Vendredi 4 avril, la LPO Alsace a averti les médias de 5 nouveaux cas d’empoisonnement, en tenant une conférence de presse sur une des communes où plusieurs oiseaux morts ont été découverts.

C. Braun, directeur de la LPO Alsace, présente une buse empoisonnée à la presse - Photo Cathy ZellC. Braun, directeur de la LPO Alsace, présente une buse empoisonnée à la presse - Photo Cathy ZellFaucons crécerelles, buses, mais aussi chiens et chats domestiques sont chaque année la victime d’appâts empoisonnés déposés dans le but de détruire les prédateurs du petit gibier. Cette pratique scandaleuse est menée dans de nombreuses régions françaises, mais se développe depuis le début de l’année sur plusieurs communes alsaciennes, où des dizaines de cas ont été dénoncés. Très préoccupant pour la LPO : parmi les victimes se compte aussi le milan royal, espèce protégée gravement menacée, qui fait partie d’un plan national de conservation.

Qui peut bien trouver un intérêt à la destruction d’animaux domestiques et d’espèces sauvages ? C’est ce que la LPO, consternée, se demande aujourd’hui, même si, depuis la résolution d’affaires d’empoisonnement similaires ces dernières années, ses soupçons se portent inévitablement sur certains gardes-chasses peu scrupuleux.

Les appâts déposés depuis début février sur les communes de Rosheim, Rhinau, Bouxwiller, Obernai, entre autres, ont provoqué non seulement la mort de nombreux chiens et chats, mais aussi d’animaux sauvages : milans royaux, faucons crécerelles, buses variables, renards, putois… Il est à craindre qu’il ne s’agit là que de la partie immergée des dégâts causés à la faune, des études montrant qu’une grande partie des cadavres d’animaux disparaît généralement en moins de 48 heures.

Cet acte inacceptable est dénoncé avec force par la LPO, particulièrement interpellée par les cadavres des milans royaux, espèce dont la LPO cherche à enrayer le déclin depuis des années. Le milan royal, présent uniquement en Europe, subit en effet un très net déclin depuis une dizaine d’années.

En Alsace (où 90 % des milans royaux qui arrivent dans les centres de soins sont victimes d’empoisonnement) comme dans d’autres régions, la LPO a engagé depuis plusieurs années un important travail pour étudier cette espèce et trouver les moyens d’en assurer le maintien.
C’est pourquoi la LPO Alsace, qui fera analyser les cadavres des oiseaux récupérés, porte plainte contre X et se constitue partie civile. Elle suivra bien sûr cette affaire de très près afin que le (ou les) coupable soit retrouvé et sévèrement condamné, comme le dernier cas jugé fin 2006 (*).

RAPPEL
La destruction d’oiseaux protégés est constitutive d’un délit prévu par les articles L 411-1 et L 411-2 du code de l’environnement. Elle est réprimée par l’article L 415-3 et les coupables s’exposent à une peine de 6 mois de prison et 9 000 euros d’amende.



(*) Dans une affaire d’une dizaine de buses empoisonnées à Geisposheim (67), La LPO a obtenu 1000 € de dommages et intérêts, ainsi que 300 € pour les frais engagés pour le suivi du dossier. En tout, le prévenu a été condamné à plus de 6000 € d’amende et de dommages et intérêts et une peine d’emprisonnement avec sursis, notamment au bénéfice du propriétaire de deux chiens qui avaient également été empoisonnés.

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