Pour préserver la faune de certaines carrières (*) en Alsace, une campagne de sensibilisation a été initiée en 2002 par la LPO Alsace en partenariat avec l’Union Nationale de l'Industrie des Carrières et Matériaux de construction (UNICEM Alsace) qui regroupe les professionnels des carrières et matériaux dans notre région, la Région Alsace et le Ministère de l’Environnement (DIREN Alsace).

 

A cet effet, la LPO Alsace a réalisé un outil de communication spécifique. Celui-ci est composé d'une pochette d’information mettant en avant le rôle important que peuvent jouer les gravières et les carrières pour la conservation d’espèces d’oiseaux menacées en Alsace comme le petit gravelot, l’hirondelle de rivage ou encore le grand corbeau et le faucon pèlerin. 11 fiches de conseils pratiques sont insérées dans la pochette, ce qui permet de guider les professionnels dans leur gestion quotidienne et à long terme pour une renaturation écologique en faveur de la biodiversité.

L’ensemble des carriers alsaciens et tous les maires concernés par une carrière sur leurs bans communaux ont été destinataires de la pochette. Ils ont été incités à contacter la LPO Alsace pour déterminer les mesures les plus adaptées à la protection des oiseaux, mais aussi les moins contraignantes pour les exploitants.
D'autre part, des journées de formation sont organisées par la LPO Alsace, à destination des professionnels et des élus, sur des sites aménagés. Plusieurs sites sont en cours de renaturation, mais la LPO Alsace espère que dans les prochaines années, un nombre plus important de gravières et carrières seront aménagées pour les oiseaux et la faune en général.

 

La pochette d'information est disponible à la LPO Alsace ; n’hésitez pas à nous la demander !

 

 

 

 Vous pouvez également télécharger les 11 fiches pratiques en cliquant sur les liens ci-après :

Hirondelle de rivage - Photo Jean-Marc BronnerHirondelle de rivage - Photo Jean-Marc Bronner

 

(*) Carrière : terme générique incluant les gravières en eau, les sablières et les carrières en roche massive.

 


Un exemple concret : la renaturation de la gravière de Neuhaeusel

 Le cas de la gravière du Jaegerkopf à Neuhaeusel (67) représente une avancée supplémentaire dans le cadre de la renaturation de carrières puisqu’il s’agit d’une réalisation concrète. De par le nombre de partenaires impliqués, aux expertises et aux compétences complémentaires, c’est aussi une réalisation inédite et exemplaire, qui pourra dorénavant servir de vitrine à toute la profession et aux propriétaires de carrières en cours d’exploitation.

Pourquoi Neuhaeusel ?

Les travaux d'aménagement ont démarré en janvier 2011, pour une durée de 3 mois - Photo Cathy ZellLes travaux d'aménagement ont démarré en janvier 2011, pour une durée de 3 mois - Photo Cathy Zell
Ancienne gravière laissée en l’état (car antérieure à la loi de 1998), le site de Neuhaeusel représentait un lieu idéal pour réaliser un aménagement écologique, car situé dans un périmètre Natura 2000, RAMSAR (convention internationale de protection des zones humides) et Arrêté Préfectoral de Protection du Biotope. Le maire de Neuhauesel, séduit par le projet, l'a de suite accepté.

 

La LPO Alsace est à l'origine de cette démarche, mais ne souhaitait pas s'impliquer dans la maîtrise foncière. Elle  a donc proposé au Conservatoire des Sites Alsaciens (CSA) de la prendre en charge, en amont de la phase opérationnelle. Un bail emphytéotique de 36 ans a ainsi été signé entre la commune et le CSA, en 2007. Les deux années suivantes ont été consacrées à l’élaboration du plan de gestion, avec le soutien de l’Agence de l’Eau Rhin Meuse, l’Union Nationale des Producteurs de Granulats (une branche de l'UNICEM), le Conseil Général du Bas-Rhin.

Quels aménagements réalisés ?

Création de mares déconnectées plus ou moins profondes - Photo Cathy ZellCréation de mares déconnectées plus ou moins profondes - Photo Cathy ZellLes gravières de la plaine rhénane sont bien connues pour abriter des espèces menacées de la faune et de la flore, qui y trouvent des habitats de substitution aux milieux alluviaux rhénans d’autrefois. La forme de la gravière, le profil et la sinuosité des berges, la présence de pièces d’eau déconnectées sont autant de facteurs déterminants pour la richesse en espèces.

 

L’objectif général de la renaturation fut donc de modifier les caractéristiques physiques du site pour optimiser ses fonctions d’accueil de la biodiversité. Les réaménagements ont été conçus par le CSA, en collaboration avec la LPO bien sûr pour l’accueil de l’avifaune, et avec BUFO pour celui des amphibiens. Ils ont été menés par l’entreprise Nature et Technique, et le Parc Départemental d'Erstein, spécialisés dans ce type de travaux, avec le soutien supplémentaire de fonds européens (FEDER).

 

 

Création d'une frayère - Photo Cathy ZellCréation d'une frayère - Photo Cathy ZellOnt ainsi été réalisés début 2011 :

  •  la création de roselières, de chenaux et de zones en eau peu profonde
  •  l’aménagement de mares déconnectées
  •  la suppression d’arbres et arbustes exotiques
  •  la plantation de peupliers noirs issus du programme national de conservation de l’espèce
  •  le rajeunissement de placettes pour la conservation de gazons pionniers hygrophiles
  •  l’installation d’un panneau d’information pour le public
  •  le retrait d’anciennes clôtures
  •  la mise en sécurité des aménagements
  •  la création d'une falaise à hirondelles de rivage

 

Cette ancienne gravière est régulièrement suivie par la mission scientifique du CSA (2008, 2011, 2015 et 2018) pour voir l'évolution consécutive aux travaux, notamment au niveau botanique.

Les gazons pionniers hygrophiles accueillent des espèces végétales patrimoniales rares qui trouvent ici des habitats de substitution aux anciens bancs de graviers qu'offrait le Rhin non canalisé. Des passages estivaux permettent de comptabiliser les pieds et de cartographier les stations de ces espèces. Globalement, les effectifs semblent s'être stabilisés. Les espèces exotiques envahissantes sont également cartographiées.

Ce site est aujourd'hui un réel refuge pour les espèces dépendantes de la dynamique alluviale qui ont terriblement pâti de la canalisation du fleuve (extraits du rapport d'activités 2018 du CSA).