De nombreux témoignages rapportent la présence de « potences à corbeaux Â», que ce soit dans le Bas-Rhin ou le Haut-Rhin. Cette pratique moyenâgeuse, supposée effaroucher les corvidés, est non seulement choquante mais surtout totalement inefficace.

 

Pendus par les pattes ou par le cou, des cadavres de corbeaux ou de corneilles se balancent au bout d’une ficelle, accrochés à des pieux répartis dans des champs. L’objectif ? Effrayer et faire fuir leurs congénères du champ. Or le rôle d’épouvantail accordé à ces potences est totalement inutile, comme en témoigne la présence de corvidés vivants à deux pas des cadavres.

 

Aucun texte, hélas, ne réglemente ce genre de pratique… Du fait de leur statut d’espèce dite nuisible, les corbeaux et les corneilles (au même titre que les pies et les étourneaux) peuvent être chassés et piégés pratiquement toute l’année. Mais ce qui est réglementé, c’est la manière dont ces oiseaux peuvent être détruits. Les textes de lois prévoient quels tirs et quels pièges sont autorisés, et surtout, exigent que la personne qui les pratique ait obtenu soit un agrément de piégeage soit une autorisation de tir de la part de la préfecture.

 

Face à ces scènes de dizaines de pieux macabres s'étalant à perte de vue (où l’hypothèse qu’un cadavre ait été trouvé par hasard dans la nature, et accroché dans un champ de manière isolée, n’est pas envisageable), il convient donc, a minima, de contrôler que le propriétaire du champ puisse présenter, sans dérogation possible, son agrément de piégeur, qu’il ait effectué les destructions lui-même ou qu’il ait mandaté un tiers pour le faire.

 

Des potences exposées dans un champ, à la vue de tous - Photo Cathy ZellDes potences exposées dans un champ, à la vue de tous - Photo Cathy Zell Sachet poubelle en guise d'épouvantail:pour effrayer les corneilles ou tromper les passants? - Photo Cathy ZellSachet poubelle en guise d'épouvantail:pour effrayer les corneilles ou tromper les passants? - Photo Cathy Zell

 

Autant il est compréhensible que les agriculteurs souhaitent limiter la présence des corvidés qui viennent se nourrir dans leurs champs et cherchent des solutions, autant il est ahurissant de voir de telles pratiques encore en cours en Alsace (notons que la conscience que ces silhouettes morbides puissent choquer existe, puisque certains agriculteurs placent, en première ligne, des sachets poubelle noirs, de manière à tromper la vigilance des passants…).

 

La LPO Alsace incite donc tous ses sympathisants à se mobiliser pour lutter contre ces techniques d’un autre âge, notamment en faisant pression auprès de leurs maires pour demander qu’elles soient purement et simplement interdites.