Le grand ornithologue s’est éteint dans la nuit du 22 novembre des suites d’une double-pneumonie (suite à un cancer), à l’âge de bientôt 89 ans.

Il fut le plus grand ornithologue du monde francophone du XXe siècle. Paul Géroudet s’envole sans crier gare, avec son humanité, sa tolérance et sa passion. Il faisait confiance aux associations, et à la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), pour continuer à protéger la nature. Et continuer à protéger la nature, c’est vraiment le moins que nous puissions faire pour lui !

Naturaliste et écrivain, ornithologue et écologiste, militant de la première heure, la Ligue pour la Protection des Oiseaux doit énormément à Paul Géroudet. Ce Suisse francophone eut une action prépondérante en dehors de son pays, et notamment en France, pour la protection des oiseaux.

Son simple nom est mythique pour des générations d’ornithologues, et il a suscité à lui seul des centaines de vocations. Sans doute personne ne savait mieux que lui écrire sur les oiseaux, mêlant rigueur scientifique et poésie. Tous les naturalistes du monde francophone possèdent chez eux au moins un livre de Paul Géroudet.

Cet humaniste, d’une lucidité et d’une humilité hors du commun, confiait à la LPO, à travers l’Oiseau magazine, il y a un peu plus d’un an, que le devoir de sa vie avait était la protection de la nature.

Cet homme gai et drôle se disait être, parce que de nationalité suisse, un « passeur » entre les frontières : passeur de connaissances, passeur de passion et passeur d’espoir.

Il s’émerveillait devant la « diversité époustouflante du le monde des oiseaux » et il fut le  premier à traduire en français les cris et les chants des oiseaux par des syllabes et des onomatopées.

Il racontait aussi, comprenant très jeune la nécessité de protéger les oiseaux : « La première des décisions que j’ai prises fut d’adhérer à des associations. Il m’a semblé que c’était un devoir indiscutable. »

Il fut, avec Michel et Jean-François Terrasse, l’un des fondateurs du Fonds d’Intervention pour les Rapaces (FIR), qui milita pour faire voter puis appliquer la loi de protection de la nature de 1976, et qui reste à l’œuvre au sein de la LPO à travers la Mission Rapaces, qui aujourd’hui encore remporte de nombreuses victoires dans la protection de ces oiseaux.

Quand on lui demandait que faire pour que la protection de la nature devienne une véritable préoccupation pour nos sociétés occidentales, il répondait avec optimisme : « C’est un très long travail et je trouve que nous avons déjà gagné beaucoup de terrain. La seconde partie du xxe siècle a été extraordinaire de ce point de vue : le rythme du progrès dans les lois, dans les esprits ! On a réalisé des protections remarquables. Ce n’est pas suffisant, bien sûr. La fréquence des sujets traités par les médias sur l’environnement augmente d’une façon formidable. Et cette croissance a une certaine influence. Evidemment, on accordera beaucoup plus d’importance à l’élection d’une reine de beauté, mais cela a toujours été ainsi ! Il faut aussi avoir une certaine considération pour le caractère humain, tout simplement, et la diversité des hommes. »

La LPO tient à exprimer sa tristesse à tous les proches de Paul Géroudet, ainsi qu’à tous ses confrères suisses, notamment la société Romande d’Ornithologie et la revue Nos oiseaux dont il fut rédacteur en chef plus de 55 ans.



 Allain Bougrain Dubourg
Président de la LPO