Un coureur et un cycliste ont récemment été pris pour cibles par des buses variables dans le Bas-Rhin, deux évènements largement décrits et repris dans l’ensemble des médias alsaciens. Alors que les morsures par chien représentent 500 000 cas par an, avec des dizaines de milliers d’hospitalisations, les rares mésaventures avec la faune sauvage choquent beaucoup le public – et défrayent les chroniques.

Il ne s’agit pourtant en soi pas d’attaques, mais d’une réaction de défense que les buses, comme d’autres espèces d’oiseaux, déploient lorsqu’elles sentent un danger approcher. Chez les rapaces mais aussi chez les sternes, la défense du nid contre les prédateurs représente en effet une stratégie comportementale particulièrement développée, qui fait partie du soin à la nichée. Le phénomène, dirigé essentiellement contre les prédateurs naturels aériens (oiseaux) ou terrestres (mammifères) peut également, dans de rares cas, concerner les êtres humains, lorsque ceux-ci sont assimilés à un prédateur potentiel. La plupart du temps, les buses se contentent d'attaques simulées ; les contacts physiques sont mentionnés dans moins de 1% des comportements de défense du nid. En Alsace, où la population de buses est estimée entre 3000 et 3500 couples (rappelons que l’espèce a frôlé l’extinction dans les années 30 en raison d’une politique d’éradication des rapaces), ces attaques représentent moins de 5 cas par an…

Buses variables - Photo Vicent MichelBuses variables - Photo Vicent Michel

 

Un nombre d’attaques en augmentation ?

Les buses affectionnent les milieux semi-ouverts et les zones du Piémont, précisément là où se concentrent les populations humaines : la cohabitation est donc fréquente. Depuis les années 90, la randonnée, la course à pied et le cyclisme ont connu un essor considérable : la mise en place de circuits créant une plus grande proximité entre la faune sauvage et les promeneurs a augmenté la probabilité de passer à côté d’un nid et, par voie de conséquence, de provoquer une réponse agressive. Même si la grande majorité des buses se « contente Â» d’alarmer, il ne faut pas mésestimer les différences individuelles, qui existent dans toutes espèces vivantes. On ne note toutefois aucun cas d’attaque dans les zones urbanisées, ce qui tend à souligner les qualités cognitives des oiseaux et leurs capacités de s’habituer à la présence des hommes.

 

 

Comment réagir ?

Buse variable - photo Pierre MatzkeBuse variable - photo Pierre MatzkeDans le secteur d’une buse « agressive Â», qui risque de provoquer des éraflures sur le cuir chevelu et le visage, la meilleure réaction est tout simplement l’évitement. Signaler sa présence en précisant la période durant laquelle il convient de ne pas emprunter les chemins permet de laisser l’animal en paix durant la saison d'élevage des jeunes (mai et juin essentiellement) et de s’épargner des rencontres désagréables. Dans certains cas, la mise en place de panneaux de sensibilisation prévenant les usagers et leur donnant des conseils a fait ses preuves.

Si vous êtes témoin de ce comportement, merci de nous contacter afin que nous puissions mettre en Å“uvre les mesures les plus adaptées pour que la cohabitation se passe au mieux !

A l’heure où la technologie permet une diffusion rapide et démultipliée de l’information, pouvant mener à un sentiment de récurrence, il est important de rester objectif, et de ne pas exagérer le nombre et la portée des cas d’attaques. Les citadins, pénétrant un milieu naturel qui n’est qu’un terrain de jeu pour eux et qu’ils ne connaissent pas, en ont facilement peur. Au final, ces cas d’attaques représentent à l'échelle nationale une quantité négligeable par rapport à bien d’autres dangers de la vie quotidienne (piqûres d’insectes graves - 2000 cas/an - , maladie de Lyme - 15000 cas/an - , morsures de chiens graves - 60000 cas/an - ,…).