Etudes et protection

Présentation de l'espèce

Dans la famille des corvidés, la pie bavarde est impossible à confondre avec un autre oiseau : son plumage noir et blanc et sa longue queue étagée à reflets métalliques sont caractéristiques. La pie est bavarde : elle manifeste volontiers sa présence en toutes saisons par des jacassements parfois tapageurs. Elle est attirée par les objets brillants qu'elle récupère pour garnir son nid ; aussi dit-on que la pie est voleuse !

La pie bavarde est sédentaire et les déplacements erratiques n'excèdent pas quelques dizaines de kilomètres. Le couple défend son territoire de nidification durant la belle saison mais, en hiver, les oiseaux sont plus sociables et se réunissent en dortoirs de quelques dizaines d'individus, voire jusqu'à 100 ou 150 individus comme en Petite Camargue Alsacienne.

C’est un oiseau des campagnes : elle se plaît dans les zones de cultures avec des haies, des grands arbres et des cours d'eau. Elle colonise aussi les villages et les grandes villes. En revanche, elle évite les forêts et les régions montagneuses. La pie bavarde est une opportuniste qui s'installe partout où elle trouve un site de nidification et de quoi subvenir à ses besoins.

Pie bavarde - Photo LPO AlsacePie bavarde - Photo LPO AlsaceLe nid est le plus souvent construit à la cime des arbres, mais parfois également dans un buisson. Sa particularité est qu’il est équipé d'un toit. Un second nid, souvent à l'état d'ébauche, est parfois construit non loin du domicile principal, à quelques dizaines de mètres. La ponte est déposée entre mi-avril et mi-mai. Les vieux nids de pie sont régulièrement utilisés par le hibou moyen-duc pour y élever sa progéniture.

L’espèce se nourrit surtout d'insectes et de larves, tire partie des animaux victimes des routes, et fréquente volontiers les tas de compost et les dépôts d'ordures. Elle peut ausi consommer les nichées de petits passereaux, voire de colombidés ou de gallinacés, et s'attire bien des inimitiés pour cette raison.


Statut juridique

La pie bavarde n'est plus classée nuisible dans le Haut-Rhin depuis fin 2017 et plus dans le Bas-Rhin depuis le 3 juillet 2019.

 


Population et menaces

La pie bavarde est largement répandue dans toute la plaine d'Alsace. La colonisation de certaines vallées vosgiennes est récente, mais l'espèce est quasiment absente des crêtes, sauf ponctuellement (observée jusqu'à 1100 m au Lac Blanc et au col de la Schlucht).

Les pies peuvent être mal vues en raison des destructions de nichées de petits passereaux. En fait, c’est un prédateur d'oiseaux au même titre que l'épervier ou d'autres animaux carnivores, y compris le chat domestique. Plusieurs études anglaises et allemandes démontrent qu'il n'y a pas de corrélation entre les densités de passereaux, la réussite de leur reproduction et les densités de pies bavardes. Ainsi, la pie ne peut pas être considérée comme un danger réel pour les populations de petits passereaux.


Etudes

Connue de tous, la pie bavarde vit à proximité de l'homme et de ses cultures. Elle semble abondante, mais ses effectifs sont en fait mal connus et l'espèce serait en régression en France. C’est pourquoi la LPO Alsace a choisi la pie bavarde comme «Oiseau de l’année» en 2003.

La méthode reste la même que pour les autres enquêtes : chaque observateur se réserve une ou plusieurs communes. Il parcourt l’ensemble du ban communal tout au long de la saison de nidification, principalement de mars à juillet. Plusieurs sorties sont nécessaires pour repérer tous les couples cantonnés.

L’enquête a permis de préciser la répartition et de quantifier la population de l’espèce dans 110 communes alsaciennes, totalisant 554 km² de milieux ouverts et bâtis favorables à l'espèce. Facile à détecter, la pie est moins banale qu’on ne l’imaginait : 603 couples ont été repérés et la population a été évaluée à 810 couples nicheurs. A partir de ces dénombrements, l'estimation de la population régionale est comprise entre 4500 et 6000 couples.

Les plus fortes densités ont été rencontrées dans la région de Strasbourg, ainsi que dans les Vosges moyennes. Comparée à d’autres régions, la densité globale de l’Alsace (1,5 couple par km² de milieux favorables) est plutôt faible, du fait sans doute de pratiques agricoles intensives et de la destruction volontaire de l'espèce.

Actuellement, la plupart des milieux fréquentés par la pie bavarde en Alsace sont anthropisés : cultures avec arbres isolés, abords des villes et villages. Il a été noté une désertion progressive des campagnes et une concentration dans les zones bâties. Un recensement effectué sur une surface de 60 km² à Strasbourg, a permis de montrer un quasi-doublement de la population sur cette zone en l’espace de 13 années. Cette redistribution s'explique probablement par l'effet protecteur des habitations humaines contre la corneille noire et les destructions volontaires (tir, piégeage), et par la disponibilité de nouvelles sources de nourriture. Cela montre aussi que, contrairement à d’autres espèces qui ont régressé suite à la modification de leur habitat, la pie a su s'adapter aux changements. A une exception près, tous les nids sont installés sur des arbres, plutôt des feuillus (80%) que des résineux (20%). Les nids sont construits majoritairement en zone urbanisée, sinon en bordure des villages ou à proximité de bâtiments isolés. Le nombre moyen de jeunes à l’envol est de 2,4 (n = 60).

Mais rien ne prouve que cette espèce n'ait pas pâti de l’intensification et de la banalisation de l’agriculture, et notamment d'une baisse de la disponibilité alimentaire pour cet oiseau se nourrissant à 94,2% d'invertébrés, dont 86% d'insectes.

L’enquête de 2003 sera à reconduire dans une dizaine d’années afin d’apporter des informations pertinentes sur l’évolution de la population de pie bavarde en Alsace.

Suivre la nidification, en direct, d'un couple de faucons pèlerins (2017)

Présentation de l’espèce

Rapace prestigieux, le faucon pèlerin est depuis plusieurs décennies un des symboles de la protection des oiseaux, et des rapaces en particulier. Cet oiseau a la taille d'un gros pigeon, avec une envergure toutefois plus importante (1m environ). Il fréquente les régions montagneuses boisées et les régions plus ouvertes (grandes plaines cultivées, plateaux, vallées), les marais et les villes durant l'hiver. Il niche dans les parois rocheuses, parfois sur des bâtiments élevés des grandes villes. Le faucon pèlerin est spécialisé dans la prédation des oiseaux petits et moyens qu'il attaque généralement en exécutant des piqués à grande vitesse et qu'il saisit en plein vol. Son seul véritable prédateur est le grand-duc d'Europe.

Statut juridique et liste rouge

Le faucon pèlerin est protégé en France, comme tous les rapaces, et il est inscrit à l'Annexe I de la Directive Oiseaux. Il figure sur la Liste Rouge des oiseaux nicheurs d’Alsace en catégorie "Vulnérable".

 


Evolution des effectifs

Photo Yves MullerPhoto Yves MullerEn France, la population est estimée à 1000 - 1400 couples nicheurs (enquête nationale LPO sur les rapaces, 1999-2002).

Dans le massif vosgien, comme ailleurs en France, le dénichage et l’intoxication par les pesticides agricoles ont provoqué une chute dramatique de la population dans les années 1960-1970. En 1976, il ne restait plus que 8 couples dans l’ensemble du massif vosgien, qui n’élevèrent que 9 jeunes. La situation fut pire encore en 1978, puisque aucun jeune ne prit l’envol. Suite à la protection totale des rapaces, à la réglementation de l’utilisation des pesticides en Europe et aux campagnes de surveillance et de sensibilisation, les populations ont commencé à progresser à partir du milieu des années 1980. En outre, chaque site du massif vosgien occupé par le faucon pèlerin et exposé aux dérangements, voire au pillage par des fauconniers, était surveillé en permanence par des bénévoles du Fonds d’Intervention pour les Rapaces Alsace. Des démarches ont ensuite été menées pour la mise en place d’une protection réglementaire sur les sites de reproduction et plusieurs d’entre eux font maintenant l’objet d'un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope ou font partie d'une Réserve Naturelle. En parallèle, une sensibilisation a été menée auprès des usagers des milieux rupestres (grimpeurs, varapeurs) et d'une manière générale, du grand public, sur le rôle des rapaces et des prédateurs .

  

Si vous êtes intéressés pour participer au suivi, vous pouvez contacter  :

Sébastien Didier
Coordination, suivi, études rapaces
Tél. : 03 88 22 07 35
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 


Facteurs de menace

Des menaces pèsent encore sur l’espèce :

  • problèmes de cohabitation sur certains sites avec les pratiques sportives telles que le vol libre, la varappe, la randonnée, et avec les activités touristiques diverses
  • menaces engendrées par l'apparition de nouvelles molécules chimiques et l'usage illégal de certains pesticides 
  • réaménagements économiques d'anciennes carrières jusqu’alors abandonnées et servant de site de nidification à l'espèce
  • quelques données de mortalité sont liées à l'état sanitaire des proies consommées (cas de maladies transmises par les pigeons domestiques) ou à des problèmes de destruction (tir, collision et électrocution avec le réseau électrique)
  • enfin, il n'est pas exclu que certaines nichées fassent encore l’objet de dénichage pour la fauconnerie
  • et comme rien n’est jamais acquis définitivement, signalons également que certaines associations colombophiles font pression sur le Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable pour obtenir le déclassement du faucon pèlerin de la liste des espèces protégées, jusqu'à présent heureusement en vain.

 


Etudes et protection

Depuis 2005, le suivi de cette espèce a été intégré au sein du programme SIBA de Suivi des Indicateurs de la Biodiversité en Alsace . En effet, le rôle de bio-indicateur du faucon pèlerin a déjà été souligné. L'impact des pesticides organochlorés a ainsi pu être démontré dans les années 1970-1975 et leur interdiction a pu être mise en place.

Mais le suivi du faucon pèlerin peut permettre d’aborder d’autres thèmes : l’état de santé des populations d’espèces-proies, l’impact des activités de plein air (varappe, vol à voile, …) sur certaines autres espèces rupestres, l’évaluation de la préservation de sites sensibles, l’évaluation de l'efficacité des campagnes de sensibilisation au rôle des rapaces, et des prédateurs en particulier.

La LPO Alsace coordonne actuellement le suivi du faucon pèlerin sur l'ensemble du massif vosgien, soit sur les 2 départements alsaciens (67 et 68), 3 départements lorrains (54, 57 et 88) et 2 départements franc-comtois (70 et 90). Participent à ce suivi plusieurs associations naturalistes : la LPO Alsace, le FRIR (Fonds Régional d'Intervention pour les Rapaces) de Franche-Comté, la LPO Franche-Comté, les groupes départementaux LPO de Lorraine, SOS Faucon pèlerin, …

Le suivi s‘effectue de la manière suivante : un premier contrôle en début de nidification (février-mars) pour s'assurer de la présence d'un couple reproducteur et de la ponte, si elle a eu lieu. Un second passage en fin de nidification (mai-juin) pour contrôler la réussite de la reproduction et connaître le nombre de jeunes volants.

Le suivi est assuré essentiellement par les ornithologues bénévoles des associations. Ce sont ainsi près d'une centaine d'observateurs qui contrôlent les aires et communiquent leurs informations chaque année. Plusieurs coordinateurs bénévoles se chargent de recueillir les informations et d'animer le réseau d'observateurs par zone géographique*.

Photo David HackelPhoto David HackelLe suivi des sites se fait grâce à des jumelles ou au télescope à l'abri de la végétation ou dans des endroits où l'espèce ne détecte pas l'observateur afin de réduire le dérangement au minimum.

Des prospections ont aussi lieu dans des zones peu suivies en période favorable : plusieurs observateurs postés sur des points d'observation fixes surveillent les allers et venues éventuels de faucon pèlerin, dans l’espoir de découvrir de nouveaux sites de nidification. Lorsque des menaces pèsent sur certains sites, des mesures de protection sont proposées aux pouvoirs publics. La LPO Alsace continue également son travail de sensibilisation auprès des usagers ou gestionnaires des sites. C’est ainsi qu’une fiche technique a été réalisée à l’attention des exploitants de l’UNICEM (Union Nationale des Industries de Carrières Et Matériaux de construction).Une exposition sur le faucon pèlerin est disponible à la LPO Alsace. Un livre dédié aux rapaces diurnes nicheurs d'Alsace est aussi disponible.

 

 

 

 

Suivi des faucons pèlerins bagués

Dans le Bade-Würtemberg (Allemagne), les faucons pèlerins sont équipés d’un nouveau système d’identification : des bagues en couleur dotés de codes, qui permettent de reconnaître des individus sans être obligé de les recapturer.

Pour la première fois depuis l'introduction du système de bagues caractéristiques en 2015 en Allemagne, un faucon pèlerin bagué en provenance du Bade-Wurtemberg a été photographié et identifié en Alsace, au Port du Rhin Nord à Strasbourg : il s’agit d’une femelle portant la combinaison caractéristique "P-BC", observée le 20 novembre 2016 par Marie-France Christophe, membre de la LPO Alsace et co-responsable du suivi des faucons pèlerins sur la région de Strasbourg. Cette femelle a été baguée le 30 mai 2015, à l’âge de 19 jours à Altbach.

Ce nouveau système permet l'identification d'un oiseau par des bagues caractéristiques, lisibles même à distance, notamment avec une longue-vue (avec grossissement de 60, la combinaison de l'anneau peut être lue à plus de 150m sans problème) ou un appareil photo doté d’un téléobjectif. Il apporte en outre des informations sur le biotope où l’oiseau est né. En effet, depuis 2015, les faucons pèlerins, qui sont bagués au stade poussin, reçoivent, en plus de la bague d’identification de l’individu (à droite), une « bague d’habitat Â» (à gauche), de couleur.

Ce code couleur est le suivant :

  • Rouge : parois rocheuses et carrières
  • Jaune : bâtiments (y compris les cheminées, les tours de radio et les ponts)
  • Vert : arbres
  • Noir : pylônes électriques

Les bagues d’identification individuelle présentent également une nouveauté : la première lettre ou chiffre est verticale, lisible sur toute la hauteur de la bague, les deux lettres suivantes sont écrites à un angle de 90° et peuvent être lues de bas-en-haut. La combinaison est visible deux fois sur la bague.

http://www.agw-bw.de/erster-wanderfalke-aus-dem-suedwesten-mit-kennringen-gesichtet/

Ce nouveau système constitue donc une aubaine pour le suivi des faucons pèlerins et l’occasion d’échanger les données françaises et allemandes pour une vision globale des populations.

Si vous observez un faucon pèlerin ainsi bagué, merci de transmettre les informations à :

Sébastien Didier
Coordination, suivi, études rapaces
Tél. : 03 88 22 07 35
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. 

 

 

 

(*) Les coordinateurs  :

Jean-Marie BALLAND (LPO Vosges) pour le département des Vosges
Denis DUJARDIN (LPO Alsace) pour les Vosges moyennes bas-rhinoises
Guy RITTER (LPO Alsace) et le PNRBV pour les Vosges haut-rhinoises
André LUTZ et Clauude KURTZ (SOS Faucon pèlerin), le PRNVN et David Meyer pour la Moselle

Claude KURTZ (SOS Faucon pèlerin-Lynx)

et André LUTZ (LPO Alsace - SOS Faucon pèlerin-Lynx)

pour les Vosges du Nord
Samuel MAAS (LPO Franche-Comté)
et Franck VIGNERON (Groupe Pèlerin Jura / LPO Franche-Comté)
pour le territoire de Belfort et la Haute-Saône
Marie-France CHRISTOPHE et Olivier STECK (LPO Alsace) pour les centres urbains et la plaine bas-rhinoise

 

La coordination globale est assurée par Sébastien DIDIER (LPO Alsace).

 

Un pêcheur exceptionnel

Signes distinctifs

Une espèce uniquement piscivore - Photo Axel SchmidtUne espèce uniquement piscivore - Photo Axel SchmidtDe longues ailes (jusqu'à 1,70 mètre d'envergure), de puissantes serres acérées et des yeux jaune vif perçants, telles sont les caractéristiques des balbuzards pêcheurs, qui font partie des grands rapaces diurnes de notre région. Leur plumage est contrasté : on les reconnaît ainsi grâce à leur ventre blanc, leur bande pectorale sombre (plus réduite chez le mâle) et le bandeau oculaire bien marqué s’étendant jusqu’à la nuque.

Une technique de pêche impressionnante

Le balbuzard est un pêcheur particulièrement habile. Avec un poids de 2 kg maximum, il plonge dans l'eau, toutes serres dehors, depuis des hauteurs parfois considérables. Il peut capturer des poissons jusqu'à un mètre de profondeur.

Si la tentative de pêche est couronnée de succès, l’oiseau s'élève à nouveau dans les airs en battant vigoureusement des ailes, avec sa proie dans les serres.

Mais il arrive parfois que le poisson saisi soit trop gros et lourd, que l'oiseau ne puisse plus lâcher prise et qu'il soit alors entraîné dans les profondeurs et se noie.

Reproduction et migration

Un nicheur arboricole

C’est tout au sommet des arbres que l’on trouve les nids des balbuzards pêcheurs. Ces arbres doivent surplomber la forêt ou être isolés pour offrir une vue et un accès dégagés mais aussi disposer de branches sommitales suffisamment solides pour pouvoir accueillir leur nid volumineux. Les balbuzards s’installent aussi parfois sur des pylônes électriques, qui leur offrent ces mêmes conditions.

Le nid est construit par les deux partenaires et est confectionné avec du branchage sec et une litière moelleuse. Ils sont utilisés pendant de nombreuses années et sont constamment consolidés pendant l'élevage des jeunes. En raison de leur poids important et de leur position exposée, ils peuvent chuter durant les tempêtes.

Elevage des jeunes

Ici deux adultes et un petit - Photo Denis DujardinIci deux adultes et un petit - Photo Denis DujardinLa ponte, composée en moyenne de 3 Å“ufs, commence généralement mi- avril ; dès leur naissance 40 jours plus tard, les jeunes balbuzards sont abondamment nourris avec du poisson. Pendant cette période, ils sont vulnérables à la prédation (rapaces, corvidés, martre), qui reste toutefois occasionnelle. Ils prennent leur envol durant la deuxième quinzaine de juillet.

Migration

A la fin de l'été, adultes et jeunes quittent à tour de rôle la zone de reproduction et se mettent en route pour l'Afrique, où ils passeront l’hiver. Philopatriques, les jeunes retourneront, à leur maturité sexuelle (à l’âge de 3 ans), nicher dans la proximité immédiate de l’aire qui les a vu naître, et forment ainsi des colonies lâches. Les balbuzards peuvent vivre longtemps : jusqu’à au moins 24 ans !

Distribution et menaces

Quasi cosmopolite, le balbuzard pêcheur se reproduit sur presque tous les continents. En France et en Allemagne, il est un nicheur rare. Ce ne fut pas toujours le cas, mais la persécution dont il a été victime à partir du Moyen-Âge, puis l’aménagement des rivières, l’exploitation des forêts alluviales et l’utilisation de pesticides ont contribué à sa quasi extinction. Il est heureusement strictement protégé depuis 1972 et est inscrit à l'annexe I de la directive européenne sur la protection des à compléter. En France, ses principaux fiefs actuels sont la région Centre et la Corse. En Allemagne, sa présence se concentre dans les paysages lacustres du nord-est de l'Allemagne.

Une migration longue et parsemée de dangers

Les balbuzards de la région du Rhin supérieur migrent vers l’Afrique de l’Ouest via l'Espagne et la Méditerranée occidentale puis le long de la côte nord-africaine.

Comme toutes les espèces migratrices, les balbuzards pêcheurs sont confrontés à de nombreux dangers sur leur route vers leurs quartiers d'hiver africains, où l’offre alimentaire peut être pauvre (pollution des eaux, utilisation massive de pesticides, surpêche…) et le braconnage intensément pratiqué.

Un retour inespéré

Dans les forêts alluviales du Rhin supérieur, les derniers balbuzards nicheurs ont été observés en 1902. Ce n’est qu’en 2019, soit près de 118 ans plus tard, qu’un couple a de nouveau réussi sa saison de reproduction !

Wanted : un endroit pour nicher

La reproduction du balbuzard pêcheur est limitée en premier lieu par la disponibilité en sites de nidification appropriés, un élément rare dans nos forêts exploitées. Il est donc bienvenu de leur apporter un coup de pouce en garantissant la présence de tels sites. Les jeunes de retour sur leur site de naissance préfèrent s’installer sur des anciens nids inoccupés. Des individus de passage peuvent aussi être attirés par des sites où des congénères et des nids sont présents. La pose de plateformes artificielles de nidification est ainsi un moyen efficace pour aider une population à se reformer.

 

 Installation d'une plateforme artificielle par un grimpeur - photo NABUInstallation d'une plateforme artificielle par un grimpeur - photo NABU Silhouette idéale d'un arbre approprié. Ici avec une plateforme artificielle (photo NABU)Silhouette idéale d'un arbre approprié. Ici avec une plateforme artificielle (photo NABU) 

Un projet transfrontalier de protection

Une individu en vol - Photo Jean-Marc BronnerUne individu en vol - Photo Jean-Marc BronnerLes oiseaux ne connaissant pas de frontière, le NABU Südbaden et la LPO Alsace ont profité du retour du balbuzard pêcheur le long du Rhin pour développer ce noyau de population. Ils ont associé leurs compétences dans le cadre d’un programme transfrontalier soutenu à 50% par l’Union Européenne. A partir de l’année 2021, les deux associations ont recherché, avec un réseau de bénévoles, les meilleurs arbres de part et d’autre du Rhin ; ils les équipent progressivement de plateformes artificielles de nidification et mènent une campagne de sensibilisation auprès des scolaires et de la population riveraine.

Un projet qui devrait permettre à l’espèce de faire à nouveau partie intégrante de la nature dans le Rhin supérieur.

 

Présentation de l’espèce

Photo Emile Barbelette - LPO FrancePhoto Emile Barbelette - LPO FranceLe milan royal est le plus grand rapace diurne nicheur d'Alsace. Il est un peu plus grand que son cousin le milan noir et a une queue rousse échancrée caractéristique, facilement observable.

Rapace des milieux ouverts, le milan royal est opportuniste et très charognard ; il est lié à une agriculture extensive dominée par l’élevage traditionnel. Ce type de paysage que l'on rencontre encore en Alsace Bossue lui procure une nourriture abondante et variée ; la présence de parcelles cultivées lui est favorable, à condition que leur surface reste minoritaire par rapport aux herbages. Il niche dans les bois ou les haies pourvus de gros arbres. Les populations du nord de l'Europe (dont celles d'Alsace) sont migratrices. Les autres sont sédentaires.

Leur répartition géographique s'étend depuis l'Afrique du Nord jusqu'à la Russie. Mais l’espèce n'en demeure pas moins menacée au niveau mondial.

 


Statut juridique et liste rouge

Le milan royal est, comme tous les rapaces, protégé sur l’ensemble du territoire français par l'arrêté ministériel du 29 octobre 2009 (abrogation de l’arrêté ministériel modifié du 17 avril 1981). La protection de l’habitat est dorénavant prise en compte dans son article 3-II : « Sont interdites … la destruction, l’altération ou la dégradation des sites de reproduction et des aires de repos des animaux. Ces interdictions s’appliquent aux éléments physiques ou biologiques réputés nécessaires à la reproduction ou au repos de l’espèce considérée… Â». Il figure en Annexe I de la Directive Oiseaux et en Annexe II de la Convention de Berne. Cette espèce est classée "En danger" sur la Liste Rouge des oiseaux nicheurs d'Alsace et "Vulnérable" sur la Liste Rouge française.

 


Evolution des effectifs

En France, l’aire de distribution de ce rapace se limite à une large bande diagonale du Sud-Ouest au Nord-Est du pays et à la Corse. Il y a entre 3000 et 3900 couples nicheurs (résultats de l'enquête nationale LPO sur les rapaces, 1999-2002). Le milan royal a, semble-t-il, considérablement diminué depuis le XIXème siècle, bien qu’une augmentation passagère ait eu lieu entre 1975 et 1990. Depuis 1990, la régression a repris.

 


Facteurs de menace

Au niveau français et européen, deux problèmes majeurs contribuent au déclin d’une partie de la population du milan royal : le changement d’utilisation des terres (intensification de l’agriculture) et l’empoisonnement, qu’il soit direct ou indirect. Face à la chute dramatique des effectifs du Nord-Est de la France, un plan national de restauration a été lancé en 2002. 

Pour la population alsacienne, en plus des modifications des pratiques agricoles et de certaines pratiques d’empoisonnement volontaire (au moins 3 cas en 2015 dont 2 mortels) ou de tir sur les sites d'hivernage (hors Alsace), d’autres facteurs de menace pèsent sur le milan royal : dérangements sur les sites de reproduction et destruction involontaire des aires (travaux forestiers notamment), fermeture des décharges, augmentation du déficit en nourriture en période de nourrissage des jeunes en raison de la raréfaction des prairies conduisant à l’échec de la reproduction, création de parcs éoliens et nouvelle réglementation en matière d'hygiène des activités agro-pastorales.

Face à ces menaces, un Plan régional d’actions a été validé en 2012 par la DREAL Alsace et plusieurs mesures sont mises en œuvre depuis.

 


Etudes et protection

Plusieurs recensements ont eu lieu en Alsace dans les derniers bastions de l’espèce. En Alsace bossue, un quadrat-témoin de 50 km² a été suivi chaque printemps pendant 3 ans. En 2002, 5 à 6 couples nichaient dans cette zone, tandis qu'en 2004, il n'en restait qu'un seul.

Face à l'urgence de la situation, la LPO Alsace a réagi concrètement : deux formations destinées aux agents de l’ONF ont été réalisées en 2005 et 2006 afin de leur présenter l’espèce et montrer les techniques permettant de maintenir les zones favorables à la nidification de l'espèce dans les massifs gérés par l’ONF. Chaque aire occupée découverte est signalée aux agents de l'ONF qui protègent l'arbre porteur et les travaux pendant la période de reproduction sont interdits.

 

En 2012 , une attention toute particulière a été portée à un couple nichant à proximité d’un projet industriel potentiellement dangereux (en Alsace). Après les premières observations en 2011, la LPO a piloté un projet de suivi du couple pour l'année 2012, accepté et financé par l’industriel et en partenariat avec l'Institut de Recherche pour le Développement (François Baillon), le Centre National de la Recherche Scientifique (Damien Chevallier), le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord et l'association la Grange aux Paysages.

L'objectif principal du suivi est d'évaluer la sensibilité du couple de milans royaux au futur projet industriel afin de pouvoir proposer, à terme, des mesures d'atténuation du risque ou des mesures compensatoires et de bénéficier d'un retour d'expérience pour l'aménagement d'autres projets de ce type.

Dans ce cadre, le milan royal mâle adulte  et une femelle adulte qui occupaient le secteur ont été capturés et équipés d’une balise Argos GPS et d'un émetteur VHF. Ils ont été baptisés Don Quichotte et Dulcinée.  En complément de l'étude portant sur la nidification des oiseaux, les équipements posés sur ces 2 adultes permettront également un suivi inédit de la migration et de l'hivernage d'un milan de cette population du nord-est de la France.

 

Depuis 2009, afin d'avoir une meilleure connaissance de l'espèce, un recensement des couples nicheurs dans les derniers bastions de l’espèce est réalisé : Alsace bossue, Jura alsacien, Sundgau et bordure est des Vosges du nord. 

 
L'espèce pouvant disparaître de la région, plusieurs actions sont en cours ou à engager à l’avenir (ces actions sont détaillées dans le Plan régional d’actions) :

  • une sensibilisation des populations concernées (agriculteurs, forestiers, chasseurs, scolaires...) est à réaliser
  • la protection des sites de nidification par voie réglementaire (APB, ZPS*, protection des massifs forestiers...) et une modification des pratiques culturales (MAE**) sont aussi à réaliser
  • une vigilance maintenue vis-à-vis des projets de parc éolien pouvant nuire aux couples nicheurs
  • le maintien du suivi de tous les sites de reproduction connus afin de connaître leur évolution.

 

Le milan royal pourrait ainsi devenir le symbole d'une campagne de promotion d'un système agricole qui reposerait sur des pratiques fondamentalement respectueuses de l'environnement, de l'homme et des animaux d'élevage, d'un tourisme vert et de la valorisation de produits locaux.

 

En savoir plus sur l'espèce

 

 *APB : Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope / ZPS : Zone de Protection Spéciale

** MAE : Mesures agri-environnementales

 

 

Présentation de l'espèce

Photo Marc SolariPhoto Marc Solari

La pie-grièche écorcheur est un migrateur transsaharien présent sur les sites de reproduction à partir de fin avril ou début mai jusqu’en août ou début septembre.

C’est un oiseau de milieux ouverts ou semi-ouverts. Les pâtures entourées de haies basses et plus ou moins envahies par les épineux sont très prisées, car riches en nourriture du fait de la présence du bétail et de leurs déjections.

 

Les coléoptères, hyménoptères et orthoptères sont particulièrement appréciés, mais d’autres invertébrés, ainsi que de petits vertébrés, entrent également dans son régime alimentaire.

Les pontes sont déposées à partir de la mi-mai, l’incubation dure 14 à 16 jours et le séjour des jeunes au nid 14 à 15 jours. Avec les pontes de remplacement, la période de ponte s’étale jusqu’au début de juillet. Des jeunes au nid sont donc parfois observés jusqu’à la fin de ce mois.

 

 

 

 

 


Statut juridique

La pie-grièche écorcheur est protégée sur l’ensemble du territoire français par l'arrêté ministériel du 29 octobre 2009 (abrogation de l’arrêté ministériel modifié du 17 avril 1981). La protection de l’habitat est dorénavant prise en compte dans son article 3-II : « Sont interdites … la destruction, l’altération ou la dégradation des sites de reproduction et des aires de repos des animaux. Ces interdictions s’appliquent aux éléments physiques ou biologiques réputés nécessaires à la reproduction ou au repos de l’espèce considérée … Â». Elle figure en Annexe I de la Directive Oiseaux et en Annexe II de la Convention de Berne. Elle est classée "A surveiller" sur la Liste Rouge des oiseaux d'Alsace.

 

Facteurs de menace

L'intensification des pratiques agricoles au cours des dernières décennies a entraîné sa régression dans de nombreux pays d'Europe occidentale. En France, malgré une population encore abondante (160 000 à 360 000 couples), elle est classée parmi les espèces "en déclin". En Alsace, elle s'est raréfiée dans de nombreuses communes, notamment en plaine, mais elle demeure bien représentée dans certains secteurs ruraux traditionnels.


Etudes menées

La pie-grièche écorcheur est une espèce bio-indicatrice d'un milieu campagnard riche et diversifié, avec des haies, des herbages et une entomofaune abondante. Sa disparition d'un site est souvent un signe d'appauvrissement de l'ensemble de l'écosystème. L'espèce constitue ainsi une sentinelle de la qualité de ces milieux ruraux traditionnels.

Photo Fabrice RoubertPhoto Fabrice Roubert
En 1998, la LPO Alsace a choisi cette espèce comme "Oiseau de l'année". Plus de 200 personnes ont participé à l'enquête et les zones prospectées on été réparties sur toute la région. Au total, 268 communes ont été prospectées ; après extrapolation, la population du département du Bas-Rhin a été estimée à environ 4200 à 5300 couples, et celle du Haut-Rhin à 2200 à 2700 couples, soit une population alsacienne de 6400 à 8000 couples (voir CICONIA 22-3, 1998).

Ce travail constitue un "point zéro" de la population et permettra, par comparaison avec des recensements ultérieurs, d'évaluer l'importance de la transformation des milieux agricoles et leurs conséquences sur l'avifaune nicheuse.

 

L’enquête a été reconduite en 2015 avec deux objectifs :

  • collecter un maximum d’observations de pies-grièches écorcheurs à travers la totalité de l’Alsace et les saisir sur le site « faune-alsace » ;
  • recenser exhaustivement l’espèce dans un grand nombre de communes, si possible des communes qui avaient déjà été prospectées lors du premier inventaire de 1998.

Les deux objectifs ont été largement atteints. Ainsi, 3 383 données de présence de pies-grièches écorcheurs ont été saisies sur «faune-alsace» au cours de l’année 2015, sur 1 280 lieux-dits de 401 communes.

Par ailleurs, l’espèce a été inventoriée de façon exhaustive sur 84 communes. La population de pies-grièches écorcheurs y a été estimée à 850 territoires (ou couples). Parmi ces communes, 30 ont été recensées en 1998 et en 2015, souvent par le même observateur. Elles couvrent une surface de 303 km2. En 2015, 288,5 territoires y ont été dénombrés contre 311,5 en 1998. On note ainsi une baisse des effectifs de 7% en 17 ans. Par exemple, en Alsace Bossue, la population de pie-grièche écorcheur des 3 communes voisines de Dehlingen, Lorentzen et Butten passe de 101 à 93 couples d’un comptage au suivant.

 

Par ailleurs, cet oiseau est suivi depuis 2005 dans le cadre du programme SIBA (Suivi d’Indicateurs de Biodiversité en Alsace). Il est dénombré de façon exhaustive dans six secteurs de la plaine, des collines sous-vosgiennes et de la montagne vosgienne, sur une surface totale de 4 298 ha. La population est passée de 209 territoires en 2005 à 169 en 2014 (-19%). Aussi la pie-grièche écorcheur figure-t-elle sur la nouvelle Liste Rouge des espèces menacées en Alsace, dans la catégorie «vulnérable».

 

Ci-dessous, les actions particulières menées par la LPO Alsace.

 

Ci-dessous, les espèces pour lesquelles des plans d'actions sont suivis par la LPO Alsace

 

La LPO Alsace, ses partenaires allemand - Naturschutzbund Baden-Würtemberg (NABU) - et suisse - Schweitzer Vogelschtutz (SVS) – ont depuis 2005 mis en place un programme trianational de « préservation des vergers et de la biodiversité associée », soutenu par les instances européennes : le fonds INTERREG. L’espèce phare de ce projet est la chevêche d’Athena (chouette chevêche).