Etudes et protection

Guifette noire (plumage d'hiver) - Photo Jean-Marc BronnerGuifette noire (plumage d'hiver) - Photo Jean-Marc BronnerLes milieux naturels des bords du Rhin ont subi des transformations radicales par suite des amĂ©nagements qui se sont succĂ©dĂ©s en diffĂ©rentes Ă©tapes du milieu du XIXème siècle jusqu’en 1977 : travaux de rectification au XIXème siècle, puis de rĂ©gularisation au dĂ©but du XXème siècle et enfin, de canalisation dans la 2ème moitiĂ© du XXème siècle. La dynamique naturelle des milieux a Ă©tĂ© supprimĂ©e (disparition des Ă®lots sablo-graveleux, importante rĂ©duction de surface des stades sylvicoles pionniers) et les Ă©cosystèmes du lit majeur se sont considĂ©rablement assĂ©chĂ©s (suppression des inondations, abaissement du toit de la nappe, rĂ©duction de l’ampleur des battements de cette nappe). Il en a rĂ©sultĂ© une profonde transformation de l’avifaune rhĂ©nane : des espèces ont disparu (balbuzard pĂŞcheur, sterne naine, guifette noire, etc.), d’autres se sont maintenues avec plus ou moins de succès (petit gravelot, sterne pierregarin, etc.) et d’autres enfin, qui connaissent une dynamique expansive actuellement en Europe, se sont installĂ©es (mouette rieuse, goĂ©land leucophĂ©e, etc.).

 

Parmi les aménagements dont les répercussions ont été favorables aux oiseaux, il convient de citer la création des musoirs près de chaque ouvrage hydroélectrique (usines de production d’électricité et barrages). Ces langues de terrain sont constituées de matériaux grossiers (galets et graviers), elles sont implantées au milieu de l’eau et sont peu accessibles aux prédateurs terrestres. Elles consitutent de ce fait des sortes d’îles sablo-graveleuses artificielles. Elles ont rapidement été utilisées comme biotopes de substitution par plusieurs espèces nichant à l’origine sur les îlots naturels. Aujourd’hui, ces musoirs hydroélectriques représentent les principaux sites de nidification du petit gravelot, de la mouette rieuse, de la mouette mélanocéphale, du goéland leucophée et de la sterne pierregarin en Alsace. Ces colonies de laridés attirent par ailleurs diverses espèces d’anatidés (canard chipeau, canard colvert, fuligule morillon), qui s’y sentent en sécurité pour nicher. En hiver et lors des passages migratoires, les musoirs constituent également des reposoirs privilégiés pour une cohorte d’oiseaux d’eau (cormorans, hérons, canards de surface, foulques, laridés et plus rarement, oies).

 


Un impératif de gestion appropriée

Les contraintes d’exploitation industrielle des ouvrages hydro-électriques nécessitent un entretien régulier des musoirs et de leurs abords par EDF, afin de contenir le développement de la végétation ligneuse.

 

Goéland leucophée - Photo Nicolas BuhrelGoéland leucophée - Photo Nicolas BuhrelJusqu’au milieu des années 1980, la solution retenue par cette entreprise consistait à effectuer des traitements chimiques. Ceux-ci détruisaient tant la végétation ligneuse qu’herbacée. La surface des musoirs demeurait ainsi totalement nue et les sites s’avéraient particulièrement favorables à la nidification d’espèces pionnières, tels que le petit gravelot et la sterne pierregarin. Toutefois, une prise de conscience d’EDF sur la pollution de l’environnement qui en résultait, même ponctuelle, et sur les destructions qui étaient parfois occasionnées aux colonies d’oiseaux (passage des véhicules à des dates inappropriées), ont conduit à rechercher d’autres solutions sous l’impulsion de la LPO Alsace.

Un simple broyage de la végétation fut la méthode alternative choisie. Le problème des dates d’intervention demeurait cependant entier et la colonisation progressive des musoirs par un tapis d’herbacées ne cessait d’inquiéter, car elle entraînait la désertion des sites par les deux espèces pionnières remarquables précitées.

Il devenait urgent de trouver une solution plus satisfaisante : la LPO Alsace a saisi EDF du problème et après une pĂ©riode de concertation, une convention entre les deux organismes a Ă©tĂ© signĂ©e.


Une convention exemplaire

Mouettes rieuses, musoir EDF - Photo Christian DronneauMouettes rieuses, musoir EDF - Photo Christian DronneauLa convention, signĂ©e en 2000 pour une pĂ©riode de trois ans, renouvelable ensuite par tacite reconduction d’annĂ©e en annĂ©e, prĂ©voit un entretien diffĂ©renciĂ© des musoirs, selon les espèces nicheuses qu’ils hĂ©bergent :

  • sur les sites occupĂ©s par le petit gravelot et la sterne pierregarin, l’entretien doit consister en un griffage du sol avant l’installation des oiseaux, entre le 15 mars et le 1er avril, afin d’empĂŞcher l’implantation trop massive des herbacĂ©es (doublĂ© Ă©ventuellement d’un griffage en fin d’étĂ© selon le dĂ©veloppement constatĂ© des herbacĂ©es) ;
  • sur les sites oĂą nichent les mouettes et le goĂ©land leucophĂ©e, l’entretien consiste en un broyage annuel de la vĂ©gĂ©tation dĂ©passant 5 Ă  10 cm, Ă  effectuer une fois par an après le dĂ©part des oiseaux, entre le 15 aoĂ»t et le 15 novembre.

 

Cette convention, toujours en cours, a fait l’objet d’une actualisation en 2006, afin de permettre l'expérimentation d’autres modalités d’intervention en faveur du petit gravelot et de la sterne pierregarin (désherbage thermique, bâchage, etc.), qui seraient éventuellement plus efficaces.

Le partenariat avec EDF se traduit Ă©galement par la rĂ©alisation de documents d’information sur l’avifaune du Rhin, Ă  destination du grand public et des scolaires. Trois brochures intitulĂ©es « les oiseaux d’eau hivernants d’Alsace  Â» (versions adulte et scolaire) et « les oiseaux des musoirs » ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es, et sont disponibles auprès de la LPO Alsace (contacter le siège, Ă  Strasbourg). Une confĂ©rence de presse organisĂ©e le 30 juin 2006 Ă  Strasbourg a permis de dresser le bilan de ces actions et de consolider le partenariat Ă©tabli depuis plusieurs annĂ©es entre EDF et la LPO Alsace, pour le plus grand bĂ©nĂ©fice des oiseaux. Elle a Ă©tĂ© largement relayĂ©e par la presse rĂ©gionale.

 

 

Dans le cadre de sa mission de protection de l’avifaune et face à des situations flagrantes de destruction, la LPO Alsace peut être amenée à saisir directement le Préfet pour la mise en place d’une réglementation spécifique. Ce fut notamment le cas pour la pose des filets de protection des vignes, la destruction des haies et la pratique de l’écobuage (brûlis). Des arrêtés préfectoraux les réglementent désormais par des articles précis.

 


Vignes : des filets de protection plus respectueux de la faune sauvage

Filet de vigne meurtrier - Photo LPO AlsaceFilet de vigne meurtrier - Photo LPO Alsace
A l’approche de l’automne, les vignobles se couvrent de filets et de banderoles de toutes sortes pour mettre le raisin à l’abri des oiseaux. Mal posés ou de texture non adaptée, ceux-ci constituent de véritables pièges à animaux et occasionnent la mort de nombreux oiseaux et petits mammifères.

Suite à la saisine du préfet par la LPO Alsace, l’arrêté préfectoral du 7 mars 1994 établit désormais les caractéristiques et les modalités de pose des filets de protection des cultures et du vignoble, garantissant une protection du raisin tout en épargnant la vie de la faune sauvage (voir extrait de l’arrêté).

 

 


Haies : enfin protĂ©gĂ©es en pĂ©riode de nidification

Destruction d'une haie - Photo Jean-Marc BronnerDestruction d'une haie - Photo Jean-Marc Bronner
Tout le monde (ou presque) s’accorde à reconnaître l’importance des haies pour notre environnement. Elles remplissent une multitude de fonctions bénéfiques pour la collectivité (lutte contre l’érosion des sols et les crues, coupe-vent, etc.) et abritent une faune et une flore variées, sans compter leur rôle paysager. Malgré leurs innombrables vertus, certains s’acharnent à les détruire ou à les mutiler avec des engins de broyage. Ces opérations de destruction sont encore plus dévastatrices lorsqu’elles sont pratiquées en période de reproduction de la faune. Des centaines, voire des milliers de nids étaient ainsi détruits tous les ans. La LPO Alsace a demandé aux Préfets du Bas-Rhin et du Haut-Rhin la protection des haies à la belle saison, et a obtenu gain de cause (voir extrait de l’arrêté).

 


BrĂ»lis : brĂ»ler les friches, c’est brĂ»ler la vie !

Brûlis - Pholo LPO AlsaceBrûlis - Pholo LPO Alsace
Pour nettoyer une parcelle, le feu est employĂ© par facilitĂ©. Il dĂ©vore sans distinction friches et broussailles, haies et bosquets, et endommage l’écorce des arbres. Il est mortel pour tous les ĂŞtres vivants, des espèces rares et prestigieuses (vĂ©gĂ©tales ou animales) aux plus communes : escargots, petits rongeurs, chenilles de papillons, levrauts, crapauds et grenouilles, perdrix, faisans, lĂ©zards, hĂ©rissons, jeunes oiseaux, etc. Les flammes dĂ©truisent les micro-organismes prĂ©sents dans l’humus qui sont nĂ©cessaires au dĂ©veloppement de la vĂ©gĂ©tation. Les brĂ»lis ne fertilisent aucunement le sol, au contraire.

Grâce à l’action de la LPO Alsace, un arrêté préfectoral interdit depuis 1997 toute incinération de végétaux, a minima durant la période de reproduction (voir extrait de l’arrêté).

 

 

Buses, hérons, faucons, cigognes, moyens-ducs, grands-ducs, canards, cygnes … Des centaines d’oiseaux étaient chaque année électrocutés (moyenne tension) ou mortellement blessés (haute tension) à cause des nombreuses lignes électriques qui sillonnent notre région. La densité du réseau Moyenne Tension et Haute Tension est plus importante que dans la majorité des régions françaises, à cause des diverses usines productrices d’électricité qui sont implantées le long du Rhin (15 usines hydroélectriques et la centrale nucléaire de Fessenheim).

 


Poteau électrique protégé - Photo Christian BraunPoteau électrique protégé - Photo Christian BraunLa LPO Alsace, avec le soutien d’autres associations, s’est engagée depuis de nombreuses années auprès d’EDF d’abord, puis de RTE (Réseau Transport Electricité), pour réduire ces dégâts meurtriers. Inventaire systématique des oiseaux trouvés morts sous les constructions, étude du comportement des oiseaux face aux lignes et aux poteaux électriques (nidification, migration, chasse, …), analyse de la cause des décès (motifs des collisions et électrocutions), ont été systématiquement réalisés et transmis à EDF et RTE.

 

Grâce à ces actions et aux différentes propositions faites, les travaux d’enfouissement des lignes électriques ont été accélérés, la démolition des pylônes dangereux a été largement engagée et la protection des équipements en place a été généralisée (mise en évidence des pylônes meurtriers, comme les interrupteurs ou les transformateurs aériens et détermination de ceux qui sont peu dangereux, tels la nappe-voûte suspendue, le drapeau alterné ou le Canadien).

Un « ComitĂ© RĂ©gional de Concertation ElectricitĂ© Alsace (CRCE) Â» a Ă©tĂ© créé en 1992. Il a pour but de concilier la demande de modernisation du rĂ©seau et les impĂ©ratifs de qualitĂ© de vie, de protection de zones sensibles ou d’intĂ©gration paysagère. Dans le cadre de cette instance, la LPO Alsace a pu prĂ©senter le rĂ©sultat de ses travaux.

Parallèlement, une convention de « protection de l’avifaune en Alsace Â» a Ă©tĂ© signĂ©e entre EDF, ElectricitĂ© de Strasbourg, la LPO Alsace et l’Association pour la Protection et la RĂ©introduction des Cigognes en Alsace-Lorraine (APRECIAL) pour une protection spĂ©cifique des cigognes, espèce emblĂ©matique d’Alsace et rĂ©gulièrement victime d’électrocution. Les rĂ©sultats obtenus ont incitĂ© les pouvoirs publics Ă  soutenir la dĂ©marche de la protection de l’avifaune. Le Conseil RĂ©gional d'Alsace a notamment confiĂ© Ă  la LPO Alsace, la rĂ©alisation de deux Ă©tudes : l’une dressant un inventaire prĂ©cis des zones sensibles en matière d’électrocution sur les rĂ©seaux Ă  20 000 volts, l’autre rĂ©pertoriant les lignes Ă  haute tension dangereuses en terme de collision.

 


 

A partir de ces études, EDF-GDF Services Alsace et Electricité de Strasbourg se sont engagés, en 1994, sur plusieurs points :

  • mettre en Ĺ“uvre les solutions techniques les plus performantes pour faire disparaĂ®tre les points noirs rĂ©putĂ©s les plus dangereux,
  • ne pas crĂ©er de nouveaux points dangereux dans les zones sensibles : les nouvelles lignes 20 000 volts créées seront prioritairement enterrĂ©es ou, le cas Ă©chĂ©ant, Ă©quipĂ©es de dispositifs de protection adaptĂ©s,
  • tenir compte des sites naturels qui prĂ©sentent un intĂ©rĂŞt particulier pour la flore et la faune, et respecter un calendrier de dĂ©broussaillage sous les lignes qui soit compatible avec le bon dĂ©roulement de la nidification (travaux entre entre aoĂ»t et fĂ©vrier),
  • rĂ©aliser une Ă©tude de faisabilitĂ© approfondie (avec la Chambre d’Agriculture, la FĂ©dĂ©ration des chasseurs et la LPO Alsace) sur l’amĂ©nagement Ă©cologique des surfaces non cultivables situĂ©es en dessous des pylĂ´nes haute et très haute tension ; ces surfaces prĂ©sentent un intĂ©rĂŞt non seulement d’un point de vue paysager, mais aussi comme refuge et relais pour la faune sauvage,
  • poursuivre et dĂ©velopper la collaboration avec la LPO en vue de rĂ©duire les risques d’accidents dus aux collisions par la mise en place et l’élaboration, si nĂ©cessaire, de nouveaux dispositifs dissuasifs adaptĂ©s aux diverses espèces sur les lignes Ă  haute et très haute tension,
  • financer et mettre en Ĺ“uvre un rĂ©seau Ă©cole sur le site d’Ottmarsheim (centre de formation aux travaux sous tension) pour prĂ©senter l’ensemble des dispositifs de protection de l’avifaune adaptĂ©s aux ouvrages aĂ©riens de 20 000 volts disponibles sur le marchĂ©.

 


Actuellement, Ă  part des mortalitĂ©s ponctuelles, les Ă©lectrocutions d’oiseaux en Alsace ne mettent dĂ©sormais plus en cause la conservation des diffĂ©rentes espèces d’oiseaux citĂ©es en introduction. Par ailleurs, certains sites sensibles en terme de collision (lignes Ă  haute tension) ont Ă©tĂ© Ă©quipĂ©s de systèmes de visualisation. Cependant, pour cette catĂ©gorie de lignes, les solutions sont plus complexes Ă  mettre en Ĺ“uvre de façon systĂ©matique, et les zones sensibles doivent ĂŞtre traitĂ©es au cas par cas. Affaire Ă  suivre !

 

N’hésitez pas à contacter la LPO si vous souhaitez plus de renseignements sur ces sujets ! (degré de dangerosité des différents pylônes ou lignes électriques).

Aire à faucons pèlerin sur un pylône à haute-tension - Photo Jean-Marc BronnerAire à faucons pèlerin sur un pylône à haute-tension - Photo Jean-Marc BronnerLes pylônes à haute-tension accueillent des faucons pèlerins, hobereaux et crécerelles, qui s'installent dans des nids de corneilles noires vides. Ces 3 espèces de faucons, comme tous les rapaces en France, sont protégées. Le faucon pèlerin l'est même à l'échelle européenne et fait figure d'oiseau-emblème en terme de protection de la nature. Ce statut protège aussi bien les individus que leur nid et leur habitat.

 

 

Afin de gérer au mieux la présence de ces nids sur les pylônes, la LPO et RTE (Réseau de Transport d'Electricité, gestionnaires des pylônes) ont signé un partenariat, basé sur 3 actions clés :

  • une sensibilisation rĂ©ciproque entre les deux structures : la LPO informera les techniciens de RTE de la nĂ©cessitĂ© de signaler toute aire de rapace sur les pylĂ´nes Ă©lectriques et l’importance de les maintenir, afin de garantir un site de nidification pour l’espèce. De son cĂ´tĂ©, RTE expliquera Ă  la LPO Alsace (Ă©quipe salariĂ©e et bĂ©nĂ©voles impliquĂ©s dans la thĂ©matique rapaces) les impĂ©ratifs de l’entreprise en terme d’entretien des lignes Ă©lectriques ;
  • un dĂ©calage des interventions sur les pylĂ´nes oĂą une aire est signalĂ©e pendant la saison de reproduction ;
  • des poses de nichoirs Ă  rapaces (si nĂ©cessaire) sur certains pylĂ´nes devant faire l’objet de rĂ©novation et oĂą l’espèce est dĂ©jĂ  prĂ©sente.

 

La convention, d’une durée de deux ans, sera suivie par un bilan de l’opération.

Présentation de l’espèce

Adulte dans sa cavité de nidification. Photo Marc WiolandAdulte dans sa cavité de nidification. Photo Marc Wioland La chevêche d’Athéna (ou chouette chevêche) est un petit rapace nocturne qui réside toute l’année en Alsace. Parmi les rapaces nocturnes, elle est l'un des plus petits et des plus diurnes. Elle se reconnaît à sa tête ronde et large, à ses yeux jaunes et à son dos brun tacheté de blanc. Originaire du bassin méditerranéen, elle vit en dessous de 600 m d’altitude, là où les hivers sont doux et peu enneigés. Elle occupe les paysages ouverts, avec une prédilection pour les campagnes cultivées parsemées de vieux arbres, de prairies, de vergers d'arbres à hautes tiges ou de saules têtards. Ces biotopes lui offrent à la fois des terrains de chasse et des cavités pour nicher et se cacher durant la journée. Elle niche aussi volontiers dans les anciens bâtiments.

 

La chevêche est essentiellement active au crépuscule et la nuit. Elle se nourrit de gros insectes, de petits mammifères, ainsi que de vers de terre. Elle chasse à l'affût depuis un arbre ou un poteau, mais également en se déplaçant au sol. C'est pourquoi il est important que la végétation herbacée ne soit pas trop haute, ni trop dense

 

Statut juridique et liste rouge

 Au mĂŞme titre que tous les rapaces, la chevĂŞche est intĂ©gralement protĂ©gĂ©e en France. Elle est en outre inscrite sur la Liste Rouge des espèces menacĂ©es en Alsace, avec la mention « En dĂ©clin Â». Elle est tout particulièrement menacĂ©e dans nos rĂ©gions en raison de la disparition progressive de son biotope. En effet, l’urbanisation des espaces pĂ©riurbains au dĂ©triment des ceintures de vergers et l’intensification de l’agriculture ont entraĂ®nĂ© la diminution des effectifs de nombreuses espèces dont la chouette chevĂŞche et la quasi disparition des plus sensibles comme la pie-grièche Ă  tĂŞte rousse et la huppe fasciĂ©e.

 

Population

Jeunes proches de l'envol, hors du nid. Photo Marc WiolandJeunes proches de l'envol, hors du nid. Photo Marc Wioland

Jusque dans les annĂ©es 1960, la chouette chevĂŞche Ă©tait une espèce rĂ©pandue dans toute l’Europe centrale, mĂ©ridionale et orientale. Depuis lors, ses effectifs montrent un net recul dans la majeure partie du continent. En Alsace, entre les annĂ©es 1960 et 1980, la rĂ©gression a atteint 50% dans certains secteurs jusque lĂ  favorables. Il ne subsistait plus qu'une quarantaine de couples dans l'ensemble du Haut-Rhin dans les annĂ©es 1980 (MAURER A.,  Campagne de prospection Chouette chevĂŞche. Lien Ornithologique d'Alsace n°49, 1988. pp. 3-5.) et 5 ou 6 sur le piĂ©mont des Vosges du Nord.

 

 


Etudes, protection et effectifs actuels

Dans le Haut-Rhin

Grâce aux actions de sauvegarde mises en œuvre à partir des années 1990, la situation a pu être améliorée. Ainsi la population haut-rhinoise était estimée à 60 à 140 couples pour la période 1994-1995 (SANE R, La Chouette chevêche dans le Haut-Rhin – Résultat de deux années de prospection, Le Cigogneau n°54, 1996. pp. 17-26.).

Nichoir Ă  chevĂŞche - Photo Marc WiolandNichoir Ă  chevĂŞche - Photo Marc Wioland

Un ambitieux projet INTERREG, initiĂ© en janvier 2005 et financĂ© Ă  50% par l’Union EuropĂ©enne, est venu complĂ©ter le programme initial de prĂ©servation de la chouette chevĂŞche et de son habitat mis en place en 1999. Il s’agit du programme « PrĂ©servation des vergers et de la biodiversitĂ© associĂ©e ». AchevĂ© en juin 2007, il est relayĂ© par le programme « Corridors Ă©cologiques et Micro-habitats Â».

Dans le cadre des activités du Groupe chevêche 68 de la LPO Alsace, une étude a révélé, en 2010, la présence de 48 couples et 27 individus isolés sur les quelques 500 nichoirs et cavités naturelles suivis annuellement. Ils ont élevé 150 jeunes, dont 112 ont pu être bagués, ainsi que 11 adultes. 13 adultes bagués les années précédentes ont été contrôlés. Un programme de suivi par baguage se poursuit depuis 2006 sur les thèmes de survie, reproduction et dispersion des jeunes. Il permet de mieux comprendre l’évolution locale de l’espèce et d’affiner ainsi les mesures de sauvegarde à mettre en œuvre.

Évolution du nombre de couples suivis dans le Haut-Rhin. Source: Bertrand SCAAR, LPO-Alsace. A noter : la relative stabilitĂ© du nombre de couples en cavitĂ© naturelle comparativement Ă  la progression des nichĂ©es sĂ©curisĂ©es en nichoir.

 

D’autres chevêchologues alsaciens ont également été mis à contribution pour l'Atlas des oiseaux nicheurs d'Alsace, dont la période 2006-2010 a été définie pour sa réalisation. Ainsi, 148 communes du Haut-Rhin ont fait l'objet de prospections, permettant de mettre au jour 86 territoires occupés par la chevêche. Ceci nous autorise à estimer sa population à un peu plus d'une centaine de territoires occupés dans le Haut-Rhin (estimation 110 – 150).

 

Dans le Bas-Rhin

Dans le dĂ©partement du Bas-Rhin, une enquĂŞte intensive a eu lieu en 2009. Ses objectifs Ă©taient de prĂ©ciser le statut de l’espèce dans le dĂ©partement et de complĂ©ter les donnĂ©es Atlas pour la chevĂŞche ; parallèlement, elle a aussi permis de complĂ©ter les donnĂ©es Atlas pour les autres rapaces nocturnes.

Cette enquête a réuni 20 participants qui ont recensé 182 communes, sur 760 points de repasse. 1,5 passages ont été réalisés en moyenne sur chaque point, soit près de 1200 séances de repasse. Ceci a permis de recenser 99 territoires occupés par l'espèce en 2009. Cumulés aux données issues de l'Atlas des oiseaux nicheurs d'Alsace, 154 territoires nous sont, à ce jour, connus dans le Bas-Rhin concernant la période 2006-2010.

Depuis fin 2011 et pour une durĂ©e de 3 ans, la LPO Alsace est partenaire de l’opĂ©ration "Vergers Solidaires» lancĂ©e par les communautĂ©s de communes du Rhin (Rhinau) et de Benfeld et environs. Elle participe au volet sensibilisation de l'opĂ©ration, et assure le volet biodiversitĂ© en suivant la population de chevĂŞches sur le territoire des deux communautĂ©s de communes ainsi que la pose d'une quarantaine de nichoirs pour palier les manques de cavitĂ©s naturelles. Le recensement menĂ© en 2012 a permis de comptabiliser une vingtaine de territoires occupĂ©s par la chevĂŞche sur les deux ComCom. Un "groupe chevĂŞche 67" a Ă©tĂ© mis en place pour la prise en charge de ces actions.

 

 


Documentation disponible

 

Les groupes "Chevêche (67 et 68)" de la LPO Alsace ont conçu 3 fiches pratiques consacrées aux nichoirs destinés à cette espèce (construction ; pose ; suivi et entretien). Il s'agit d'un modèle avec système anti-prédation (SAP) contre les fouines.

Ces fiches sont téléchargeables en cliquant sur les images ci-dessous.

Conseils pour la pose d'un nichoirConseils pour la pose d'un nichoir Calendrier de suivi et d'entretien d'un nichoirCalendrier de suivi et d'entretien d'un nichoir Plan de construction d'un nichoir Ă  chevĂŞche avec SAPPlan de construction d'un nichoir Ă  chevĂŞche avec SAP

 

 

En savoir plus sur la ChevĂŞche d'Athena

Ci-dessous, les actions particulières menées par la LPO Alsace.

 

Ci-dessous, les espèces pour lesquelles des plans d'actions sont suivis par la LPO Alsace

 

La LPO Alsace, ses partenaires allemand - Naturschutzbund Baden-Würtemberg (NABU) - et suisse - Schweitzer Vogelschtutz (SVS) – ont depuis 2005 mis en place un programme trianational de « préservation des vergers et de la biodiversité associée », soutenu par les instances européennes : le fonds INTERREG. L’espèce phare de ce projet est la chevêche d’Athena (chouette chevêche).