120 noctules communes, parmi les 464 récupérées le 21 janvier dernier après l’abattage d'un platane à côté du Palais de la Musique et des Congrès, ont été relâchées le jeudi 7 mars. Essentiellement nocturnes, elles n’ont pas été remises en liberté en journée : les trappes des caissons où elles avaient été installées n’ont été ouvertes qu’à la tombée de la nuit, pour leur permettre un retour à la vie sauvage dans les meilleures conditions possibles.

 

Pour cette opération exceptionnelle, sans précédent en France (voir actualité de fin janvier sur ce même site), Suzel Hurstel, responsable du centre de soins de la LPO, a été épaulée par les meilleurs spécialistes français des chauves-souris. Parmi eux, Laurent Arthur, directeur du Museum d’Histoire Naturelle de Bourges, a entretenu une correspondance téléphonique quasiment quotidienne avec Suzel pour mettre en place un protocole de soins efficace. Cette collaboration a permis à tous les individus recueillis, non seulement de survivre au traumatisme de leur réveil brutal, mais aussi de reprendre le poids perdu. Plus de 40 bénévoles se sont relayés 7j sur 7 pour réussir cet exploit.

Depuis quelque temps, une partie des chauves-souris avait atteint le poids minimum requis ; seules les conditions météorologiques défavorables, avec des températures trop froides, empêchaient leur remise en liberté. Les bonnes conditions ont été enfin réunies le jeudi 7 mars, et ont permis à l’équipe de la LPO et du GEPMA* de mettre en oeuvre le protocole de relâcher, lui aussi mis au point avec l’aide de Laurent Arthur.

 

Les 120 individus (mâles et femelles) ont été placés dans deux caissons spécialement conçus à cet effet, après avoir été nourris une dernière fois ; 4 noctules ont été équipées d’un émetteur radio. Ces caissons isolés thermiquement et réalisés par Christian Journaux, bénévole de la LPO Alsace, ont ensuite été placés, avec l'aide d'autres bénévoles et devant les caméras des journalistes, sur le toit du Palais de la Musique et des Congrès, à quelques mètres de l’emplacement où se trouvait leur arbre. A 18h30, à la tombée de la nuit, Suzel Hurstel a ouvert les trappes des caissons ; moins d’une heure plus tard, les premiers animaux prenaient leur envol ! L’examen des caissons le lendemain matin a montré que toutes les chauves-souris étaient parties, pour la plus grande satisfaction de la LPO et du GEPMA. Il ne reste désormais plus qu’à relâcher les 340 autres individus, lors d'une prochaine fenêtre météorologique favorable.

Suzel Hurstel présente les caissons aux journalistes - Photo Cathy ZellSuzel Hurstel présente les caissons aux journalistes - Photo Cathy Zell Cathy Zell de la LPO et Erwann Thépaut du GEPMA fixent les caissons sur le toit - Photo Eric BuchelCathy Zell de la LPO et Erwann Thépaut du GEPMA fixent les caissons sur le toit - Photo Eric Buchel Les deux ouvetures sont placées au-dessus du vide, pour un meilleur envol - Photo Cathy ZellLes deux ouvetures sont placées au-dessus du vide, pour un meilleur envol - Photo Cathy Zell

 

La plus grande leçon à retenir de cette (més)aventure reste l’attitude à adopter avant de procéder à l'abattage de vieux arbres. Grâce à cet événement, la LPO Alsace travaille de concert avec la Communauté urbaine de Strasbourg (qui a par ailleurs pris en charge les frais financiers de l’opération), sur la mise en place d’un protocole à appliquer en cas de volonté de destruction d’un arbre à cavités. Ainsi, au-delà de l’aspect sanitaire, c’est une approche globale, incluant la prise en compte de la biodiversité, qui sera dorénavant prônée.

 

* Groupe d'Etude et de Protection des Mammifères d'Alsace

 

En médaillon : portrait d'une noctule commune - Photo Cathy Zell

 

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