Présentation des espèces

Oie des moissons (ssp. rossicus) - Photo Jean-Marc BronnerOie des moissons (ssp. rossicus) - Photo Jean-Marc Bronner

Trois espèces d'oies hivernent régulièrement en Alsace : l’oie des moissons, l’oie cendrée et l’oie rieuse.

La première a été de tout temps la plus abondante en Alsace. Les autres espèces européennes ne sont qu’occasionnelles, qu'il s'agisse de l’oie à bec court, de l’oie naine, de la bernache nonnette et de la bernache à cou roux.

Diverses espèces férales ou échappées de captivité complètent ce tableau : la bernache du Canada, l’oie à tête barrée, l’ouette d’Egypte et l’oie cygnoïde.

 

 


Statut juridique et liste rouge

L’oie des moissons, l’oie rieuse et l’oie cendrée sont toutes les trois des espèces chassables (annexe 2 et/ou 3 de la Directive Oiseaux). Elles font partie de la Liste Rouge en France, mais pas en Alsace.


Etudes menées

Depuis l’hiver 1979-80, la LPO Alsace organise annuellement un recensement exhaustif des oies qui hivernent dans la région. Le réseau de bénévoles impliqué est différent de celui qui recense les autres oiseaux d’eau hivernants, car le cycle d’activité des oies n’est pas le même : elles ne fréquentent les plans d’eau que pour y passer la nuit. Le protocole de comptage est adapté à cette situation : contrôle des dortoirs le matin, au lever du jour et à distance respectable pour ne pas déranger les oiseaux. Les comptages aux dortoirs sont préférés à ceux effectués sur les lieux de pâture agricoles, car ils permettent une meilleure estimation de la population et offrent une très bonne fiabilité. Un coordinateur régional répartit les bénévoles sur le terrain afin d’assurer la couverture de l’ensemble des dortoirs fréquentés. Ils sont comptés simultanément, au milieu de chaque mois (le week-end le plus proche du 15), d’octobre à mars.

Une synthèse annuelle des résultats obtenus est présentée lors de la réunion de printemps du groupe scientifique de la LPO Alsace. Une analyse des résultats de la période 1979-1996 pour l’oie des moissons, comprenant les données historiques antérieures, a par ailleurs été publiée dans une revue nationale (Statut hivernal de l’Oie des moissons en Alsace. Alauda, 1998, 66 : 25-38).


Effectifs

Oies cendrées - Photo Jean-Marc BronnerOies cendrées - Photo Jean-Marc BronnerLes dénombrements d’oies effectués en Alsace s’inscrivent dans le cadre du programme européen de suivi de l’hivernage des oiseaux d’eau organisé par Wetlands International, destiné à offrir une image précise de la situation de chaque espèce. L’oie des moissons est l’espèce la plus abondante en Alsace : son effectif moyen est de 1800 individus en janvier (calcul sur les 24 derniers hivers), ce qui représente aujourd’hui la plus importante population hivernante française (effectif moyen national de l’ordre de 2900 individus sur les 29 derniers hivers). L’oie cendrée est une hivernante beaucoup plus récente (à partir de la fin des années 1960), mais en augmentation régulière. L’hivernage proprement dit reste faible malgré tout, avec une moyenne de 161 individus seulement pour les 24 derniers hivers. Le pic d’effectif est atteint au passage, d’octobre à décembre (1000 à 2000 individus ces derniers hivers). L’oie rieuse est rare, le plus souvent mêlée aux troupes d'oies des moissons : 18 individus seulement en moyenne (24 derniers hivers) et rarement plus d’une centaine (record de 117 en janvier 2003).

Certaines espèces férales, comme la bernache du Canada et l’ouette d’Egypte, présentent des effectifs croissants : respectivement, de l’ordre de 200 et 50 individus en 2006.


Facteurs de menace

Oies rieuses - Photo Jean-Marc BronnerOies rieuses - Photo Jean-Marc BronnerLes dérangements, sous leurs multiples formes (promeneurs ou circulation automobile sur les lieux de dortoir, engins agricoles ou chasseurs photos sur les lieux de pâture), sont les principaux facteurs de menace. Des récriminations pour dégâts causés aux cultures (céréales d’hiver, colza) ont été formulées localement. Elles ont été suivies d’installations spontanées de systèmes dissuasifs (banderoles d’aluminium ou tissus bougeant au vent), mais elles n’ont jamais abouti à la réalisation de tirs d’effarouchement.

 

 

 


Actions de protection de la LPO

Les suivis fins réalisés sur les oies par la LPO Alsace, permettent d’apporter un argumentaire solide lors de l’établissement annuel des listes d’espèces protégées au sein des Conseils départementaux de la chasse et de la faune sauvage. Ils offrent aussi la possibilité de replacer les récriminations des exploitants agricoles sur d’éventuels dégâts aux cultures à leur juste place.