EspÚces protégées, chassables, ESOD, envahissantes : quelle différence ?
EspÚces protégées - espÚces sans statut - espÚces chassables (gibier) - espÚces susceptibles d'occasionner des dégùts (ESOD) - espÚces envahissantes - infractions
Les espÚces sauvages sont classées dans différentes catégories, avec des statuts juridiques bien identifiés. Ces classements sont graduels, allant du plus au moins protecteur : espÚces protégées, espÚces sans statut, espÚces susceptibles d'occasionner des dégùts - ESOD (anciennement nuisibles) -, espÚces exotiques envahissantes. Ces statuts définissent dans quelle mesure l'homme peut intervenir ou pas sur ces espÚces. A partir d'une liste établie à l'échelle nationale, le préfet de région peut ajuster ces statuts aux réalités de son territoire, en concertation avec diverses instances, dont, notamment, les fédérations de chasseurs et les associations de protection de la nature, dont la LPO Alsace fait partie.
En Alsace, les espĂšces protĂ©gĂ©es sont celles figurant sur la liste de l'arrĂȘtĂ© ministĂ©tiel du 29 octobre 2009, qui s'ajoute Ă la Loi de 1976 sur la protection des espĂšces.
En savoir plus sur les espÚces protégées
Certaines espÚces n'ont pas de statut juridique : elles ne sont donc par définition pas chassables, mais ne bénéficient pas pour autant d'une protection totale.
En effet, si l'animal en lui-mĂȘme ne peut ĂȘtre tuĂ©, son habitat peut l'ĂȘtre, contrairement aux espĂšces protĂ©gĂ©es. Par exemple, dans le Bas-Rhin, le blaireau d'Europe a Ă©tĂ© retirĂ© de la liste des espĂšces chassables en 2004, suite Ă quoi il se retrouve "sans statut". Il est en de mĂȘme pour de nombreuses espĂšces d'oiseaux (voir paragraphe ci-dessous).
EspĂšces chassables (ou gibier)
De nombreuses espÚces ne figurent pas sur la liste des espÚces chassables en Alsace, grùce à l'intervention de la LPO Alsace. Chaque Préfet dresse annuellement la liste des espÚces chassables dans son département, et les modalités de leur chasse. Ces listes sont disponibles sur les sites des Fédérations départementales de chasseurs :
Bas-Rhin : http://fdc67.fr/publications/
Haut-Rhin : http://www.federation-chasseurs-haut-rhin-68.fr/reglementation/
En savoir plus sur les espÚces chassables, les lieux de chasse, les modes de chasse, les périodes de chasse et les battues.
Télécharger le tableau des espÚces chassables - sans statut en ALSACE
EspÚces susceptibles d'occasionner des dégùts (ESOD) - anciennement " nuisibles "
Dans chaque dĂ©partement, le PrĂ©fet et le ministre de l'environnement dĂ©terminent les ESOD (voir article 2 du dĂ©cret ministĂ©riel du 30/09/88), en fonction de la situation locale et pour lâun des motifs suivants : lâintĂ©rĂȘt de la santĂ© et de la sĂ©curitĂ© publiques, la prĂ©vention des dommages aux activitĂ©s agricoles, forestiĂšres et aquacoles ou la protection de la flore et de la faune.
EspÚces classées ESOD en Alsace
- La fouine, le renard roux, le corbeaux freux et la corneille noire dans le Bas-Rhin,
- Le corbeau freux et la corneille noire dans le Haut-Rhin, et le renard roux sur les communes de Ribeauvillé, Bergheim, Guémar, Zellenberg, Beblenheim, Ostheim, Benwhir, Houssen, Colmar, Grussenheim, Jebsheim, Holtzwhir, Horbourg-Wihr, Wickerschwihr, Muntzenheim, Fortschwihr, Andolsheim, Sundhoffen, Durrenentzen, Kunheim, Biesheim, Volgelsheim, Agolsheim et Obersaasheim.
en vertu de lâarrĂȘtĂ© ministĂ©riel du 3 juillet 2019 (valable 3 ans).
La pie bavarde n'est plus classée nuisible dans le Haut-Rhin depuis fin 2017 et plus dans le Bas-Rhin depuis le 3 juillet 2019.
Cas particulier : les espĂšces exotiques envahissantes
Deux espĂšces d'oiseaux non indigĂšnes peuvent faire l'objet de destruction par tir :
- l'ouette d'Egypte : dans le Bas-Rhin, l'espÚce est chassable par les titulaire d'un permis de chasse du 15 avril au dernier jour de février. Les agents assermentés peuvent la détruire par tir toute l'année. Dans le Haut-Rhin, elle est tirable du 1er octobre au 1er février.
- la bernache du Canada : l'espĂšce est aussi classĂ©e dans les ESOD. Elle est tirable durant toute cette pĂ©riode par des agents assermentĂ©s uniquement, sur tout le dĂ©partement du Bas-Rhin. TĂ©lĂ©charger l'arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral pour la saison 2020-2021.
Si vous ĂȘtes tĂ©moin du non-respect de lâun de ces arrĂȘtĂ©s, vous pouvez en faire part au Maire ou Ă toute personne assermentĂ©e, notamment aux gardes de lâOffice Français de la BiodiversitĂ© (OFB), qui constatera les faits et dressera un procĂšs-verbal. Vous pouvez ensuite en informer la LPO Alsace, qui a la compĂ©tence de porter plainte et de se constituer partie civile.
Le versement dâune amende et/ou de dommages et intĂ©rĂȘts peut alors ĂȘtre exigĂ©e par le tribunal compĂ©tent.
Réglementation nationale
Trois textes de loi sont primordiaux dans la protection de l'environnement :
- l'article L.411-1 du code de l'Environnement
- l'arreÌteÌ fixant la liste des oiseaux proteÌgeÌs sur l'ensemble du territoire entrĂ© en vigueur le 19 Mai 1981
- l'arrĂȘtĂ© du 29 octobre 2009 fixant la liste des oiseaux protĂ©gĂ©s sur le territoire national et les modalitĂ©s de leur protection.
- l'arrĂȘtĂ© du 30 juillet 2010 interdisant sur le territoire mĂ©tropolitain l'introduction dans le milieu naturel de certaines espĂšces d'animaux vertĂ©brĂ©s
Loi n° 76-629 du 10 juillet 1976
La Loi de protection de la nature votĂ©e en 1976 reste aujourdâhui encore un texte de rĂ©fĂ©rence. Il comprend 43 articles, rĂ©partis sur 6 chapitres :
- la protection de la faune et la flore,
-
la protection de lâanimal
-
les réserves naturelles
-
la protection des espaces boisés
-
les dispositions pénales
-
les dispositions diverses
En voici quelques extraits (voir texte complet) :
Art. 1er.
La protection des espaces naturels et des paysages, la prĂ©servation des espĂšces animales et vĂ©gĂ©tales, le maintien des Ă©quilibres biologiques auxquels ils participent et la protection des ressources naturelles contre toutes les causes de dĂ©gradation qui les menacent sont d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral.
Il est du devoir de chacun de veiller Ă la sauvegarde du patrimoine naturel dans lequel il vit. Les activitĂ©s publiques ou privĂ©es d'amĂ©nagement, d'Ă©quipement et de production doivent se conformer aux mĂȘmes exigences. La rĂ©alisation de ces objectifs doit Ă©galement assurer l'Ă©quilibre harmonieux de la population rĂ©sidant dans les milieux urbains et ruraux.
Chapitre Ier : De la protection de la faune et de la flore
Art. 3
Lorsqu'un intĂ©rĂȘt scientifique particulier ou que les nĂ©cessitĂ©s de la prĂ©servation du patrimoine biologique national justifient la conservation d'espĂšces animales non domestiques ou vĂ©gĂ©tales non cultivĂ©es, sont interdits :
- la destruction ou l'enlĂšvement des oeufs ou des nids, la mutilation, la destruction, la capture ou l'enlĂšvement, la naturalisation d'animaux de ces espĂšces ou, qu'ils soient vivants ou morts, leur transport, leur colportage, leur utilisation, leur mise en vente, leur vente ou leur achat ;
- la destruction, la coupe, la mutilation, l'arrachage, la cueillette ou l'enlÚvement de végétaux de ces espÚces ou de leurs fructifications, leur transport, leur colportage, leur utilisation, leur mise en vente, leur vente ou leur achat ;
- la destruction, l'altération ou la dégradation du milieu particulier à ces espÚces animales ou végétales ;
-
la destruction des sites contenant des fossiles permettant d'étudier l'histoire du monde vivant ainsi que les premiÚres activités humaines.
Art. 5.
La production, la dĂ©tention, la cession Ă titre gratuit ou onĂ©reux, l'utilisation, le transport, l'introduction quelle qu'en soit l'origine, l'imposition sous tous rĂ©gimes douaniers, l'exportation, la rĂ©exportation de tout ou partie d'animaux d'espĂšces non domestiques et de leurs produits ainsi que des vĂ©gĂ©taux d'espĂšces non cultivĂ©es et de leurs semences ou parties de plantes, dont la liste est fixĂ©e par arrĂȘtĂ©s conjoints du ministre chargĂ© de la protection de la nature et, en tant que de besoin, du ou des ministres compĂ©tents, s'ils en font la demande, doivent faire l'objet d'une autorisation dĂ©livrĂ©e dans les conditions et selon les modalitĂ©s fixĂ©es par un dĂ©cret en Conseil d'Etat.
Chapitre III : Des réserves naturelles
Art. 16.
Des parties du territoire d'une ou de plusieurs communes peuvent ĂȘtre classĂ©es en rĂ©serve naturelle lorsque la conservation de la faune, de la flore, du sol, des eaux, des gisements de minĂ©raux et de fossiles et, en gĂ©nĂ©ral, du milieu naturel prĂ©sente une importance particuliĂšre ou qu'il convient de les soustraire Ă toute intervention artificielle susceptible de les dĂ©grader. Le classement peut affecter le domaine public maritime et les eaux territoriales françaises.
Sont prises en considération à ce titre :
- la préservation d'espÚces animales ou végétales et d'habitats en voie de disparition sur tout ou partie du territoire national ou présentant des qualités remarquables ;
- la reconstitution de populations animales ou végétales ou de leurs habitats ;
- la conservation des jardins botaniques et arboretums constituant des réserves d'espÚces végétales en voie de disparition, rares ou remarquables ;
- la préservation de biotopes et de formations géologiques, géomorphologiques ou spéléologiques remarquables ;
- la préservation ou la constitution d'étapes sur les grandes voies de migration de la faune sauvage ;
- les études scientifiques ou techniques indispensables au développement des connaissances humaines ;
-
la prĂ©servation des sites prĂ©sentant un intĂ©rĂȘt particulier pour l'Ă©tude de l'Ă©volution de la vie et des premiĂšres activitĂ©s humaines.
Art. 23.
Les territoires classĂ©s en rĂ©serve naturelle ne peuvent ĂȘtre ni dĂ©truits, ni modifiĂ©s dans leur Ă©tat ou dans leur aspect, sauf autorisation spĂ©ciale du ministre chargĂ© de la protection de la nature dĂ©livrĂ©e selon des modalitĂ©s fixĂ©es par dĂ©cret en Conseil d'Etat prĂ©voyant notamment la consultation prĂ©alable des organismes compĂ©tents.
Art. 24.
Afin de protĂ©ger, sur les propriĂ©tĂ©s privĂ©es, les espĂšces de la flore et de la faune sauvage prĂ©sentant un intĂ©rĂȘt particulier sur le plan scientifique et Ă©cologique, les propriĂ©taires peuvent demander que celles-ci soient agréées comme rĂ©serves naturelles volontaires par le ministre chargĂ© de la protection de la nature aprĂšs consultation de toutes les collectivitĂ©s locales intĂ©ressĂ©es.
Un décret en Conseil d'Etat précise la durée de l'agrément, ses modalités, les mesures conservatoires dont bénéficient ces territoires ainsi que les obligations du propriétaire, notamment en matiÚre de gardiennage et de responsabilité civile à l'égard des tiers.
Les dispositions pénales prévues au chapitre V s'appliquent à ces réserves.
Chapitre VI : Dispositions diverses
Art. 40.
Les associations réguliÚrement déclarées et exerçant, depuis au moins trois ans, leurs activités statutaires dans peuvent faire l'objet d'un agrément du ministre chargé de la protection de la nature et de l'environnement.
Les associations ainsi agréées sont appelées à participer à l'action des organismes publics ayant pour objet la protection de la nature et de l'environnement.
Toute association ayant le mĂȘme objet peut engager des instances devant les juridictions administratives pour tout grief se rapportant Ă celui-ci.
En outre, les associations agréées peuvent exercer les droits reconnus Ă la partie civile en ce qui concerne les faits constituant une infraction aux articles 3, 4, 5, 6, 7, 18, et portant un prĂ©judice direct ou indirect aux intĂ©rĂȘts collectifs qu'elles ont pour objet de dĂ©fendre.
Article L.411-1 du code de l'Environnement
« Lorsquâun intĂ©rĂȘt scientifique particulier ou que les nĂ©cessitĂ©s de la prĂ©servation du patrimoine biologique justifient la conservation dâespĂšces animales non domestiques ou vĂ©gĂ©tales non cultivĂ©es sont interdits :
la destruction ou lâenlĂšvement des Ćufs ou des nids, la mutilation, la destruction, la capture ou lâenlĂšvement, la perturbation intentionnelle, la naturalisation dâanimaux de ces espĂšces quâils soient vivants ou morts, leur transport, leur colportage, leur utilisation, leur dĂ©tention, leur mise en vente, leur vente ou leur achat. »
En France, le statut juridique des oiseaux sauvages dĂ©pend de plusieurs rĂ©glementations distinctes par leurs objectifs et les administrations qui les mettent en application. On diffĂ©renciera les oiseaux selon quâils sont protĂ©gĂ©s, intĂ©gralement ou partiellement, ou quâils ne le sont pas.
Parmi les oiseaux non protĂ©gĂ©s, on distingue les oiseaux chassables, les espĂšces dites nuisibles, auxquelles sâajoutent les espĂšces « oubliĂ©es » de la rĂ©glementation et baptisĂ©es « sans statut » car elles nâappartiennent, Ă ce jour, Ă aucune des catĂ©gories prĂ©citĂ©es.
Oiseaux intégralement protégés.
Le texte de loi prĂ©citĂ© sâapplique strictement.
Oiseaux partiellement protégés
Les interdictions sont identiques aux espĂšces intĂ©gralement protĂ©gĂ©es, elles sâappliquent partout et en permanence, Ă certaines exceptions prĂšs pour 10 espĂšces (voir la liste des espĂšces protĂ©gĂ©es en Alsace) ; des dĂ©rogations (ex. : prĂ©lĂšvement des Ćufs et/ou des poussins au nid) peuvent ĂȘtre accordĂ©es.
Cas particulier : transport dâoiseaux blessĂ©s
Le transport des oiseaux blessĂ©s protĂ©gĂ©s par la loi est en principe interdit sauf pour les faire parvenir au centre de sauvegarde de la Faune Sauvage. En cas de contrĂŽle, Ă©tant donnĂ© lâurgence et pour Ă©viter toute mise en situation irrĂ©guliĂšre, il convient de signaler prĂ©alablement le transport Ă la PrĂ©fecture (service faune), au service vĂ©tĂ©rinaire de la DDAF, Ă la gendarmerie ou aux Gardes Nationaux de la Chasse et de la Faune Sauvage.
Oiseaux non protégés
Voir rubrique : espĂšce nuisibles et gibier
Infraction
Toute infraction au respect de la loi est passible dâamende et/ou de dommages et intĂ©rĂȘts.
La réglementation concernant les oiseaux et leur statut est disponible dans la revue
« Le statut des oiseaux sauvages en France » disponible à la boutique LPO France.
L'arrĂȘtĂ© du 17 avril 1981
Cet arrĂȘtĂ© fixe la liste des espĂšce d'oiseaux protĂ©gĂ©es sur l'ensemble du territoire national.
Voir la liste des espÚces protégées sur le territoire
Il se dĂ©cline par dĂ©partement sur arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral.
Voir la liste des espÚces protégées en Alsace
Article 1er
Le prĂ©sent arrĂȘtĂ© sâapplique aux oiseaux non domestiques des espĂšces dont les listes figurent aux articles 3 et 4.
Article 3
Pour les espĂšces dâoiseaux dont la liste est fixĂ©e ci-aprĂšs :
I. â Sont interdits sur tout le territoire mĂ©tropolitain et en tout temps:
- la destruction intentionnelle ou lâenlĂšvement des oeufs et des nids ;
- la destruction, la mutilation intentionnelles, la capture ou lâenlĂšvement des oiseaux dans le milieu naturel ;
- la perturbation intentionnelle des oiseaux, notamment pendant la pĂ©riode de reproduction et de dĂ©pendance, pour autant que la perturbation remette en cause le bon accomplissement des cycles biologiques de lâespĂšce considĂ©rĂ©e.
II. â Sont interdites sur les parties du territoire mĂ©tropolitain oĂč lâespĂšce est prĂ©sente ainsi que dans lâaire de dĂ©placement naturel des noyaux de populations existants la destruction, lâaltĂ©ration ou la dĂ©gradation des sites de reproduction et des aires de repos des animaux. Ces interdictions sâappliquent aux Ă©lĂ©ments physiques ou biologiques rĂ©putĂ©s nĂ©cessaires a` la reproduction ou au repos de lâespĂšce considĂ©rĂ©e, aussi longtemps quâils sont effectivement utilisĂ©s ou utilisables au cours des cycles successifs de reproduction ou de repos de cette espĂšce et pour autant que la destruction, lâaltĂ©ration ou la dĂ©gradation remette en cause le bon accomplissement de ces cycles biologiques.
III. â Sont interdits sur tout le territoire national et en tout temps la dĂ©tention, le transport, la naturalisation, le colportage, la mise en vente, la vente ou lâachat, lâutilisation commerciale ou non des spĂ©cimens dâoiseaux prĂ©levĂ©s :
- dans le milieu naturel du territoire métropolitain de la France, aprÚs le 19 mai 1981 ;
-
dans le milieu naturel du territoire europĂ©en des autres Etats membres de lâUnion europĂ©enne, aprĂšs la date dâentrĂ© en vigueur dans ces Etats de la directive du 2 avril 1979 susvisĂ©e.
Ce qu'il faut en retenir :
DĂ©sormais sont donc Ă©galement interdites, en plus de celles des individus eux-mĂȘmes, les destructions (dĂ©gradations ou altĂ©rations) des sites de reproduction et de repos de toutes les espĂšces protĂ©gĂ©es, mais⊠Lâarticle 3 de cet arrĂȘtĂ© comporte deux Ă©lĂ©ments tout Ă fait nouveaux, mais sujets Ă polĂ©mique : alors que jusquâĂ prĂ©sent, la destruction des individus ou de leur nid Ă©tait interdite de fait, il est dĂ©sormais prĂ©vu que cette destruction doit ĂȘtre intentionnelle. La difficultĂ© rĂ©side alors dans le fait de prouver que lâintention existait bel et bien. Les auteurs pourront arguer que la destruction nâĂ©tait pas voulue. Cela suppose donc de la part des sympathisants LPO que toute vellĂ©itĂ© de destruction connue (ravalement de façades, arrachages dâarbre ou de haies) doit ĂȘtre prĂ©cĂ©dĂ©e dâun courrier recommandĂ© informant la prĂ©sence dâaire de nids dâespĂšces protĂ©gĂ©es, afin que les personnes soient averties.
Ce premier alinĂ©a est cependant contrebalancĂ© par le deuxiĂšme alinĂ©a, qui prĂ©cise que sont dĂ©sormais interdites « lâaltĂ©ration ou la dĂ©gradation des sites de reproduction et des aires de repos des animaux ». Tout milieu abritant des nids dâespĂšces protĂ©gĂ©es ne pourra dĂ©sormais plus ĂȘtre dĂ©truit â peuvent donc ĂȘtre compris les arbres, les haies, les prairies, les roseliĂšres, les marais, etc. Cependant, il est Ă©galement prĂ©cisĂ© que, si « ces interdictions sâappliquent aux Ă©lĂ©ments physiques ou biologiques rĂ©putĂ©s nĂ©cessaires Ă la reproduction ou au repos de lâespĂšce considĂ©rĂ©e », elles ne peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme telles quâ « aussi longtemps quâils (les Ă©lĂ©ments physiques) sont effectivement utilisĂ©s ou utilisables au cours des cycles successifs de reproduction ou de repos de cette espĂšce et pour autant que la destruction, lâaltĂ©ration ou la dĂ©gradation remette en cause le bon accomplissement de ces cycles biologiques ». Ceci reviendrait Ă penser que les sites accueillant des espĂšces communes qui peuvent facilement trouver une autre aire de reproduction, comme le merle ou la mĂ©sange, ne seraient pas concernĂ©s, ou que des sites oĂč la reproduction nâest plus avĂ©rĂ©e ou ne peut ĂȘtre avĂ©rĂ©e peuvent ĂȘtre dĂ©truits.
Lâaccent doit donc ĂȘtre particuliĂšrement mis sur lâensemble des espĂšces sensibles trĂšs liĂ©es Ă un habitat particulier : par exemple le courlis cendrĂ©, la chevĂȘche dâAthĂ©na, le grand tĂ©tras⊠Par ailleurs, pour pouvoir ester en justice, il faut que la nidification soit constatĂ©e par un agent assermentĂ© (agents de lâOffice National de la Chasse et de la Faune Sauvage, des Brigades Vertes, de lâOffice National des ForĂȘts, etc.). Les premiĂšres affaires vont prochainement ĂȘtre dĂ©fendues par la LPO France. La jurisprudence devra prĂ©ciser les diffĂ©rentes dispositions.
Cet arrĂȘtĂ© fixe les interdits sur le territoire de l'introduction dans le milieu naturel de certaines espĂšces dâanimaux vertĂ©brĂ©s.
Article 1
Au sens du prĂ©sent arrĂȘtĂ©, on entend par « spĂ©cimen vivant » tout Ćuf ou animal vivant.
Article 2
Est interdite sur tout le territoire mĂ©tropolitain et en tout temps lâintroduction dans le milieu naturel, volontaire, par nĂ©gligence, ou par imprudence, des spĂ©cimens vivants dâanimaux vertĂ©brĂ©s suivantes (sâagissant des oiseaux) :
- Bernache du Canada (Branta canadensis)
- Ouette dâEgypte (Alopochen aegyptiacus)
- Perruche Ă collier (Psittacula krameri)
Article 3
Des dĂ©rogations aux interdicgtion fixĂ©es Ă lâarticle 2 peuvent ĂȘtre accordĂ©es dans les conditions prĂ©vues aux articles L.411 du code de lâenvironnement.
ArrĂȘtĂ©s prĂ©fectoraux (vignes, brĂ»lis, haies)
La LPO Alsace a obtenu la signature dâarrĂȘtĂ©s prĂ©fectoraux dans les deux dĂ©partements alsaciens, permettant une meilleure protection de lâavifaune et concernant les filets de vignes, les travaux sur les haies et la pratique des brĂ»lis de friches.
Voici les principales dispositions de ces arrĂȘtĂ©s. LâintĂ©gralitĂ© de ces textes (dispositions spĂ©cifiques, dĂ©rogations, âŠ) est disponible dans les mairies et auprĂšs des Directions DĂ©partementales de lâAgriculture et de la ForĂȘt (DDAF) sur simple demande.
Filets de vigne - Haies - Brûlis
Extrait de lâArrĂȘtĂ© N° 940342 du 7 mars 1994 dans le Haut-Rhin (celui du 7 juillet 1994 dans le Bas-Rhin prĂ©sente des dispositions similaires) :
Filet de vignes adaptĂ© - Photo LPO Alsace" Les filets utilisĂ©s pour la protection des cultures et du vignoble devront ĂȘtre conformes aux caractĂ©ristiques suivantes :
- ĂȘtre constituĂ©s par des fils dâau moins 1 mm de section
- ĂȘtre dotĂ©s de mailles de moins de 3 cm de cĂŽtĂ©
- ĂȘtre de couleur bleue
Les filets de protection devront ĂȘtre posĂ©s de la maniĂšre suivante :
- si le filet est composĂ© de plusieurs piĂšces, ces piĂšces devront se recouvrir ou ĂȘtre agrafĂ©es
- les bords du filet seront fixĂ©s au sol et les excĂšs de filet rabattus vers lâintĂ©rieur de la parcelle
- les filets devront ĂȘtre relevĂ©s dĂšs la fin des rĂ©coltes "
Voir également les actions de la LPO Alsace
Extrait des ArrĂȘtĂ©s prĂ©fectoraux du 15 mars 2002 (Bas-Rhin) et du 7 mai 2012 (Haut-Rhin) :
Paysage bocager prĂ©servĂ© - Photo Nicolas Buhrel" Sur lâensemble des dĂ©partements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, il est interdit Ă quiconque dâeffectuer tous travaux (destruction, entretien) sur les haies pendant la pĂ©riode allant du 15 mars au 31 juillet inclus".
Dans le Haut-Rhin, il est aussi précisé qu' "il y est également interfit, toute l'année, l'utilisation de désherbants chimiques".
"Est considĂ©rĂ©e comme haie : un petit groupe dâarbustes et dâarbres, de longueur et hauteur variables, de largeur faible (infĂ©rieure Ă 30m) enclavĂ©s dans des prairies, champs ou vignes. La haie peut ĂȘtre accolĂ©e Ă un Ă©lĂ©ment fixe, linĂ©aire du paysage (voie de communication, chemin, route, voie ferrĂ©e ou cours dâeau). Voir lâarrĂȘtĂ© complet pour les dĂ©rogations possibles. "
Notons toutefois que cet arrĂȘtĂ© concerne l'espace rural, et pas les particuliers ni leur terrain privĂ©. Il reste Ă©vident que la destruction et/ou l'entretien de haies, par exemple dans un jardin, en pleine pĂ©riode de reproduction, est particuliĂšrement nĂ©faste pour la faune sauvage. Mais seule la loi relative Ă la protection des espĂšces protĂ©gĂ©es (et, par ricochet, de leur nid) pourrait ĂȘtre invoquĂ©e pour faire stopper ces destructions (la prĂ©sence de ces nids devant prĂ©alablement ĂȘtre constatĂ©e par un agent assermentĂ©).
Voir également les actions de la LPO Alsace
Bas-Rhin
Extrait de l'ArrĂȘtĂ© du 16 mars 2009 abrogeant celui du 27 fĂ©vrier 1997 (Bas-Rhin)
Sur la pĂ©riode du 01 janvier au 15 mai, il est interdit Ă quiconque dâincinĂ©rer des vĂ©gĂ©taux sur pied Ă moins de 200 mĂštres des bois, des forĂȘts, plantations et reboisements.
Le reste de lâannĂ©e, les propriĂ©taires et leurs ayants droit pourront procĂ©der Ă des incinĂ©rations de vĂ©gĂ©taux sur pied Ă moins de 200 mĂštres des terrains mentionnĂ©s prĂ©cĂ©demment sous respect des conditions suivantes :
- obligation de dĂ©poser 48h Ă lâavance en mairie une dĂ©claration Ă©crite prĂ©cisant la situation des terrains oĂč doit ĂȘtre pratiquĂ©e lâincinĂ©ration, ainsi que la date et lâheure de la mise Ă feu
- obligation de solliciter lâautorisation Ă©crite de propriĂ©taires forestiers ou de leurs reprĂ©sentants lĂ©gaux, pour toute incinĂ©ration sur des terrains situĂ©s Ă moins de 200m des forĂȘts
- obligation de surveiller lâopĂ©ration avec du matĂ©riel de lutte contre les incendies
- obligation de nâallumer les feux que par temps calme, aprĂšs le lever du soleil et de les Ă©teindre avant la nuit
- obligation de procĂ©der par tranches successives pour lâincinĂ©ration des grandes surfaces
- obligation de prĂ©venir le Centre OpĂ©rationnel DĂ©partemental des Services Incendies le jour mĂȘme du lieu et de l'heure Ă laquelle auront lieux les opĂ©rations.
Haut-Rhin
Extrait de l'arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral du 14 fĂ©vrier 1997 :
" Il est interdit dâincinĂ©rer des vĂ©gĂ©taux sur pied et des chaumes, en quelque lieu que ce soit" :
Des dérogations sont possibles du 1/12 au 15/3 en zone de montagne selon des prescriptions suivantes :
- obligation de déclaration préablable à la mairie, avec indication des dates et heures probables de l'incinération ainsi que des terrains concernés ;
- obligation de coupe préalable et de ramassage en tas ou en andains, avant incinération dans un délais de 15j suivant ces opérations ;
- obligation de nâallumer les feux que par temps calme, entre le lever du soleil et 16h ;
- obligation de procĂ©der par tranches successives pour lâincinĂ©ration des grandes surfaces ;
- obligation de respecter une distance de 50m par rapport aux bĂątiments, vignes, vergers, haies, etc, de 100m par rapport aux agglomĂ©rations et de 200m par rapport aux forĂȘts ;
- obligation de présence pendant l'incinération avec le matériel et les personnes necessaires pour maßtriser une éventuelles extension de l'incendie.
TĂ©lĂ©charger l'arrĂ©tĂ© prĂ©fectoral 67 - TĂ©lĂ©charger l'arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral 68
Voir également les actions de la LPO Alsace
En cas de non-respect de ces arrĂȘtĂ©s prĂ©fectoraux
Si vous ĂȘtes tĂ©moin du non-respect de lâun de ces arrĂȘtĂ©s, vous pouvez en faire part au maire ou Ă toute personne assermentĂ©e, notamment un garde de lâOffice National de la Chasse et la Faune Sauvage (ONCFS), qui constatera les faits et dressera un procĂšs verbal. Vous pouvez ensuite en informer la LPO Alsace, qui a la compĂ©tence de porter plainte et de se constituer partie civile.
Le contrevenant peut ĂȘtre condamnĂ© Ă une amende et/ou au versement de dommages et intĂ©rĂȘts.
Réglementation internationale
Natura 2000
Natura 2000 est un ensemble de sites naturels situés en Europe, identifiés pour la rareté ou la fragilité des espÚces sauvages animales ou végétales et de leurs habitats. L'approche proposée privilégie la recherche, en général collective, d'une gestion équilibrée et durable en tenant compte des préoccupations économiques et sociales. C'est reconnaßtre que l'état de la nature est indissociable de l'évolution des activités économiques et plus largement, de l'organisation de la société.
Préserver les espÚces sauvages, c'est avant tout protéger et gérer les habitats essentiels à leur vie et à leur reproduction. Maintenir les habitats naturels, c'est promouvoir les activités humaines et les pratiques qui ont permis de les forger puis de les sauvegarder, en conciliant les exigences écologiques avec les exigences économiques et sociales.
La constitution du réseau Natura 2000 représente un véritable enjeu de développement durable pour des territoires ruraux remarquables. A l'échelle européenne et mondiale, ce réseau contribue notamment au devoir de préservation de la planÚte, rappelé avec force par le Président de la République française au cours du Sommet de Johannesburg.
Le réseau Natura 2000 est composé de sites désignés spécialement par chacun des Etats membres en application des directives européennes : Oiseaux (1979) et Habitats (1992). En savoir plus.
La directive "Oiseaux"
Cliquer sur la carte pour l'agrandirLa directive du 02/04/1979 relative Ă la conservation des oiseaux sauvages est entrĂ©e en vigueur dans les Ă©tats de la CommunautĂ© europĂ©enne en 1981. Elle vise Ă assurer la protection de toutes les espĂšces dâoiseaux vivant naturellement Ă lâĂ©tat sauvage en Europe.
Lâannexe I Ă©numĂšre les espĂšces les plus menacĂ©es qui doivent faire lâobjet, de la part des Etats, de mesures spĂ©ciales de conservation concernant leur habitats (181 espĂšces) afin dâassurer leur survie et leur reproduction.
Chaque Etat doit, à ce titre, classer en Zones de Protection Spéciales (ZPS) les sites les plus appropriés en nombre et en superficie. En France, en avril 2006, ils représentent 4 477 962 ha répartis en 367 Zones de protection spéciales et 11,82% du territoire terrestre métropolitain fait partie du réseau Natura 2000.
En Alsace, ces lieux sont visibles sur le site de la DREAL Alsace .
Lâannexe II fixe la liste des espĂšces chassabes tandis que lâannexe III Ă©numĂšre les espĂšces dont le commerce est autorisĂ©. Enfin, est interdite lâutilisation de tous moyens de capture ou de mise Ă mort massifs et non sĂ©lectifs Ă©numĂ©rĂ©s Ă lâannexe IV.
La directive "Habitats"
Cliquer sur la carte pour l'agrandirLa directive européenne du 21/5/92 concernant la conservation des habitats naturels et semi-naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvage, appelée communément « Directive Habitats » est entrée en vigueur en juin 1994. Elle vise à « contribuer à assurer la biodiversité par la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages ».
Les Etats membres doivent notamment garantir le maintien ou le rĂ©tablissement dans un Ă©tat de conservation favorable des habitats naturels et des habitats dâintĂ©rĂȘt communautaire. Elle complĂšte la directive "Oiseaux" pour les autres classes animales et la flore.
Autres conventions en vigueur
La convention RAMSAR (1971), relative aux zones humides dâimportance internationale particuliĂšrement comme habitat des oiseaux dâeau, vise Ă garantir la protection de ces milieux fragiles et leur utilisation rationnelle et durable.
La convention de Washington (1973) rĂ©glemente le commerce international des espĂšces de la faune et de la flore sauvages menacĂ©es dâextinction
La convention de Bonn (1979) vise Ă assurer la conservation des espĂšces migratrices appartenant Ă la faune sauvage (pas seulement les oiseaux).
La convention de Berne (1979) prĂ©voit Ă la fois des mesures de protection de la faune et de la flore sauvages dâEurope, et des mesures de prĂ©servation de leurs habitats naturels, en particulier pour les espĂšces menacĂ©es, endĂ©miques ou migratrices.
La réglementation concernant les oiseaux et leur statut est disponible dans la revue
« Le statut des oiseaux sauvages en France » disponible à la boutique LPO France.