Le confinement chez soi invite les heureux propriétaires de jardins à y passer le plus possible de temps, et le besoin de s’occuper conduit certains à le retravailler largement. Mais est-ce vraiment la bonne attitude à adopter ?

 

 

Tandis que la LPO invite l’ensemble de ses adhérents et sympathisants à participer à l’inventaire des oiseaux des jardins et à l’observation de la faune sauvage en milieu urbanisé, nombreux sont ceux qui profitent de leur temps libre et de la météo anticyclonique pour tailler, débroussailler, tondre, bêcher et « faire propre Â». Une attitude que l’on peut comprendre en cette période de tension psychologique, mais qui peut particulièrement nuire à la faune des jardins, au sortir de l’hiver.

Pensez à laisser des zones non tondues dans votre jardin ! (photo Cathy Zell)Pensez à laisser des zones non tondues dans votre jardin ! (photo Cathy Zell)En effet, le début du printemps correspond, selon les espèces, au réveil post-hibernation, à la recherche d’une nourriture plus calorique, à l’établissement des territoires, à la recherche de partenaires, à la construction des nids… Une effervescence grouillante de vie, mais qui peut être mise à mal, voire anéantie, par des interventions brutales et irraisonnées.

Ainsi, tailler les arbustes, couper les haies et élaguer les arbres est particulièrement néfaste pour la faune, surtout en cette période. Ces biotopes sont en effet un havre de vie pour nombre d’espèces, qui voient leur site de reproduction saccagé en quelques secondes. Un arrêté préfectoral en interdit même la pratique sur tous les secteurs ruraux et collectifs, et ce du 15 mars au 31 juillet.

Pareillement, tondre à ras la pelouse, sur l’ensemble de son jardin, c’est supprimer les zones refuges de beaucoup d’animaux pourtant auxiliaires de nos potagers : hérissons, amphibiens, musaraignes, orvets, insectes… sont ainsi régulièrement déchiquetés par les lames des tondeuses. Il va sans dire que les biocides divers (pesticides, herbicides et autres Round’up) tuent sans distinction tout animal sauvage, en surface mais aussi dans le sol, tout en polluant l’eau et la terre.

 

Un tas de branche, ça peut être beau et c'est surtout très utile pour la faune (photo Cathy Zell)Un tas de branche, ça peut être beau et c'est surtout très utile pour la faune (photo Cathy Zell)La LPO ne prône pas la non-intervention, mais appelle au discernement et rappelle quelques principes fondamentaux pour bien s’occuper de son jardin :

  • pour la taille des haies et des arbustes : c’est trop tard, il faudra attendre le 1er août !
  • tondre sa pelouse : oui, mais pensez à la parcourir à pied avant, pour inciter les animaux à s’enfuir, et laisser quelques zones refuges, au milieu et en bordure des haies. La végétation haute, qui constitue aussi un « effet lisière Â» entre les arbustes et l’herbe rase, joue un rôle primordial dans le déplacement et le nourrissage de beaucoup d’espèces, dont les insectes qui assurent, de manière peu connue, d’innombrables services ;
  • enlever les herbes folles envahissantes : oui, mais manuellement !

Si vous souhaitez vous investir davantage dans votre jardin, profitez-en au contraire pour en faire un lieu riche en biodiversité : récupérez des pierres et faites-en un muret ou un tas, qui permettront aux lézards de prendre le soleil, amassez des branches en guise de zone refuge, construisez des nichoirs pour les oiseaux… Nombreuses sont les idées favorables à la faune, toutes décrites dans le programme Refuge LPO !

Savourez votre jardin, plantez-y des fleurs et des légumes, mais pensez aussi à la biodiversité et au plaisir d’observer, comme au cinéma, le spectacle qui se déroule sous vos yeux, sans modération !