Une grande partie des pensionnaires du centre de soins LPO pour la faune sauvage de Rosenwiller est composée de jeunes, voire très jeunes animaux. Certains oiseaux sont à peine emplumés tandis que des mammifères nous sont confiés avec encore les yeux fermés*. Si l’équipe des soigneurs est aguerrie aux méthodes permettant d’élever ces petits de manière très efficace, la question de la (re)mise en liberté a longtemps posé question. La technique dite « du taquet Â» semble aujourd’hui de loin la plus performante !

Un taquet de luxe - Photo LPO AlsaceUn taquet de luxe - Photo LPO AlsaceAutant les animaux adultes peuvent être relâchés dans la nature sans risque (pour la grande majorité des espèces, sur le lieu où ils ont été trouvés), car les techniques de chasse ou de recherche de nourriture n’ont plus de secret pour eux, autant les jeunes, privés de tout enseignement par leurs parents durant une partie plus ou moins longue de leur « enfance Â», peuvent être confrontés à bien des difficultés. Certains oiseaux consacrent en effet beaucoup de temps à transmettre leurs savoirs à leurs petits.

Les soigneurs des centres de soins ont de fait imaginé de favoriser une émancipation progressive, en se calant le plus possible sur la biologie naturelle des espèces : les soigneurs, plutôt que d'ouvrir les cages, lâcher l’animal, puis partir, préfèrent placer rapaces diurnes ou nocturnes, corvidés (choucas des tours, pies, geais…), hérissons, martres… pendant 2-3 jours dans des caisses de relâcher proches de la nature ; après ce délai, la porte est ouverte, mais de la nourriture continue de leur être proposée, au cas où les premières chasses, relevant de leur instinct acquis de manière innée, s’avèrent peu fructueuses. Une manière de leur donner un délai supplémentaire pour parfaire leur intégration dans leur nouveau milieu.

Ces caisses de relâcher, appelées « taquet Â», sont confiées à un réseau de bénévoles volontaires pour s’investir dans cette mission, et disposant d’un espace vert répondant aux exigences qui y sont inhérentes : un endroit calme, loin de routes passantes, proche de haies et d’arbres pouvant servir d’abris, etc. Il est bien sûr nécessaire de nourrir les animaux durant les 3 jours où ils sont sur place puis après que la porte soit ouverte, et d’observer minutieusement leur comportement tout en évitant qu’ils ne s’imprègnent de la présence humaine : tout un art !

Mais grâce à cette technique, les taux de relâchers réussis sont légions, pour le plus grand plaisir des soigneurs, des découvreurs, et, espérons-le, des animaux !

Les relâchers en quelques chiffres

Buses prêtes à être relâchées - Photo LPO AlsaceBuses prêtes à être relâchées - Photo LPO AlsaceEn 2021, sur les 5124 animaux réceptionnés au centre de soins de la LPO Alsace, la part des jeunes se monte à 1725 animaux.

La LPO dispose à ce jour d’un relais de 79 taquets répartis sur le territoire alsacien, destinés spécifiquement aux hérissons, rapaces nocturnes, rapaces diurnes, petits mammifères, corvidés, colombidés ; sur le site de Rosenwiller sont relâchés tous les jeunes passereaux, les jeunes écureuils et lagomorphes (lièvres, lapins..).

 

 

 

 

 

 

 

* Un certain nombre d’animaux sont ramassés dans la nature sans nécessité ; en effet, un jeune rapace ou un petit lièvre, même seul, n’est pas forcément en danger : ses parents ne sont peut-être pas loin ! Avant d’agir, le mieux est de nous contacter, nous vous guiderons dans la meilleure attitude à adopter.