Faucon pèlerin
Suivre la nidification, en direct, d'un couple de faucons pèlerins (2017)
Présentation de l’espèce
Rapace prestigieux, le faucon pèlerin est depuis plusieurs décennies un des symboles de la protection des oiseaux, et des rapaces en particulier. Cet oiseau a la taille d'un gros pigeon, avec une envergure toutefois plus importante (1m environ). Il fréquente les régions montagneuses boisées et les régions plus ouvertes (grandes plaines cultivées, plateaux, vallées), les marais et les villes durant l'hiver. Il niche dans les parois rocheuses, parfois sur des bâtiments élevés des grandes villes. Le faucon pèlerin est spécialisé dans la prédation des oiseaux petits et moyens qu'il attaque généralement en exécutant des piqués à grande vitesse et qu'il saisit en plein vol. Son seul véritable prédateur est le grand-duc d'Europe.
Statut juridique et liste rouge
Le faucon pèlerin est protégé en France, comme tous les rapaces, et il est inscrit à l'Annexe I de la Directive Oiseaux. Il figure sur la Liste Rouge des oiseaux nicheurs d’Alsace en catégorie "Vulnérable".
Evolution des effectifs
En France, la population est estimée à 1000 - 1400 couples nicheurs (enquête nationale LPO sur les rapaces, 1999-2002).
Dans le massif vosgien, comme ailleurs en France, le dénichage et l’intoxication par les pesticides agricoles ont provoqué une chute dramatique de la population dans les années 1960-1970. En 1976, il ne restait plus que 8 couples dans l’ensemble du massif vosgien, qui n’élevèrent que 9 jeunes. La situation fut pire encore en 1978, puisque aucun jeune ne prit l’envol. Suite à la protection totale des rapaces, à la réglementation de l’utilisation des pesticides en Europe et aux campagnes de surveillance et de sensibilisation, les populations ont commencé à progresser à partir du milieu des années 1980. En outre, chaque site du massif vosgien occupé par le faucon pèlerin et exposé aux dérangements, voire au pillage par des fauconniers, était surveillé en permanence par des bénévoles du Fonds d’Intervention pour les Rapaces Alsace. Des démarches ont ensuite été menées pour la mise en place d’une protection réglementaire sur les sites de reproduction et plusieurs d’entre eux font maintenant l’objet d'un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope ou font partie d'une Réserve Naturelle. En parallèle, une sensibilisation a été menée auprès des usagers des milieux rupestres (grimpeurs, varapeurs) et d'une manière générale, du grand public, sur le rôle des rapaces et des prédateurs .
Si vous êtes intéressés pour participer au suivi, vous pouvez contacter :
Sébastien Didier
Coordination, suivi, études rapaces
Tél. : 03 88 22 07 35
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Facteurs de menace
Des menaces pèsent encore sur l’espèce :
- problèmes de cohabitation sur certains sites avec les pratiques sportives telles que le vol libre, la varappe, la randonnée, et avec les activités touristiques diverses
- menaces engendrées par l'apparition de nouvelles molécules chimiques et l'usage illégal de certains pesticides
- réaménagements économiques d'anciennes carrières jusqu’alors abandonnées et servant de site de nidification à l'espèce
- quelques données de mortalité sont liées à l'état sanitaire des proies consommées (cas de maladies transmises par les pigeons domestiques) ou à des problèmes de destruction (tir, collision et électrocution avec le réseau électrique)
- enfin, il n'est pas exclu que certaines nichées fassent encore l’objet de dénichage pour la fauconnerie
- et comme rien n’est jamais acquis définitivement, signalons également que certaines associations colombophiles font pression sur le Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable pour obtenir le déclassement du faucon pèlerin de la liste des espèces protégées, jusqu'à présent heureusement en vain.
Etudes et protection
Depuis 2005, le suivi de cette espèce a été intégré au sein du programme SIBA de Suivi des Indicateurs de la Biodiversité en Alsace . En effet, le rôle de bio-indicateur du faucon pèlerin a déjà été souligné. L'impact des pesticides organochlorés a ainsi pu être démontré dans les années 1970-1975 et leur interdiction a pu être mise en place.
Mais le suivi du faucon pèlerin peut permettre d’aborder d’autres thèmes : l’état de santé des populations d’espèces-proies, l’impact des activités de plein air (varappe, vol à voile, …) sur certaines autres espèces rupestres, l’évaluation de la préservation de sites sensibles, l’évaluation de l'efficacité des campagnes de sensibilisation au rôle des rapaces, et des prédateurs en particulier.
La LPO Alsace coordonne actuellement le suivi du faucon pèlerin sur l'ensemble du massif vosgien, soit sur les 2 départements alsaciens (67 et 68), 3 départements lorrains (54, 57 et 88) et 2 départements franc-comtois (70 et 90). Participent à ce suivi plusieurs associations naturalistes : la LPO Alsace, le FRIR (Fonds Régional d'Intervention pour les Rapaces) de Franche-Comté, la LPO Franche-Comté, les groupes départementaux LPO de Lorraine, SOS Faucon pèlerin, …
Le suivi s‘effectue de la manière suivante : un premier contrôle en début de nidification (février-mars) pour s'assurer de la présence d'un couple reproducteur et de la ponte, si elle a eu lieu. Un second passage en fin de nidification (mai-juin) pour contrôler la réussite de la reproduction et connaître le nombre de jeunes volants.
Le suivi est assuré essentiellement par les ornithologues bénévoles des associations. Ce sont ainsi près d'une centaine d'observateurs qui contrôlent les aires et communiquent leurs informations chaque année. Plusieurs coordinateurs bénévoles se chargent de recueillir les informations et d'animer le réseau d'observateurs par zone géographique*.
Le suivi des sites se fait grâce à des jumelles ou au télescope à l'abri de la végétation ou dans des endroits où l'espèce ne détecte pas l'observateur afin de réduire le dérangement au minimum.
Des prospections ont aussi lieu dans des zones peu suivies en période favorable : plusieurs observateurs postés sur des points d'observation fixes surveillent les allers et venues éventuels de faucon pèlerin, dans l’espoir de découvrir de nouveaux sites de nidification. Lorsque des menaces pèsent sur certains sites, des mesures de protection sont proposées aux pouvoirs publics. La LPO Alsace continue également son travail de sensibilisation auprès des usagers ou gestionnaires des sites. C’est ainsi qu’une fiche technique a été réalisée à l’attention des exploitants de l’UNICEM (Union Nationale des Industries de Carrières Et Matériaux de construction).Une exposition sur le faucon pèlerin est disponible à la LPO Alsace. Un livre dédié aux rapaces diurnes nicheurs d'Alsace est aussi disponible.
Suivi des faucons pèlerins bagués
Dans le Bade-Würtemberg (Allemagne), les faucons pèlerins sont équipés d’un nouveau système d’identification : des bagues en couleur dotés de codes, qui permettent de reconnaître des individus sans être obligé de les recapturer.
Pour la première fois depuis l'introduction du système de bagues caractéristiques en 2015 en Allemagne, un faucon pèlerin bagué en provenance du Bade-Wurtemberg a été photographié et identifié en Alsace, au Port du Rhin Nord à Strasbourg : il s’agit d’une femelle portant la combinaison caractéristique "P-BC", observée le 20 novembre 2016 par Marie-France Christophe, membre de la LPO Alsace et co-responsable du suivi des faucons pèlerins sur la région de Strasbourg. Cette femelle a été baguée le 30 mai 2015, à l’âge de 19 jours à Altbach.
Ce nouveau système permet l'identification d'un oiseau par des bagues caractéristiques, lisibles même à distance, notamment avec une longue-vue (avec grossissement de 60, la combinaison de l'anneau peut être lue à plus de 150m sans problème) ou un appareil photo doté d’un téléobjectif. Il apporte en outre des informations sur le biotope où l’oiseau est né. En effet, depuis 2015, les faucons pèlerins, qui sont bagués au stade poussin, reçoivent, en plus de la bague d’identification de l’individu (à droite), une « bague d’habitat » (à gauche), de couleur.
Ce code couleur est le suivant :
- Rouge : parois rocheuses et carrières
- Jaune : bâtiments (y compris les cheminées, les tours de radio et les ponts)
- Vert : arbres
- Noir : pylônes électriques
Les bagues d’identification individuelle présentent également une nouveauté : la première lettre ou chiffre est verticale, lisible sur toute la hauteur de la bague, les deux lettres suivantes sont écrites à un angle de 90° et peuvent être lues de bas-en-haut. La combinaison est visible deux fois sur la bague.
http://www.agw-bw.de/erster-wanderfalke-aus-dem-suedwesten-mit-kennringen-gesichtet/
Ce nouveau système constitue donc une aubaine pour le suivi des faucons pèlerins et l’occasion d’échanger les données françaises et allemandes pour une vision globale des populations.
Si vous observez un faucon pèlerin ainsi bagué, merci de transmettre les informations à :
Sébastien Didier
Coordination, suivi, études rapaces
Tél. : 03 88 22 07 35
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(*) Les coordinateurs :
Jean-Marie BALLAND (LPO Vosges) | pour le département des Vosges |
Denis DUJARDIN (LPO Alsace) | pour les Vosges moyennes bas-rhinoises |
Guy RITTER (LPO Alsace) et le PNRBV | pour les Vosges haut-rhinoises |
André LUTZ et Clauude KURTZ (SOS Faucon pèlerin), le PRNVN et David Meyer | pour la Moselle |
Claude KURTZ (SOS Faucon pèlerin-Lynx) et André LUTZ (LPO Alsace - SOS Faucon pèlerin-Lynx) | pour les Vosges du Nord |
Samuel MAAS (LPO Franche-Comté) et Franck VIGNERON (Groupe Pèlerin Jura / LPO Franche-Comté) | pour le territoire de Belfort et la Haute-Saône |
Marie-France CHRISTOPHE et Olivier STECK (LPO Alsace) | pour les centres urbains et la plaine bas-rhinoise |
La coordination globale est assurée par Sébastien DIDIER (LPO Alsace).
- Catégorie : Actions par espèce
Milan royal
Présentation de l’espèce
Le milan royal est le plus grand rapace diurne nicheur d'Alsace. Il est un peu plus grand que son cousin le milan noir et a une queue rousse échancrée caractéristique, facilement observable.
Rapace des milieux ouverts, le milan royal est opportuniste et très charognard ; il est lié à une agriculture extensive dominée par l’élevage traditionnel. Ce type de paysage que l'on rencontre encore en Alsace Bossue lui procure une nourriture abondante et variée ; la présence de parcelles cultivées lui est favorable, à condition que leur surface reste minoritaire par rapport aux herbages. Il niche dans les bois ou les haies pourvus de gros arbres. Les populations du nord de l'Europe (dont celles d'Alsace) sont migratrices. Les autres sont sédentaires.
Leur répartition géographique s'étend depuis l'Afrique du Nord jusqu'à la Russie. Mais l’espèce n'en demeure pas moins menacée au niveau mondial.
Statut juridique et liste rouge
Le milan royal est, comme tous les rapaces, protégé sur l’ensemble du territoire français par l'arrêté ministériel du 29 octobre 2009 (abrogation de l’arrêté ministériel modifié du 17 avril 1981). La protection de l’habitat est dorénavant prise en compte dans son article 3-II : « Sont interdites … la destruction, l’altération ou la dégradation des sites de reproduction et des aires de repos des animaux. Ces interdictions s’appliquent aux éléments physiques ou biologiques réputés nécessaires à la reproduction ou au repos de l’espèce considérée… ». Il figure en Annexe I de la Directive Oiseaux et en Annexe II de la Convention de Berne. Cette espèce est classée "En danger" sur la Liste Rouge des oiseaux nicheurs d'Alsace et "Vulnérable" sur la Liste Rouge française.
Evolution des effectifs
En France, l’aire de distribution de ce rapace se limite à une large bande diagonale du Sud-Ouest au Nord-Est du pays et à la Corse. Il y a entre 3000 et 3900 couples nicheurs (résultats de l'enquête nationale LPO sur les rapaces, 1999-2002). Le milan royal a, semble-t-il, considérablement diminué depuis le XIXème siècle, bien qu’une augmentation passagère ait eu lieu entre 1975 et 1990. Depuis 1990, la régression a repris.
Facteurs de menace
Au niveau français et européen, deux problèmes majeurs contribuent au déclin d’une partie de la population du milan royal : le changement d’utilisation des terres (intensification de l’agriculture) et l’empoisonnement, qu’il soit direct ou indirect. Face à la chute dramatique des effectifs du Nord-Est de la France, un plan national de restauration a été lancé en 2002.
Pour la population alsacienne, en plus des modifications des pratiques agricoles et de certaines pratiques d’empoisonnement volontaire (au moins 3 cas en 2015 dont 2 mortels) ou de tir sur les sites d'hivernage (hors Alsace), d’autres facteurs de menace pèsent sur le milan royal : dérangements sur les sites de reproduction et destruction involontaire des aires (travaux forestiers notamment), fermeture des décharges, augmentation du déficit en nourriture en période de nourrissage des jeunes en raison de la raréfaction des prairies conduisant à l’échec de la reproduction, création de parcs éoliens et nouvelle réglementation en matière d'hygiène des activités agro-pastorales.
Face à ces menaces, un Plan régional d’actions a été validé en 2012 par la DREAL Alsace et plusieurs mesures sont mises en œuvre depuis.
Etudes et protection
Plusieurs recensements ont eu lieu en Alsace dans les derniers bastions de l’espèce. En Alsace bossue, un quadrat-témoin de 50 km² a été suivi chaque printemps pendant 3 ans. En 2002, 5 à 6 couples nichaient dans cette zone, tandis qu'en 2004, il n'en restait qu'un seul.
Face à l'urgence de la situation, la LPO Alsace a réagi concrètement : deux formations destinées aux agents de l’ONF ont été réalisées en 2005 et 2006 afin de leur présenter l’espèce et montrer les techniques permettant de maintenir les zones favorables à la nidification de l'espèce dans les massifs gérés par l’ONF. Chaque aire occupée découverte est signalée aux agents de l'ONF qui protègent l'arbre porteur et les travaux pendant la période de reproduction sont interdits.
En 2012 , une attention toute particulière a été portée à un couple nichant à proximité d’un projet industriel potentiellement dangereux (en Alsace). Après les premières observations en 2011, la LPO a piloté un projet de suivi du couple pour l'année 2012, accepté et financé par l’industriel et en partenariat avec l'Institut de Recherche pour le Développement (François Baillon), le Centre National de la Recherche Scientifique (Damien Chevallier), le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord et l'association la Grange aux Paysages.
L'objectif principal du suivi est d'évaluer la sensibilité du couple de milans royaux au futur projet industriel afin de pouvoir proposer, à terme, des mesures d'atténuation du risque ou des mesures compensatoires et de bénéficier d'un retour d'expérience pour l'aménagement d'autres projets de ce type.
Dans ce cadre, le milan royal mâle adulte et une femelle adulte qui occupaient le secteur ont été capturés et équipés d’une balise Argos GPS et d'un émetteur VHF. Ils ont été baptisés Don Quichotte et Dulcinée. En complément de l'étude portant sur la nidification des oiseaux, les équipements posés sur ces 2 adultes permettront également un suivi inédit de la migration et de l'hivernage d'un milan de cette population du nord-est de la France.
Depuis 2009, afin d'avoir une meilleure connaissance de l'espèce, un recensement des couples nicheurs dans les derniers bastions de l’espèce est réalisé : Alsace bossue, Jura alsacien, Sundgau et bordure est des Vosges du nord.
L'espèce pouvant disparaître de la région, plusieurs actions sont en cours ou à engager à l’avenir (ces actions sont détaillées dans le Plan régional d’actions) :
- une sensibilisation des populations concernées (agriculteurs, forestiers, chasseurs, scolaires...) est à réaliser
- la protection des sites de nidification par voie réglementaire (APB, ZPS*, protection des massifs forestiers...) et une modification des pratiques culturales (MAE**) sont aussi à réaliser
- une vigilance maintenue vis-à -vis des projets de parc éolien pouvant nuire aux couples nicheurs
- le maintien du suivi de tous les sites de reproduction connus afin de connaître leur évolution.
Le milan royal pourrait ainsi devenir le symbole d'une campagne de promotion d'un système agricole qui reposerait sur des pratiques fondamentalement respectueuses de l'environnement, de l'homme et des animaux d'élevage, d'un tourisme vert et de la valorisation de produits locaux.
*APB : Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope / ZPS : Zone de Protection Spéciale
** MAE : Mesures agri-environnementales
Grand-duc d'Europe (avec bilans annuels)
Le grand-duc d’Europe, un hibou, est le plus grand rapace nocturne d’Europe : on peut le surnommer le «roi de la nuit», car c’est lui le superprédateur nocturne.
Présentation de l’espèce
Le grand-duc est facilement reconnaissable à sa taille impressionnante (envergure de 155 à 180 cm et poids jusqu’à 3,25 kg pour la femelle). Il se situe au sommet de la chaîne alimentaire et peut consommer toutes sortes de proies de taille très variable, du campagnol au jeune renard, en passant par le rat surmulot, le faucon pèlerin, la corneille ou le hérisson.
Sédentaire toute l’année, il fréquente les milieux ouverts ou semi-ouverts pour se nourrir, mais niche dans des sites rupestres comme des carrières ou des parois rocheuses envahies par des herbes hautes afin de pouvoir se cacher. Malgré sa taille, il reste très discret.
Statut juridique et liste rouge
Le grand-duc d’Europe fait partie des espèces strictement protégées par l'arrêté ministériel du 29 octobre 2009 (abrogation de l’arrêté ministériel modifié du 17 avril 1981). La protection de l’habitat est dorénavant prise en compte dans son article 3-II : « Sont interdites … la destruction, l’altération ou la dégradation des sites de reproduction et des aires de repos des animaux. Ces interdictions s’appliquent aux éléments physiques ou biologiques réputés nécessaires à la reproduction ou au repos de l’espèce considérée … ». Il est inscrit sur la Liste Rouge des oiseaux nicheurs d’Alsace avec un statut « Vulnérable ».
Il figure sur la directive oiseaux niveau I et bénéficie d’une mesure de protection au niveau national également de niveau I.
Population
Historique
Disparu de notre région dans la première moitié du XXe siècle, le grand-duc a été réintroduit avec succès à partir des années 1970. Les auteurs du XIXe siècle le signalent sédentaire dans les Hautes-Vosges, mais Schneider précise déjà qu’il est devenu rare. Il niche encore en 1906 et 1914 sur la commune de Ban-sur-Meurthe dans le département des Vosges et après la guerre 1914-18 dans les rochers de Wildenstein, Haut-Rhin. C’est ici que l’espèce aurait disparu de notre territoire avec le tir d’un dernier spécimen en 1938.
Sa réintroduction est tentée une première fois en 1972 avec le lâcher de deux jeunes près de Barr. Elle a été interrompue par la suite à la demande du FIR (Fonds d’Intervention pour les Rapaces) qui souhaitait protéger les derniers faucons pèlerins présents sur le massif vosgien, cette espèce figurant parmi les proies potentielles du grand-duc.
Les tentatives suivantes eurent lieu dans le Sud du département à partir de 1977, avec la mise en liberté d’une quinzaine d’individus dont des couples avec des jeunes, sous l'impulsion de Michel Heyberger. A la même époque, d’autres oiseaux furent introduits dans le Jura suisse. Ces lâchers ont permis l’installation de 2 à 3 couples dans ce secteur et une première nidification alsacienne a été constatée en 1985 avec 3 jeunes à l'envol.
Les réintroductions massives de grands-ducs en République Fédérale Allemande (1400 individus lâchés de 1964 à 1986) sont sans doute à l’origine des oiseaux observés dans les Vosges du Nord, avec une première nichée de 4 jeunes à l’envol en 1986.
Bilan de la nidification du grand-duc d'Europe en 2015
La recolonisation de la plaine d'Alsace semble marquer le pas avec une diminution du nombre de territoires occupés. Mais ceci peut être du à une prospection moins soutenue sur certains secteurs. De plus, la détection des jeunes est ardue notamment dans les massifs forestiers de plaine. Les sites de reproduction se situent dans des grandes forêts de plaine et dans les massifs forestiers des rieds, souvent à proximité d'un cours d'eau ou une gravière.
La prospection dans le massif vosgien durant la saison de reproduction 2015 s'est accentuée grâce à une collaboration accrue avec les 2 parcs naturels régionaux et l'implication de nombreux naturalistes locaux et groupes de la LPO. 2015 est une très bonne année de reproduction avec des chiffres record en terme du nombre de territoires occupés (7 de plus qu'en 2014), de couples (22 à 34) et de jeunes à l'envol (au moins 49 !). La productivité est de 2,4 juv/couple producteur. Seuls 2 échecs sont à signaler dont une par prédation. Le Grand-duc poursuit sa recolonisation du massif vosgien. Plusieurs mesures de protection ont été mises en place et se poursuivent : certains sites en carrière bénéficient d'une convention de gestion ainsi que de la collaboration de la sécurité civile d' Alsace, ce qui a permis l'arrêt de la pratique d'exercices sur les sites occupés. Des discussions avec les associations de grimpeurs sont aussi en cours.
Bilan de la nidification du grand-duc d'Europe en 2014
L'extension de la population de grand-duc se poursuit en plaine d'Alsace : le nombre de sites occupés est passé de 5 (2012) à 9 (2013), puis 12 en 2014 ; mais comme en 2013, seuls 2 couples ont pondu. La réussite de reproduction a été très faible puisqu'un seul couple a réussi sa reproduction et a élevé 1 jeune. Les sites de reproduction se situent dans des grandes forêts de plaine et dans les massifs forestiers des rieds, souvent à proximité d'un cours d'eau ou une gravière. Sur certains sites forestiers, des contacts avec l'ONF ont été pris pour que des mesures favorables à la reproduction soient mises en place.
La prospection dans le massif vosgien durant la saison de reproduction 2014 s'est poursuivie grâce à une collaboration avec les 2 parcs naturels régionaux et l'implication de nombreux naturalistes et groupes locaux de la LPO. L’espèce a connu en 2014 une bonne année de reproduction : 4 territoires en plus recensés par rapport à 2013 sur le massif vosgien, 12 couples ont réussi leur reproduction (contre 4 en 2013) et 26 jeunes à l'envol ont été recensés (7 en 2013). La productivité est de 2,2 juvéniles/couple producteur. Un échec s'est produit sur un site de nidification accueillant un stand de tir où le nid a été pris comme cible... Ce qui a provoqué son abandon. Plusieurs mesures de protection ont été mises en place : certains sites en carrière bénéficient désormais d'une convention de gestion ainsi que de la collaboration de la sécurité civile d' Alsace, ce qui a permis l'arrêt de la pratique d'exercices sur les sites occupés. Des discussions avec les associations de grimpeurs sont encore en cours.
Bilan de la nidification du grand-duc d'Europe en 2013
La prospection du Grand-duc d'Europe dans le massif vosgien durant la saison de reproduction 2013 s'est à nouveau accentuée grâce à une collaboration avec les 2 parcs naturels régionaux et l'implication de nombreux naturalistes locaux et groupes de la LPO. Sur les 55 sites contrôlés, 28 étaient occupés par l'espèce.
Mais ce rapace nocturne a connu en 2013 une très mauvaise année de reproduction : 6 territoires en moins recensés par rapport à 2012 sur le massif vosgien, seuls 4 couples à avoir réussi leur reproduction contre 19 en 2012 et 7 jeunes à l'envol recensés (36 en 2012). La productivité est de 1,8 juv/couple producteur. 6 échecs ont été relevés, la majorité vraisemblablement dus aux facteurs climatiques particulièrement difficiles : période de froid en mars, mois de mai froid et pluvieux, orages. A noter que sur la même commune 3 Grands-ducs ont été trouvés morts en 2013 dont 2 électrocutés. Des démarches sont en cours auprès d'EDF pour neutraliser les pylônes meurtriers.
Plusieurs mesures de protection ont été mises en place et se poursuivent : certains sites en carrière bénéficient d'une convention de gestion, et la collaboration avec la sécurité civile en Alsace, ce qui a permis l'arrêt des exercices sur les sites occupés. Des discussions avec les associations d'escalade sont aussi en cours.
En plaine d'Alsace, le Grand-duc continue d'étendre son territoire : le nombre de sites occupés est passé de 5 en 2012 à 9 en 2013, mais seuls 2 couples ont pondu. Les conditions météorologiques très défavorables (période de froid en mars, mois de mai froid et pluvieux, orages) ont causé une très mauvaise reproduction. Un seul couple a réussi sa reproduction et a élevé 3 jeunes. Les sites de reproduction se situent dans des grandes forêts de plaine et dans les massifs forestiers des Rieds (zones humides). Sur certains sites forestiers, des contacts avec l'ONF ont été pris pour que des mesures favorables à la reproduction soient mises en place.
Bilan de la nidification du grand-duc d'Europe en 2012
La prospection dans le massif vosgien durant la saison de reproduction 2012 s'est encore accentuée, grâce à une collaboration avec les 2 parcs naturels régionaux et l'implication de nombreux naturalistes locaux et groupes de la LPO. L’espèce continue son expansion sur le massif vosgien avec 7 territoires supplémentaires recensés par rapport à 2011. 36 jeunes à l'envol ont été recensés (23 en 2011). La productivité est de 1,9 juv/couple producteur. Un seul échec a été relevé. A noter qu'un adulte et un jeune ont été retrouvés morts à proximité de leurs sites de reproduction. L'adulte portait une bague allemande. Plusieurs mesures de protection ont été mises en place : certains sites en carrière bénéficient d'une convention de gestion et un accord avec la sécurité civile en Alsace pour ne plus pratiquer d'exercices en hélicoptère sur les sites occupés a été acté. Le bilan de la reproduction dans le massif vosgien et la plaine d'Alsace sont dissociés depuis cette année
L'espèce continue son expansion dans la plaine d'Alsace avec un nouveau territoire découvert cette année. En 2012, il y avait 5 territoires occupés sur cette zone, et 4 couples producteurs avec 7 jeunes à l'envol, soit une productivité de 1,8 (contre 1,9 sur le massif vosgien). Les sites de reproduction se situent dans de grandes forêts de plaine et dans des massifs forestiers des rieds (zones humides). Le bilan de la reproduction dans le massif vosgien et la plaine d'Alsace sont dissociés depuis cette année.
Bilan de la nidification du grand-duc d’Europe en 2011
En 2011, 31 sites accueillant le grand-duc d’Europe dans le massif vosgien (Alsace, Franche-Comté et Lorraine) et en plaine ont été recensés. 23 jeunes à l’envol ont été observés. La prospection durant cette saison de reproduction s'est accentuée par rapport aux 2 précédentes années, ceci en partie grâce à une collaboration accrue avec les 2 parcs naturels régionaux et l'implication de nombreux naturalistes locaux (plus d’une cinquantaine). L’espèce continue son expansion en Alsace tant sur le massif vosgien qu’en plaine avec 5 territoires supplémentaires recensés par rapport à 2010.
En plaine d’Alsace, ce sont 3 territoires qui ont été dénombrés. A noter parmi ceux-ci la découverte d’un couple nichant au sol qui a élevé 3 jeunes.
Le grand-duc d’Europe est une espèce pour laquelle le recensement est particulièrement difficile en raison de ses mœurs nocturnes et des sites de reproduction qu’elle tend à adopter ces dernières années. Les estimations annuelles représentent donc un effectif minimal.
Par ailleurs, un adulte a été retrouvé électrocuté alors qu'il tenait dans ses serres une chouette effraie, et un jeune blessé a été recueilli au centre de soins où il a succombé. Un autre oiseau recueilli en 2010 au centre de soins a quant à lui pu être relâché.
Facteurs de menace
La principale menace est la pratique non maîtrisée de loisirs de plein air susceptibles de provoquer des dérangements dans les falaises, comme l’escalade, le deltaplane et le parapente. Une concertation avec tous les acteurs est ici indispensable. Une autre préoccupation vient des risques d’électrocution et de percussion avec les lignes aériennes au vu de l’envergure impressionnante de l’oiseau.
Les dérangements par des naturalistes et des photographes animaliers peu respectueux des distances d’observation, peuvent constituer une autre menace pour ce magnifique oiseau rare.
Etudes et protection
La LPO Alsace a initié plusieurs actions en faveur du grand duc d’Europe :
- Suivis des sites afin d’assurer leur tranquillité pendant la période de nidification
- Conseils auprès des agents de l’ONF pour limiter les travaux sylvicoles sous les falaises pendant la période de nidification
- Participation à la mise en place d’une réglementation relative à la pratique des loisirs de plein air, en partenariat avec certaines communes et associations
- Renforcement de la surveillance des sites de nidification avec la participation des membres de la LPO Alsace
Elle coordonne également le suivi des couples nicheurs dans le massif vosgien et en Alsace.
Ce suivi est assuré essentiellement par les ornithologues bénévoles des associations. Ce sont ainsi près d'une centaine d'observateurs qui contrôlent les aires et communiquent leurs informations chaque année. Plusieurs coordinateurs bénévoles* se chargent de recueillir les informations et d'animer le réseau d'observateurs par zone géographique.
(*) Les coordinateurs :
Jean-Marie BALLAND (LPO Vosges) | pour le département des Vosges |
Denis DUJARDIN (LPO Alsace) | pour les Vosges moyennes bas-rhinoises |
Jean GUHRING (LPO Alsace) et Arnaud FOLTZER (PNRBV) | pour les Vosges haut-rhinoises |
David HACKEL (LPO Moselle) | pour la Moselle |
André LUTZ (LPO Alsace - SOS Faucon pèlerin-Lynx), Jean-Claude GENOT et Sébastien MORELLE (SYCOPARC) | pour les Vosges du Nord |
François REY-DEMANEUF (LPO Franche-Comté) | pour le territoire de Belfort et la Haute-Saône |
Marie-France CHRISTOPHE et Olivier STECK (LPO Alsace) | pour les centres urbains et la plaine bas-rhinoise |
La coordination globale est assurée par Sébastien DIDIER (LPO Alsace).
En savoir plus sur les actions menées :
Sébastien Didier
Coordination, suivi, études rapaces
Tél. : 03 88 22 07 35
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
- Catégorie : Actions par espèce
Pies-grièches grise et à tête rousse
Présentation des espèces
Les pies-grièches grise et à tête rousse sont des passereaux de taille modeste, avec une tête relativement importante par rapport au corps. Les deux espèces possèdent un bec massif fortement crochu qui leur permet de dépecer ou décortiquer leurs proies, qui sont au préalable empalées sur une épine ou un fil de fer barbelé.
La pie-grièche grise est un migrateur partiel, dont la population la plus importante niche en Europe du Nord et qui est quasiment sédentaire en Alsace. La pie-grièche à tête rousse est quant à elle un migrateur transsaharien, qui vient nicher en Alsace à partir du mois de mai.
La pie-grièche grise fréquente les milieux semi-ouverts, composés de prairies, de pâturages, de bosquets et de vergers, et construit son nid aussi bien dans des buissons que dans des arbres de haute taille. Son régime alimentaire se compose à 95% de micromammifères (majoritairement de campagnols). Elle peut compléter son alimentation par des passereaux, des lézards ou des amphibiens.
La pie-grièche à tête rousse se nourrit presque exclusivement d’insectes : coléoptères, orthoptères, hyménoptères, lépidoptères… capturés en vol ou au sol. Quelques escargots ou lombrics peuvent compléter son menu. Dans nos régions, elle fréquente essentiellement les vergers pâturés, avec une préférence, comme support pour son nid, pour les poiriers, les pommiers ou les quetschiers ; la présence du bétail dans ce type de vergers à hautes tiges traditionnel permet, d'une part, le maintien d'une plus grande diversité de proies, d'autre part, l'"entretien" naturel d'une herbe rase, ce qui favorise la recherche et la capture des proies.
Statut
Les deux espèces sont protégées par l’arrêté ministériel du 29 octobre 2009 fixant la liste des oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire et les modalités de leur protection (abrogation de l’arrêté ministériel modifié du 17 avril 1981) et sont inscrites en annexe 2 de la convention de Berne.
Au niveau de la Liste Rouge en Alsace, la pie-grièche grise figure dans la catégorie des espèces « Rares » et la tête rousse dans la catégorie « En danger » (ODONAT, 2003).
Population / Effectifs
Les deux espèces connaissent une forte baisse de leur population en Alsace.
La pie-grièche grise est surtout une espèce d’Europe septentrionale et centrale. Un déclin modéré a été constaté entre 1970 et 1990 et concerne la plupart des pays d’Europe. Entre 1990 et 2000, les populations en déclin sont surtout localisées en Europe occidentale. En France, l’espèce est en régression depuis plus d’un siècle, mais c’est à partir des années 1960 que le déclin s’est affirmé. En 2009, une nouvelle enquête a montré une diminution dramatique des effectifs montrant qu’en 15 ans, l’effectif français s’est réduit des trois quarts.
En Alsace, la pie-grièche grise niche depuis longtemps. Au 19ème siècle, elle est signalée en de nombreux endroits, notamment dans les rieds, les vergers et le Sundgau où elle n'est pas rare. Puis les populations ont régulièrement chuté, l’oiseau désertant complètement certains secteurs. Une régression forte et continue affecte la population régionale depuis les années 1970. La situation s’est accélérée ces dernières années et depuis 1998, l’Alsace a perdu 70 à 80 % de ses effectifs, aujourd’hui surtout localisés dans le nord-ouest du Bas-Rhin.
La pie-grièche à tête rousse, d’affinité méditerranéenne, connaît une situation encore plus dramatique, avec un déclin à l’échelle européenne à partir de années 1970. En France, une forte régression a même été constatée dès les années 1960. En Alsace, l’espèce était bien présente et au 20e siècle, elle ne semblait pas rare autour de Strasbourg ni de Colmar, puis sa population a suivi la tendance nationale. Au milieu des années 1980, l’enquête ne montrait plus que 4 secteurs où l’espèce était présente, avec au plus 60 à 90 couples. La situation s’est sensiblement dégradée depuis. Aujourd’hui, tous ses effectifs se cantonnent au nord-ouest de l’Alsace avec une population totale de 15 à 25 couples. En deux décennies, elle aura ainsi diminué de près des 3/4 de ses effectifs.
Les menaces
Les deux pies-grièches sont des oiseaux typiques de milieux agricoles extensifs semi-ouverts. L’entretien régulier des paysages qu’elles fréquentent, notamment en période de reproduction, est un paramètre indispensable à leur survie. Elles répondent en effet rapidement aux modifications de leurs biotopes et aux changements des pratiques d’exploitation. Elles sont de ce fait très menacées par les multiples dégradations des paysages agricoles traditionnels : disparition des vergers due au développement de l’urbanisation, intensification des pratiques agricoles (disparition des haies, prairies et pâturages ; utilisation de pesticides), abandon des vergers… A cela s’ajoutent les dérangements liés aux activités de loisir. La protection et la restauration des biotopes paraissent donc indispensables et urgentes à la conservation de ces oiseaux.
Un plan d’actions en faveur des pies-grièches
Pour enrayer ce déclin un plan national d’actions a été initié en 2011, et une déclinaison régionale a été rédigée par la LPO Alsace suite à une proposition de la DREAL Alsace.
Les enjeux de ce plan de conservation régional sont :
- l’amélioration des connaissances (répartition et effectifs des deux espèces, états de conservation des biotopes, causes de régression…)
- la conservation et la restauration des biotopes
- la sensibilisation des acteurs concernés et du grand public (promouvoir l’agriculture extensive…)
La durée du plan est fixée à 5 ans et un bilan final, précédé de synthèses intermédiaires, devra être établi au terme de cette période.
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