Etudes et protection
Héron cendré
Présentation de l’espèce
Vol typique du héron - Photo Pierre MatzkeLe héron cendré fait partie des grands échassiers, dotés de longues pattes pour pouvoir atteindre la nourriture benthique ou enfouie dans la vase. Il appartient à la famille des ardéidés, qui se distinguent notamment des autres échassiers (tels que la cigogne, l’ibis, le flamant ou la grue) par le fait qu’ils rentrent leur cou quand ils volent.
Facilement identifiable, le héron cendré est très grand et majestueux quand il est dressé (près d’un mètre de haut), l’adulte a un beau plumage gris, un cou blanc et une poitrine tâchée de noir. En vol, les ailes sont très amples, le cou est replié et les longues pattes dépassent à l’arrière du corps.
On peut l’observer dans toutes les zones humides (marais, cours d'eau, étangs ...) qu’il s’agisse d'eau douce, saumâtre ou salée, dormante ou courante, du moment quelle est peu profonde. Il peut aussi fréquenter les forêts à proximité de l’eau, pour se percher dans les arbres. A la fin de l’été et en hiver, il est moins strictement lié au milieu aquatique : il fréquente alors volontiers les champs et les prés à la recherche de micromammifères.
Prédateur, le héron cendré se nourrit essentiellement de poissons, dont il capture avant tout les sujets déficients ou vivant près de la surface, jouant par là -même un rôle sélectif et régulateur, primordial pour les équilibres naturels. Mais comme il est très opportuniste, il se nourrit aussi de petits mammifères (rongeurs, musaraignes, taupes...), de batraciens, d'insectes, de crustacés, de mollusques, de vers et de reptiles
Statut juridique
L’espèce est intégralement protégée sur l’ensemble du territoire national par l'arrêté ministériel du 29 octobre 2009 (abrogation de l’arrêté ministériel modifié du 17 avril 1981). La protection de l’habitat est dorénavant prise en compte dans son article 3-II : « Sont interdites … la destruction, l’altération ou la dégradation des sites de reproduction et des aires de repos des animaux. Ces interdictions s’appliquent aux éléments physiques ou biologiques réputés nécessaires à la reproduction ou au repos de l’espèce considérée … ». Le nouvel arrêté du 29 octobre 2009 assure également la protection de son habitat.
Evolution des effectifs
En 2007, on recensait un peu plus de 1100 couples de hérons cendrés en Alsace. La bordure rhénane abrite la moitié des effectifs et le Sundgau, le quart. Les autres héronnières sont réparties dans le reste de la plaine entre Brumath et Colmar et en très petit nombre (moins de 1%) dans les Vosges du Nord. En hiver et lors des périodes de migration, que ce soit au printemps ou en automne, le héron est plus largement réparti : on le trouve dans l’ensemble de la plaine et dans la plupart des vallées vosgiennes, isolé ou en petits groupes, le long des cours d’eau, autour des plans d’eau, dans les inondations, les prés et les champs. Ses effectifs sont très variables d’un hiver à l’autre, selon les rigueurs climatiques.
Facteurs de menace
Le héron cendré se nourrit aussi de rongeurs - Photo Fabrice RoubertLe héron cendré n’a pas de réel prédateur à part l’homme. Même les faucons pèlerins ou les pygargues ne le chassent qu’exceptionnellement. Les principales causes de mortalité sont les conditions météorologiques, et notamment le froid en hiver, qui peut réduire l’effectif des colonies de 50% au printemps suivant.
Tout comme pour les rapaces, la qualification de « nuisible » a été appliquée aux hérons et a motivé des destructions systématiques. Du fait que ces oiseaux capturent des poissons, on concluait sans discrimination que tous étaient des ennemis de la pêche et de la pisciculture, donc de l’homme, et que leur extermination s’imposait. Aussi, alors qu’il était un nicheur assez répandu dans la plaine du Rhin jusqu’au milieu du XIXe siècle, le héron a vu ses effectifs diminuer quasiment jusqu’à l’extinction en Alsace, ainsi que sur le reste du territoire national. Il faudra attendre une réelle prise de conscience publique de son utilité pour aboutir à sa protection intégrale en 1975 et voir sa population reprendre de l’essor.
Aujourd’hui, le héron ne peut plus faire l’objet de destruction directe, mais des menaces continuent de peser sur l’espèce. D’une part, il reste en effet incriminé par de nombreux pêcheurs comme étant un concurrent ou par les propriétaires des piscicultures où le héron peut facilement trouver nourriture. Heureusement, il existe des moyens pour l’en empêcher, le plus souvent applicables et peu onéreux. D’autre part, la destruction de certaines parties de son habitat, notamment l'abattage des arbres et les dérangements humains, peuvent compromettre sa nidification.
Etudes et protection
La LPO Alsace assure le recensement et le suivi des héronnières sur l’ensemble de la région depuis plusieurs dizaines d’années et un inventaire décennal est réalisé dans le cadre du comptage national organisé par la LPO France. La connaissance de l’évolution et de la dynamique de l’espèce ainsi que sa répartition géographique sont en effet essentielles, notamment pour pouvoir débattre avec le monde de la pêche.
Dans le meilleur des cas, la LPO intervient ainsi régulièrement pour conseiller des propriétaires d’étangs ou de mares pour minimiser l’impact de la capture de poissons par le héron. Des systèmes d’effarouchement sont alors proposés.
Dans le pire des cas, le héron cendré faisant encore l’objet de destructions intentionnelles malgré son statut d’espèce protégée, le LPO Alsace intervient pour faire condamner les auteurs de ces actes illicites, en portant plainte et se constituant partie civile.
Héronnière au zoo de Mulhouse - Photo Marc Solari
Par ailleurs, grâce à la connaissance de la localisation des héronnières, la LPO peut informer les gestionnaires forestiers et plus particulièrement l’Office National des Forêts de la présence des nids afin d’éviter l’abattage des arbres en réalisation des travaux forestiers aux alentours des sites de nidification.
De façon plus formelle, la LPO Alsace est partenaire dans certaines opérations spécifiques de protection d’espèces d’oiseaux prédatrices de poissons ; avec le GORNA*, elle est ainsi intervenue auprès de la pisciculture Kirscher à Sparsbach, où elle a monté un dossier de prise en charge d’installations non dangereuses pour les hérons, les grands cormorans et les balbuzards pêcheurs. Elle a également signé une convention avec le zoo de Mulhouse, où s’est établie une vaste héronnière, afin d’en suivre les effectifs et de sensibiliser le grand public sur l’espèce.
*Groupement Ornithologique du Refuge Nord Alsace
Faucon crécerelle
Présentation de l’espèce
Photo Ernest TrümpyLe faucon crécerelle est un rapace de petite taille, dont la longue queue et le vol sur place sont caractéristiques. Le mâle est facilement reconnaissable à son dos roux tacheté et sa tête grise. Lorsque l’hiver est clément, un grand nombre d’individus restent en Alsace, sinon ils disparaissent presque entièrement de la région et partent hiverner jusque dans le sud de la France.
Le faucon crécerelle ne construit pas de nid : il occupe celui d’un autre oiseau (souvent celui de la corneille noire) ou pond directement sur le replat d'une falaise, dans une cavité de bâtiment, d’arbre ou dans un nichoir, en ville, en lisière de forêt ou sur des pylônes électriques. Il se nourrit surtout de petits rongeurs et principalement de campagnols des champs, mais capture aussi des petits oiseaux (moineaux, en ville), des reptiles, des amphibiens et des gros insectes. Sa technique de chasse est bien connue : il effectue un vol sur place, entre 10 et 40m de haut (appelé «vol en Saint Esprit»), puis fonce sur sa proie en piqué. D'autres fois, il chasse à l’affût, perché sur un piquet.
Le faucon crécerelle est un oiseau des milieux ouverts, se reproduisant du bord de la mer jusqu'en haute montagne. En Alsace, il niche jusque dans les cirques rocheux des Hautes-Vosges.
Statut juridique
Le faucon crécerelle est, comme tous les rapaces, protégé sur l’ensemble du territoire français par l'arrêté ministériel du 29 octobre 2009 (abrogation de l’arrêté ministériel modifié du 17 avril 1981). La protection de l’habitat est dorénavant prise en compte dans son article 3-II : « Sont interdites … la destruction, l’altération ou la dégradation des sites de reproduction et des aires de repos des animaux. Ces interdictions s’appliquent aux éléments physiques ou biologiques réputés nécessaires à la reproduction ou au repos de l’espèce considérée … ».
Effectifs et facteurs de menace
Le faucon crécerelle est en régression globale en Europe ; la population française a beaucoup diminué à partir des années 50. Elle a été évaluée de 72 500 à 101 000 couples lors de l’enquête nationale LPO sur les rapaces, menée entre 1999 et 2002. En Alsace, le faucon crécerelle est présent dans la plupart des communes alsaciennes : sa population est estimée à 2000 ou 3000 couples. Dans le massif vosgien, il chasse jusque sur les hautes-chaumes.
L’espèce est surtout menacée par l’intensification de l’agriculture, qui entraîne un appauvrissement général du milieu (habitat, nourriture, etc).
Etudes et protection
A l’occasion du lancement d’un nouvel inventaire national de l’espèce, le faucon crécerelle a été choisi par la LPO Alsace comme «Oiseau de l’année» en 1999.
Grâce à une couverture médiatique régionale et à une forte participation des ornithologues de la LPO Alsace et des naturalistes d’autres associations, l’enquête de recensement lancée dans le cadre de cette opération a mobilisé plus de 130 personnes, ornithologues confirmés et débutants, sur toute l'Alsace, totalisant ainsi 230 communes prospectées.
Vol en Saint-Esprit - Photo Fabrice Roubert
Près de 330 couples ont été dénombrés dans 183 communes. La densité en couples par km2 varie de 0,04 dans les Hautes-Vosges à 0,48 dans la commune de Strasbourg. L’espèce est bien représentée dans le Kochersberg (0,45 couples par km2) et dans le Sundgau (0,32 couple par km2). La population de l’ensemble de l’Alsace a pu être estimée entre 1417 et 1546 couples (de 862 à 950 couples dans le Bas-Rhin et de 555 à 596 dans le Haut-Rhin) à cette occasion. L'estimation a été revue à la hausse plus tard, lors de l'enquête nationale sur les rapaces nicheurs. Les supports des nids sont des arbres (54%), des bâtiments (26%) ou des pylônes électriques (15%). En moyenne, les nichées réussies contiennent 2,7 jeunes.
Les résultats complets de l’enquête sont présentés dans le n° 25 (2001), fascicule 1, de la revue CICONIA .
Outre la réalisation de cette enquête, la LPO Alsace a édité une plaquette de sensibilisation pour le grand public, avec l’aide du Conseil Général du Bas-Rhin et elle intervient régulièrement en faveur du faucon crécerelle. En période de reproduction, elle récupère et soigne notamment les jeunes tombés du nid (acheminés vers le centre de soins de Rosenwiller) et aide à la mise en place de nichoirs de substitution.
Laridés nicheurs (mouettes, goélands, sternes)
Présentation des espèces
Sur les sept espèces de laridés nicheurs répertoriées en Alsace, deux ont disparu consécutivement aux aménagements du Rhin (la sterne naine et la guifette noire au début du XXe siècle) et une n’a niché que temporairement (le goéland cendré de 1986 à 1991).
Parmi les quatre espèces nicheuses actuelles, seule la sterne pierregarin a niché de tous temps en Alsace. Les trois autres espèces sont d’installation récente dans notre région : 1966 pour la mouette rieuse (une tentative en 1962), 1982 pour le goéland leucophée (une tentative en 1977) et 1985 pour la mouette mélanocéphale.
Statut juridique et liste rouge
La mouette mélanocéphale est intégralement protégée en France, au même titre que la sterne pierregarin. Les deux espèces sont inscrites dans les Listes Rouges des espèces nicheuses alsaciennes et bénéficient du statut «Vulnérable».
La mouette rieuse et le goéland leucophée sont quant à eux partiellement protégés (article 2 de l'arrêté du 17/4/1981, annexe 2 de la Directive Oiseaux) ; la première fait partie de la Liste Rouge alsacienne en tant qu'espèce «Localisée», tandis que la deuxième est classée «Vulnérable».
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Effectifs
La mouette rieuse est de loin l’espèce la plus abondante : maximum de 5140 couples en 1996. Le goéland leucophée et la mouette mélanocéphale demeurent beaucoup plus rares, avec des pics respectifs de 57 couples en 2004 et de 36 couples en 1998. Mouette rieuse - Photo Marc Solari
Quant à la Sterne pierregarin, après une longue phase de régression (plus que 20 couples en 1976), elle a vu ses effectifs se rétablir progressivement, grâce à l’amélioration de la qualité des eaux du Rhin et grâce aussi à l’installation de plates-formes de nidification. Depuis 1986, son effectif fluctue entre 100 et 190 couples par an, avec un maximum de 192 couples en 2004. Cette espèce est utilisée comme bio-indicateur de la qualité des milieux rhénans dans le programme de suivi de la biodiversité faunistique en Alsace (programme SIBA), lancé en 2004 par l’association ODONAT, auquel collabore activement la LPO Alsace.
Facteurs de menace
Ces espèces nichent en colonies peu nombreuses et localisées, ce qui les rend extrêmement vulnérables à toute perturbation, qu’elle soit d’origine naturelle (salmonelloses fulgurantes, prédation) ou humaine (fauche de la végétation à des dates inadaptées, dérangements, pollutions accidentelles).
Etudes menées
Depuis 1976, la LPO Alsace organise annuellement le recensement des laridés nicheurs de la région. Des données antérieures, recueillies par des observateurs indépendants, existent depuis 1963. Un coordinateur répartit les bénévoles sur le terrain afin d’assurer la couverture de l’ensemble des sites favorables : cours du Rhin, plans d’eau et gravières des deux départements. Le décompte des mouettes et goélands a lieu le week-end le plus proche du 8 mai, lorsque le maximum de couples est installé et avant que trop de jeunes ne soient nés. Celui des sternes, dont l’installation est plus tardive, est effectué dans la première semaine de juin. Le même protocole est reconduit d’année en année, en veillant à provoquer le moins de perturbations possibles aux oiseaux : accès aux colonies par temps non pluvieux, le matin pour éviter les grosses chaleurs, en équipes de moins de 10 personnes et avec une durée de présence limitée à 2 ou 3 h. Le décompte des nids se fait par bandes d’une dizaine de mètres de large, délimitées par des cordelettes. Lorsque les colonies ne sont pas accessibles ou que les risques de dérangement sont trop importants (gravières ou radeaux à sternes), elles sont contrôlées à distance : il est alors procédé à un décompte des oiseaux couveurs.
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Sterne pierregarin - Photo Nicolas Buhrel La synthèse annuelle des résultats obtenus est présentée lors de la réunion d’automne du groupe scientifique de la LPO Alsace. Une analyse plus complète des résultats, sur la période 1976-1990, comprenant les données historiques antérieures, a par ailleurs été publiée dans la revue d’écologie régionale CICONIA («Historique et évolution récente du statut des Laridés nicheurs en Alsace» - CICONIA, 1990, 14 : 1-19).
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Des programmes de baguage complètent ce monitoring des colonies et permettent de mieux connaître la dispersion des jeunes après leur émancipation. Ce fut le cas pour les sternes pierregarins dans les années 1970 et des mouettes rieuses dans les années 1970 et 1980. Plus récemment, à partir de 1994, un programme de baguage coloré mené conjointement par la LPO Alsace et la Fachschaft für Ornithologie Südlicher Oberrhein a été entrepris sur les goélands leucophées (bague rouge avec code alpha-numérique blanc) et sur les mouettes mélanocéphales (d’abord bague bleue avec code alpha-numérique blanc de 1994 à 1998, puis bague verte de 1999 à 2005).
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Vos contacts :
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LPO Alsace : Christian Dronneau
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Actions de protection de la LPO
Le suivi régulier qui est organisé permet une connaissance très fine des exigences de chaque espèce et de l’état des populations. Il autorise des actions de protection particulièrement ciblées pour la sauvegarde des sites de reproduction.
Oies hivernantes
Présentation des espèces
Oie des moissons (ssp. rossicus) - Photo Jean-Marc Bronner
Trois espèces d'oies hivernent régulièrement en Alsace : l’oie des moissons, l’oie cendrée et l’oie rieuse.
La première a été de tout temps la plus abondante en Alsace. Les autres espèces européennes ne sont qu’occasionnelles, qu'il s'agisse de l’oie à bec court, de l’oie naine, de la bernache nonnette et de la bernache à cou roux.
Diverses espèces férales ou échappées de captivité complètent ce tableau : la bernache du Canada, l’oie à tête barrée, l’ouette d’Egypte et l’oie cygnoïde.
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Statut juridique et liste rouge
L’oie des moissons, l’oie rieuse et l’oie cendrée sont toutes les trois des espèces chassables (annexe 2 et/ou 3 de la Directive Oiseaux). Elles font partie de la Liste Rouge en France, mais pas en Alsace.
Etudes menées
Depuis l’hiver 1979-80, la LPO Alsace organise annuellement un recensement exhaustif des oies qui hivernent dans la région. Le réseau de bénévoles impliqué est différent de celui qui recense les autres oiseaux d’eau hivernants, car le cycle d’activité des oies n’est pas le même : elles ne fréquentent les plans d’eau que pour y passer la nuit. Le protocole de comptage est adapté à cette situation : contrôle des dortoirs le matin, au lever du jour et à distance respectable pour ne pas déranger les oiseaux. Les comptages aux dortoirs sont préférés à ceux effectués sur les lieux de pâture agricoles, car ils permettent une meilleure estimation de la population et offrent une très bonne fiabilité. Un coordinateur régional répartit les bénévoles sur le terrain afin d’assurer la couverture de l’ensemble des dortoirs fréquentés. Ils sont comptés simultanément, au milieu de chaque mois (le week-end le plus proche du 15), d’octobre à mars.
Une synthèse annuelle des résultats obtenus est présentée lors de la réunion de printemps du groupe scientifique de la LPO Alsace. Une analyse des résultats de la période 1979-1996 pour l’oie des moissons, comprenant les données historiques antérieures, a par ailleurs été publiée dans une revue nationale (Statut hivernal de l’Oie des moissons en Alsace. Alauda, 1998, 66 : 25-38).
Effectifs
Oies cendrées - Photo Jean-Marc BronnerLes dénombrements d’oies effectués en Alsace s’inscrivent dans le cadre du programme européen de suivi de l’hivernage des oiseaux d’eau organisé par Wetlands International, destiné à offrir une image précise de la situation de chaque espèce. L’oie des moissons est l’espèce la plus abondante en Alsace : son effectif moyen est de 1800 individus en janvier (calcul sur les 24 derniers hivers), ce qui représente aujourd’hui la plus importante population hivernante française (effectif moyen national de l’ordre de 2900 individus sur les 29 derniers hivers). L’oie cendrée est une hivernante beaucoup plus récente (à partir de la fin des années 1960), mais en augmentation régulière. L’hivernage proprement dit reste faible malgré tout, avec une moyenne de 161 individus seulement pour les 24 derniers hivers. Le pic d’effectif est atteint au passage, d’octobre à décembre (1000 à 2000 individus ces derniers hivers). L’oie rieuse est rare, le plus souvent mêlée aux troupes d'oies des moissons : 18 individus seulement en moyenne (24 derniers hivers) et rarement plus d’une centaine (record de 117 en janvier 2003).
Certaines espèces férales, comme la bernache du Canada et l’ouette d’Egypte, présentent des effectifs croissants : respectivement, de l’ordre de 200 et 50 individus en 2006.
Facteurs de menace
Oies rieuses - Photo Jean-Marc BronnerLes dérangements, sous leurs multiples formes (promeneurs ou circulation automobile sur les lieux de dortoir, engins agricoles ou chasseurs photos sur les lieux de pâture), sont les principaux facteurs de menace. Des récriminations pour dégâts causés aux cultures (céréales d’hiver, colza) ont été formulées localement. Elles ont été suivies d’installations spontanées de systèmes dissuasifs (banderoles d’aluminium ou tissus bougeant au vent), mais elles n’ont jamais abouti à la réalisation de tirs d’effarouchement.
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Actions de protection de la LPO
Les suivis fins réalisés sur les oies par la LPO Alsace, permettent d’apporter un argumentaire solide lors de l’établissement annuel des listes d’espèces protégées au sein des Conseils départementaux de la chasse et de la faune sauvage. Ils offrent aussi la possibilité de replacer les récriminations des exploitants agricoles sur d’éventuels dégâts aux cultures à leur juste place.
Le baguage des oiseaux
Pour quoi faire ? – Comment ? – Qui ? – Quelques chiffres – Vous trouvez un oiseau bagué
Devenir bagueur – Votre contact en Alsace
En ornithologie, de nombreuses recherches sont effectuées à partir d'observations et de comptages. Cependant, ces techniques ne permettent pas de suivre individuellement les oiseaux, ce qui est fondamental pour connaître notamment leur longévité et leurs déplacements. Le baguage reste à ce jour la technique la plus éprouvée pour assurer ce type de suivi sur un grand nombre d'individus.
Pour quoi faire ?
En suivant individuellement un grand nombre d’oiseaux, par baguage et contrôle, on pourra :
- étudier la dynamique de population, la fidélité au site et la longévité des individus,
- approfondir les voies et phénomènes liés aux migrations ou à l'hivernage,
-
recueillir des données biométriques sur les espèces,
-
acquérir des connaissances sur des espèces méconnues.
Localement, l’interprétation des données recueillies permet d’engager des actions de gestion favorables à la conservation des espèces et à leur diversité.
Comment ?Baguage de pie-grièche écorcheur - Photo Bertrand Scaar
Le baguage est effectué suivant des protocoles établis par le Centre de Recherches par le Baguage des Populations d'Oiseaux (CRBPO) :
- le programme STOC-capture (Suivi Temporel des Oiseaux Communs) est un suivi à long terme sur un même site en période de nidification.
Exemples d’espèces baguées à la Station de l’Ile du Rhin à Kembs : fauvette à tête noire, merle noir, grive musicienne, rougegorge familier, mésange charbonnière, mésange bleue, pouillot véloce…
- le programme SPOL (Suivi de Populations d’Oiseaux Locaux) est un suivi plus extensif sur certaines espèces. Exemples :
« Mangeoire » : mésanges, sittelles, moineaux, verdiers, pinsons.
« Halte migratoire » : rousserolles, locustelles, phragmites, bruants, gobemouches, pouillots.
- Enfin, il existe des baguages spécialisés par espèce dans le cadre de « programmes personnels ». En Alsace, c’est le cas pour la cigogne blanche, le cincle plongeur, le rossignol philomèle et la chevêche d'Athéna.
En général, les oiseaux sont capturés au filet, tendu entre deux perches. Ils sont d’abord identifiés. Le baguage intervient ensuite. La technique consiste à poser sur le tarse ou le tibia des oiseaux une bague métallique numérotée. Sur chaque bague sont gravés un numéro unique et les informations suffisantes pour permettre le rapatriement postal de la bague vers le centre émetteur de celle-ci. On détermine ensuite le sexe et l’âge. La masse et la longueur de l'aile pliée sont mesurées. L’oiseau est enfin relâché, vivant et en bonne santé. Le baguage, lorsqu’il est assuré par des personnes qualifiées, n’altère en rien le comportement des oiseaux.
L’ensemble des informations est informatisé et transmis au Muséum National d’Histoire Naturelle, à Paris.
C’est le CRBPO (Centre de Recherches par le Baguage des Populations d'Oiseaux) du Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris qui coordonne et organise le baguage en France.
Euring assure les échanges entre une quarantaine de centrales européennes.
Les équipes de terrain sont constituées de bagueurs bénévoles assermentés et de leurs collaborateurs. Ils collectent les données, les transmettent et, parfois, effectuent des recherches sur des thèmes personnels.
En Alsace, les stations de baguage sont implantées sur l’Ile du Rhin à Kembs, en Petite Camargue Alsacienne à Saint-Louis et dans le delta de la Sauer à Munchhausen, mais des opérations de baguage sont effectuées sur d’autres sites avec l’autorisation du propriétaire.
Baguage de rousserolle effarvatte - Photo Bertrand Scaar
En France, le baguage existe depuis 1911. A ce jour, plus de 6 300 000 oiseaux ont été bagués. Le flux annuel est de l'ordre de 100 000 données de baguage nouvelles, 5000 données de reprise (oiseaux bagués trouvés morts) et de plusieurs dizaines de milliers de contrôles (oiseaux recapturés et relâchés porteurs de leur bague).
Toutes les données récentes sont informatisées et les données anciennes sont en cours de saisie.
En Alsace :
Station de l’Au, en Petite Camargue Alsacienne
Entre 1983, date de la création de la station, et 2012, le nombre d’oiseaux bagués concerne 70 592 individus de 118 espèces. Actuellement, environ 7000 individus sont bagués et 1500 contrôlés chaque année.
Accéder au site web du baguage à la Petite Camargue Alsacienne .
Exemples pour 2012 :
- Fauvette Ă tĂŞte noire : 934
- Mésange charbonnière : 797
- Mésange bleue : 768
- Rousserolle effarvatte : 652
- Verdier d'Europe : 499
- Bruant des roseaux : 492
- Rougegorge familier : 281
- Moineau friquet : 214
- Hirondelle rustique : 187
- Gobemouche noir : 148
- Merle noir : 129
- Pouillot véloce : 102
- Accenteur mouchet : 44
- Caille des blés : 86
- Mésange à longue queue : 69
Station ornithologique de Kembs
La station ornithologique de Kembs, créée en 1967, est l’une des plus anciennes de France. De nombreuses espèces d’oiseaux (jusqu’à 67) y ont été baguées jusqu’en 1992, date à laquelle le programme national supervisé par le CRBPO s’est interrompu. Actuellement un programme STOC-capture y est tenu au printemps et une semaine de stage y est organisée en fin d'été. Les espèces les plus communes contactées sont la fauvette à tête noire, le rougegorge familier, le pouillot véloce et le merle noir. D’autres espèces sont en forte régression : le loriot d’Europe, le rossignol philomèle, la rousserolle effarvate, le grosbec casse-noyaux, le troglodyte mignon, l’accenteur mouchet, et les grives musiciennes et litornes.
Baguage d'une marouette ponctuée - Photo Paul Koenig
Station ornithologique de Munchhausen
Les opérations de baguage dans le delta de la Sauer ont débuté en 1972 et la station ornithologique a été construite en 1974. Depuis, plusieurs dizaines de milliers d'oiseaux ont été bagués.
En 2012, la station ornithologique de Munchhausen a augmenté le nombre de programmes avec un site de mangeoire supplémentaire ainsi qu’un essai sur le suivi de la chouette chevêche dans un secteur du Bas-Rhin.
Le site de mangeoire supplémentaire a été installé en pleine ville de Strasbourg mais les résultats ont été très décevants. Entouré de très grands arbres, il ne permet pas véritablement les captures près du sol, les oiseaux passant aisément au-dessus des filets. Ce site a été abandonné en 2013.
Les 3 autres mangeoires situées dans et à proximité de la forêt de Haguenau ont été un grand succès avec un nombre important de captures. Nous espérons pouvoir continuer cette activité grâce à la collaboration d’un de nos bagueurs, en formation, habitant près des sites.
L’essai du marquage des chevêches a été un succès et une demande d’extension du programme personnel de B. Scaar dans le Haut-Rhin a été acceptée pour le Bas-Rhin. La responsabilité du baguage dans ce département incombe donc à la station de Munchhausen.
La halte migratoire en automne a à nouveau été un succès avec 2700 oiseaux capturés en à peine un mois. Le programme pour 2013 a déjà été arrêté et cette opération aura lieu du 1er août au 15 septembre. Nous invitons les membres de la LPO Alsace à venir y participer (contact ci-dessous).
Le programme STOC-SPOL en forêt de Haguenau arrive maintenant dans sa 4e année et a commencé dès le mois de mars.
Pour ce qui est du programme SPOL (programme personnel sur le gobemouche noir) nous sommes en réflexion quant à sa faisabilité pour les temps à venir.
Les chiffres du baguage en 2013 :
Programme | Baguages | ContrĂ´les | Totaux |
CHEVECHE D'ATHENA | 43 | 2 | 45 |
HALTE MIGRATOIRE | 2636 | 64 | 2700 |
MANGEOIRE | 868 | 187 | 1055 |
SPOL | 794 | 47 | 841 |
STOC-SPOL | 193 | 28 | 221 |
| 4534 | 328 | 4862 |
Les coordonnées de la Station Ornithologique de Munchhausen :
Contact
42 rue du Rhin 67470 MUNCHHAUSEN
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http://ornimunch.blogspot.fr
Paul Koenig
Tél. : 06 83 28 31 56
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Vous trouvez un oiseau bagué :
Si l'oiseau est vivant, laissez la bague en place. Relevez précisément toutes les inscriptions qui s’y trouvent. Informez la LPO Alsace en indiquant le lieu, la date, les circonstances de la découverte, et vos coordonnées complètes
Si l’oiseau est mort, envoyez la bague dans une enveloppe avec toutes les précisions nécessaires (cause présumée de la mort, espèce, date, lieu…) au siège de la LPO Alsace à Strasbourg.
La capture d'animaux sauvages est interdite par la loi. Le baguage nécessite donc une dérogation délivrée par le CRBPO (dite 'autorisation de capture' ou 'permis de baguer'). Les compétences nécessaires à l'obtention de cette dérogation ne peuvent s'acquérir que par la pratique sous la direction d'un bagueur assermenté. Il faut donc soit participer à des stages de baguage, soit contacter le CRBPO.
Un candidat au statut de bagueur doit parfaitement maîtriser :
- les techniques de capture et de manipulation des oiseaux,
- l'identification de l'espèce, du sexe et de l'âge des oiseaux d'Europe,
- la prise de mesures biométriques (poids, longueur de l'aile pliée,…),
- la restitution informatisée de l'ensemble des informations collectées lors du baguage
L'autorisation obtenue est valable un an et reconductible sous réserve que le bagueur ait respecté la charte du bagueur, établie par le CRBPO.
Stages ornithologiques en Petite Camargue Alsacienne
Pour de plus amples renseignements sur le baguage en France : CRBPO
CRBPO - Henri Jenn
Délégué régional
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Station Ornithologique de l'Au - Petite Camargue Alsacienne :
Bertrand Scaar
Tél. : 03 89 67 28 51
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http://scaar.bertrand.perso.neuf.fr/ornis
Station Ornithologique de Munchhausen :
Contact
42 rue du Rhin 67470 MUNCHHAUSEN
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http://ornimunch.blogspot.fr
Actions particulières
Ci-dessous, les actions particulières menées par la LPO Alsace.
Actions par espèce
Ci-dessous, les espèces pour lesquelles des plans d'actions sont suivis par la LPO Alsace
Trame verte et bleue
La LPO Alsace, ses partenaires allemand - Naturschutzbund Baden-Würtemberg (NABU) - et suisse - Schweitzer Vogelschtutz (SVS) – ont depuis 2005 mis en place un programme trianational de « préservation des vergers et de la biodiversité associée », soutenu par les instances européennes : le fonds INTERREG. L’espèce phare de ce projet est la chevêche d’Athena (chouette chevêche).