analyse de leur contenu fournit des indications précises et fiables sur le régime alimentaire de l’espèce.
De nombreuses études ont été menées sur le contenu des pelotes de réjection, dont certaines en Alsace.
C’est ainsi que le Groupe d’Etude et de Protection des Mammifères d’Alsace (GEPMA) a analysé en 2007 un peu plus de 5200 proies contenues dans les pelotes de réjection de l’effraie des clochers sur l’ensemble du territoire alsacien. Cette étude, qui se poursuit au-delà de 2007, montre que le campagnol des champs (49%) est la proie favorite de l’effraie, suivi par la musaraigne musette (15%), le mulot sylvestre (13%), puis les deux espèces réunies musaraigne carrelet et musaraigne couronnée (7%).
Voir l’étude du GEPMA réalisée en 2007
A l’occasion de l’étude des effraies du Parc Naturel Régional des Vosges du Nord réalisée entre 1977 et 1991 par Yves Muller, 7065 proies ont été récoltées, dont l’analyse s’est montrée quelque peu différente de la précédente ; les espèces les plus consommées sont le campagnol des champs (32%), la musaraigne carrelet (23%), les mulots à collier et sylvestre (17%) et le campagnol agreste (12%).
De manière plus générale, l’effraie est une opportuniste qui capture, parmi les micro-mammifères, ceux qu’elle rencontre le plus fréquemment. L’éventail des proies consommées est donc très large et dépend évidemment du type de milieu fréquenté.
L’effraie consomme également quelques oiseaux, batraciens ou chauves-souris, qui restent des proies marginales par rapport aux micro-mammifères.
Effectifs
Dans le Haut-Rhin, 245 nichoirs ont été installés depuis 1978. En 2008, le suivi de 168 de ces nichoirs a permis de vérifier la présence de 99 couples d’effraies, auxquels il convient d’ajouter 8 couples contrôlés dans des bâtiments hors nichoirs. Ce chiffre baisse hélas à 49 couples d'effraie en 2009 répertoriés en nichoirs mais seuls 141 nichoirs ont pu être suivis cette année-là .
Dans le Bas-Rhin, sur les 97 sites suivis en 2007, une soixantaine de couples reproducteurs ont été recensés. En 2009, ce chiffre passe à 38 couples recencés sur 102 nichoirs suivis.
Les chiffres indiqués ci-dessus ne correspondent cependant pas à un recensement exhaustif de cette espèce dans notre région : ce n’est qu’une partie de la population alsacienne qui est suivie par la LPO.
Les bilans précis des enquêtes effraie sont publiés chaque année dans les LPO Infos : n'hésitez pas à nous consulter pour les obtenir !
Facteurs de menace
Dans notre région, suite au remembrement et à l’industrialisation de l’agriculture, le paysage rural s’est profondément transformé en 40 ans. Les exploitations agricoles couvrant plusieurs dizaines d’hectares en monoculture intensive se sont développées depuis les années 1970 aux dépens des bocages, des prairies et des haies, zones de chasse de l’effraie comme de nombreuses espèces animales.
Des constructions métalliques associées à ce type d’exploitation ont remplacé les granges et les étables traditionnelles, autant de sites potentiels de nidification pour l’espèce. A cette évolution s’ajoute la pose de grillages sur les ouvertures des clochers, motivée par les dégâts causés par les pigeons, ce qui limite considérablement les possibilités pour l’effraie de se reproduire.
Enfin, la progression du maillage routier accentue les risques de mortalité par collision avec des véhicules.
Actions de protection de la LPO et des autres associations
La sauvegarde de l’effraie des clochers passe par la réhabilitation de ses sites de nidification. Depuis plusieurs dizaines d’années, des bénévoles de la LPO et d’autres associations de protection de la nature installent des nichoirs, le plus souvent dans les clochers d’églises qui ont été totalement grillagés. Cette action de sauvegarde de l’espèce passe par une sensibilisation des habitants du village et des élus communaux. Une fois mis en place, les nichoirs nécessitent un suivi : il est en effet indispensable de les nettoyer régulièrement, pour enlever les pelotes qui s’y accumulent ; de plus, le fait de passer régulièrement sur les sites de nidification permet de maintenir un contact avec les responsables des édifices publics, qui peuvent être remplacés, d’où la nécessité de renouveler le travail de sensibilisation.
Vous pouvez nous aider à protéger les effraies !
Beaucoup de nichoirs ne peuvent être suivis par manque de bénévoles : rejoignez nos équipes pour participer à une action concrète de protection de l’environnement ! Nous avons besoin de votre soutien pour :
- nous signaler les sites de nidification qui ne seraient pas connus
- prendre en charge le suivi d’un ou plusieurs nichoirs (deux passages annuels)
- prendre en charge la récolte des pelotes de réjection (cela va souvent de pair avec les deux contrôles annuels)
- prendre en charge l’installation d’un ou plusieurs nichoirs dans des sites favorables à l’espèce, mais qui lui sont inaccessibles.
Merci pour votre participation !
Pour toute information complémentaire, contactez-nous :
LPO Alsace
1 rue du Wisch 67560 ROSENWILLER
Tél. : 03 88 22 07 35
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http://alsace.lpo.fr