Depuis plusieurs années, un groupe de naturalistes mène un inventaire permanent du patrimoine naturel de l’Ecomusée d’Alsace (EMA), dans le Haut-Rhin. En septembre 2014, une partie du site est devenue Refuge LPO, un label national qui reconnaît sa valeur écologique et sa volonté d’intervenir en faveur de la nature.

 

Le site se compose d’une mosaïque de milieux très variés sur une superficie d’environ 100ha : village et jardins, champs, forêt, rivière, roselière… Une importante trame bleue d’eaux courantes, faiblement courantes et stagnantes le traverse en reliant les différents milieux.

 


Signature de la convention Refuge LPO par les différents partenaires - Photo Philippe DefranouxSignature de la convention Refuge LPO par les différents partenaires - Photo Philippe DefranouxL’inventaire mené révèle la présence d’une biodiversité remarquable, grâce à un aménagement et une gestion adaptés au fil des 30 ans de vie de l’Ecomusée. C’est d’ailleurs dans l’esprit de Georges Henri Rivière, qui a défini l’écomusée comme étant « un musée de l’homme et de la nature où l’homme est interprété dans son milieu naturel, la nature dans sa sauvagerie, mais aussi telle que la société l’a adaptée à son usage» que l’EMA met en valeur son patrimoine naturel, faune, flore et fonge. Cette démarche novatrice a permis à un patrimoine naturel de se trouver érigé au rang de « patrimoine » dans un « Musée de France ».
L’EMA est par ailleurs engagé dans un projet global intitulé « la nature au village ». Celui-ci permet de mettre en valeur la richesse du site et de la partager avec les visiteurs, pour une émulation et un partage d’expérience et de savoir en faveur de la biodiversité.


La sterne pierregarin niche à l'Ecomusée - Photo Marc SolariLa sterne pierregarin niche à l'Ecomusée - Photo Marc SolariUne des réalisations récentes, l’exposition « pavillon du jardinier idéal », installé au pavillon Ribeauvillé, présentait l’art et la manière de vivre en harmonie avec une multitude d’espèces, en leur offrant le gîte et le couvert.  


Un tel engagement en faveur de la nature a incité l’EMA à rejoindre le réseau des Refuges LPO, ce que la LPO Alsace a bien sûr validé. La réception officielle en a été organisée dans le pavillon « Ribeauvillé », à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine, le 21 septembre 2014, dont le thème était cette année, justement, « patrimoine culturel, patrimoine naturel ». 40 ha de terrain sont désormais classés Refuge LPO ! Elle a été orchestrée par Yves Muller, président de la LPO Alsace et d’ODONAT (Office des DOnnées NATuralistes), en compagnie de Jacques Rumpler et Eric Jacob, respectivement président et directeur de l’EMA, de Marie-Blandine Ernst, chargée des collections du musée, de représentants des associations régionales et de la corporation des naturalistes de l’Ecomusée.


Zoom sur la biodiversité de l’EMA
Au 21 septembre 2014, 2687 espèces ou taxons (faune, flore et fonge) ont été inventoriés (et pour la plupart photographiés) :

  • Champignons : 571Sympétrum du Piémont - Photo Jean-Marc BronnerSympétrum du Piémont - Photo Jean-Marc Bronner
  • Plantes : 594 (471 sauvages et 123 cultivées)
  • Mammifères : 48 (37 sauvages dont 8 Chauves-souris et 11 domestiques)
  • Oiseaux : 136 (dont 9 d’élevage ou introduits)
  • Batraciens : 10 (dont 1 espèce introduite)
  • Reptiles : 6 (dont 1 espèce introduite)
  • Poissons : 13
  • Arthropodes : 1309 dont 1141 insectes et 135 arachnides
  • Insectes : 1141
  • Arachnides : 135

L'Ecomusée accueille des habitats très favorables à la biodiversité - Photo Annick KieslerL'Ecomusée accueille des habitats très favorables à la biodiversité - Photo Annick Kiesler

L’inventaire met en avant la présence de nombreuses espèces inscrites en liste rouge ou bénéficiant d’une protection nationale ; il permet de cibler les milieux qui méritent une attention toute particulière, notamment des milieux devenus rares, tels que des champs avec des fossés d’eau faiblement courante ou des lisières de hautes herbes. Autant de micro-sites, où des espèces rares en Alsace trouvent leurs exigences, comme l’agrion de mercure, le sympétrum du Piémont, le rat des moissons...

 

Rappelons que ces inventaires sont menés par la corporation des naturalistes de l’Ecomusée, forte d’une vingtaine de membres, dont certains sont d’excellents photographes. Toutes les observations sont transmises à ODONAT et contribuent à l’élaboration des différents atlas de la faune alsacienne.